(Mont-Tremblant) Tous voisins dans le même immeuble à Montréal, les Dufour-Lapointe ne se sont pas vus pendant les Fêtes, confinement oblige. Le déballage des cadeaux s’est fait de façon virtuelle, chacun dans son logement.

La Coupe du monde de Mont-Tremblant a donc tenu lieu de retrouvailles pour les parents et leurs trois filles, vendredi.

Après une petite accolade qui a semblé leur faire le plus grand bien, les deux plus jeunes, Chloé et Justine, ont poursuivi leur quête vers les Jeux olympiques de Pékin. Médaillée d’argent en 2014, Chloé vise une quatrième participation. Médaillée d’or en 2014 et d’argent en 2018, Justine se dirige, elle, vers ses troisièmes JO.

Ce n’est pas assez pour crier victoire, mais elles ont fait un pas dans la bonne direction vendredi. Surtout Justine, qui a terminé neuvième, de loin son meilleur résultat de l’hiver en simple.

« On a eu des derniers mois hyperdifficiles, a témoigné Justine. Physiquement, mentalement, de vivre tout ça. En arrivant ici, je me suis juste dit : je n’ai pas envie de lâcher prise, je n’ai pas envie d’abandonner. Je vais continuer de me battre jusqu’à la fin. Même si c’est dur, même si ce n’est pas encore parfait comme je le veux, je ne lâche pas. Je le sais que je suis capable de le faire. Je l’ai en moi, cette descente. »

En finale 1, la cadette des sœurs a réalisé un saut d’une amplitude qui l’a un peu surprise en haut de parcours, ce qui l’a fait atterrir « sur les talons ». Cette erreur lui a fait mal, mais ne l’a pas empêchée de poursuivre sa descente avec un grand dynamisme.

En traversant la ligne, l’athlète de 27 ans a serré un poing et lâché un petit cri de satisfaction. En attendant les notes, elle souriait comme à ses beaux jours, ceux qui lui ont permis de monter près de 50 fois sur le podium en Coupe du monde.

« Quand je suis arrivée en bas, on dirait que j’avais déjà oublié ma descente. Je ne savais même pas ce que j’avais fait de bien ou de mal. C’est ce que j’aime de ma performance présentement. Je suis vraiment présente. Je me donne à fond, et ça vient avec des risques. […] J’aime partager ma fierté. »

Même si j’ai commis une erreur, le reste était vraiment bien. Mon ski était exactement comme je le voulais.

Justine Dufour-Lapointe

Chloé, elle, regrettait un déséquilibre à l’atterrissage du deuxième saut qui l’a fait dégringoler au 14e rang, elle qui avait conclu les qualifications au septième échelon.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Chloé Dufour-Lapointe, vendredi, à Tremblant

« Devant le deuxième saut, mon choix était : je ralentis comme je suis habituée – ma zone de confort – ou j’y vais à fond. J’ai décidé d’y aller à fond. Je pense que j’ai mal estimé la hauteur que j’allais prendre. Mais je suis fière de moi. Je suis fière d’avoir poussé. Je veux rentrer dans le top 6. C’est en faisant des descentes comme ça que je vais y arriver. C’est une grosse dose de confiance que j’ai eue aujourd’hui. »

Deuxième en âge parmi les 40 compétitrices, Chloé, 30 ans, trace donc un « bilan positif même si le résultat n’est pas ce [qu’elle] espérai[t] » : « C’est vraiment des grains de sel rendu là. Du dosage. » Ce troisième résultat parmi les 16 meilleures depuis l’hiver dernier lui permet également de grimper d’un niveau dans le processus de sélection olympique.

Cap sur ce samedi

En qualifications le matin, les skieuses ont dû composer avec une interruption d’une bonne heure en raison d’un épais brouillard, ce qui a forcé les organisateurs à condenser le programme du reste de la journée.

Ce changement n’a pas nui à Anri Kawamura, prodige japonais de 17 ans qui a signé sa deuxième victoire en Coupe du monde après celle d’Idre Fjäll, le mois dernier. Elle a battu la Française Perrine Laffont, championne olympique et mondiale en titre qui avait remporté les deux épreuves précédentes à Tremblant. L’Américaine Tess Johnson a complété le podium, son deuxième de la saison.

À la recherche d’une première médaille depuis près de deux ans, Justine Dufour-Lapointe souhaite se mêler à la bataille pour la deuxième compétition, ce samedi.

« Il me reste encore quelques détails à régler pour avoir un cork parfait, atterri dans les bottes. C’est là que cette descente va être vraiment payante. J’ai très confiance que je serai capable de le faire demain [samedi]. »