(Mont-Tremblant) Mikaël Kingsbury a prévu voir sa copine après la première des deux épreuves à la Coupe du monde de bosses de Tremblant, vendredi. Leur rencontre se limitera à une promenade dans le village, chacun portant un masque.

À trois semaines du départ pour les Jeux olympiques de Pékin, il n’y a évidemment aucune chance à prendre. « C’est moi qui demande ça, a-t-il noté après son entraînement, jeudi après-midi. Je n’ai pas le choix. Je ne veux pas qu’elle s’enferme toute seule chez elle pour qu’elle puisse me voir deux jours. […] On n’a plus 20 ans. Je vais la voir dans le village, c’est ben cool. Elle sait dans quoi on s’est embarqués. Elle veut vraiment que je sois en haut de la piste. Je veux vraiment être en haut de la piste. Ça fait partie du jeu. »

Comme le dit Kingsbury, « on arrive bientôt au point de non-retour ». « Je ne peux pas [être déclaré] positif à partir de presque maintenant. »

Déjà isolée dans sa bulle, l’équipe canadienne de bosses a ajouté une couche de sécurité autour de sa grande vedette et principal prétendant à une médaille olympique. En gros, il est dans sa propre bulle.

Il vit isolé dans sa chambre d’hôtel, celle-là même où il logeait, lors de sa victoire à la dernière épreuve disputée à Tremblant, il y a deux ans. Il y prend tous ses repas, y effectue son échauffement et son conditionnement physique. Les deux seules personnes qu’il rencontre, avec un masque, sont son entraîneur Michel Hamelin et son préparateur physique et ostéopathe, eux-mêmes isolés.

« Ce qui est poche là-dedans, c’est que je suis déjà qualifié. Normalement, c’est le fun à ce moment-ci. Tu peux juste te concentrer sur les choses que tu veux faire sur la piste en vue des Jeux. C’est un peu ça qui se passe, mais c’est stressant. Tu veux faire confiance à ton monde proche. En même temps, tu ne veux pas les empêcher de vivre pour toi. »

C’est la fois où j’ai le plus peur d’attraper la COVID-19. Je ne crains pas l’avoir moi-même parce que je suis en santé. J’ai plus peur de l’avoir et de ne pas pouvoir aller aux Jeux. Je fais donc extrêmement attention.

Mikaël Kingsbury, skieur de bosses

Kingsbury tue le temps en jouant sur sa console de jeu vidéo et en communiquant avec les siens virtuellement sur son cellulaire.

Toujours aussi motivé en piste, l’athlète de 29 ans convient que les dernières semaines ont été dures pour le moral. Il ne se verrait pas faire un autre cycle de quatre ans dans ces conditions.

« J’adore ce que je fais, mais je suis un peu tanné. Je trouve ça lourd d’avoir à faire autant de tests, de manquer des parties de ma vie. J’ai de petites nièces que je n’ai pas la chance de voir autant. Elles vont à la garderie. C’est plus risqué. »

En confiance

À la veille de la compétition, Kingsbury semble déborder de confiance pour les deux épreuves de Tremblant. À la dernière descente de l’entraînement, il a trouvé une nouvelle ligne qu’il adoptera pour la course ce vendredi. « Si je suis capable de répéter ça demain [vendredi], je vais être dur à battre. »

Deuxième au classement général derrière le Japonais Ikuma Horishima, le Canadien a l’intention de reprendre le maillot jaune de meneur. Sa huitième place en Suède, son pire résultat en plus de 10 ans en simple, et sa troisième position à l’Alpe d’Huez, où il a commis une faute inhabituelle, ne l’ont pas ébranlé.

« Oui, j’ai échappé ma super finale, mais je pense que j’étais quand même le meilleur skieur dans la piste. Le lendemain, je l’ai prouvé [en l’emportant en parallèle]. Ce n’est pas nécessairement de grosses erreurs qui font en sorte que je me remets en doute. J’aime mieux commettre ces erreurs à ce moment-là. J’ai appris. En fin de semaine, je ne devrais pas faire ça… »

Après les étapes québécoises, le skieur de Deux-Montagnes s’envolera pour l’Utah en vue des deux dernières épreuves de la Coupe du monde avant les JO. L’idée de les rater pour éviter les risques de contracter la COVID-19 ne semble pas lui avoir effleuré l’esprit.

« J’ai confiance : ça prend un test négatif pour prendre l’avion pour pas mal tous les voyageurs. Dans un avion, tu t’assois, tu mets ton masque, tu te mets des gants et tu désinfectes tout ce qui est autour de toi. Tu dors, that’s it, that’s all. Tu fais juste ne pas répéter ce que les influenceurs ont fait ! »

En voilà un qui ne risque pas de se faire traiter de sans-dessein par le premier ministre.