(Lac-Beauport) Marion Thénault, la meilleure Canadienne en sauts acrobatiques, est soulagée que la Coupe du monde se tienne ce mercredi au centre de ski Le Relais. Jusqu’à la dernière minute, elle a craint que le variant Omicron ait raison de l’évènement.

Ses amis et sa famille, qui devaient se déplacer en grand nombre de Sherbrooke vers Lac-Beauport, devront toutefois regarder la compétition à la télévision.

« Tout le monde sait que je fais ce sport, mais personne ne me voit jamais en vrai », dit l’athlète de 21 ans, déçue, mais reconnaissante de pouvoir compétitionner dans les circonstances.

Celle qui a été nommée recrue de l’année, la saison dernière, a terminé son entraînement mardi sur les sauts qui ont été aménagés exprès pour la Coupe du monde, de retour au Relais après 27 ans. Ce ne sont toutefois pas les structures qui lui ont donné du fil à retordre, mais le froid et la neige des derniers jours.

« C’est quand même un défi de sauter quand il fait froid. Mais au moins, on nous donne du bouillon de poulet en bas de la piste et on a des tentes avec des feux à l’intérieur pour nous garder au chaud. Mais ça fait partie du sport. J’ai choisi un sport d’hiver ! », s’esclaffe la pétillante athlète.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Marion Thénault

Celle qui distribue du bouillon de poulet au bas de la pente, c’est la mère d’Émile Nadeau, un espoir québécois qui est en bonne posture pour se qualifier en vue des Jeux olympiques de Pékin.

Quand les organisateurs ont annoncé, le 22 décembre dernier, que l’évènement se tiendrait sans spectateurs, de nombreux parents d’athlètes se sont enrôlés comme bénévoles pour assister à la compétition. Les pères de Lewis Irving et d’Émile Nadeau travaillent la neige à l’atterrissage des sauts, et la sœur de Miha Lafontaine est ouvreuse de piste.

Émile Nadeau, 17 ans, a d’ailleurs pris une journée de pause mardi, à la veille de la Coupe du monde.

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Émile Nadeau

« Entre Noël et le jour de l’An, on a eu l’avantage de sauter avant l’arrivée des autres pays. Notre période d’adaptation s’est terminée alors que les autres athlètes arrivaient. Je peux me permettre cette journée de repos, ce que les autres pays ne peuvent pas faire », explique-t-il, son gobelet de bouillon dans les mains.

Les athlètes de la Russie et de la Biélorussie ont décidé de passer leur tour pour la Coupe du monde de Lac-Beauport. Les États-Unis, eux, n’ont pas envoyé leurs meilleurs athlètes pour éviter qu’ils contractent la COVID-19 à quatre semaines des Jeux. Neuf autres pays, en plus du Canada, sont tout de même présents au Relais.

De grandes ambitions

Les athlètes québécois ont de grandes ambitions pour la compétition de ce mercredi.

Marion Thénault, qui occupe le deuxième rang mondial du classement provisoire menant aux Olympiques, vise un podium. Elle compte effectuer un double périlleux arrière avec deux vrilles en qualifications et en finales, puis un double périlleux arrière avec trois vrilles si elle atteint les super finales.

Émile Nadeau et Miha Fontaine, fils de l’ex-champion du monde Nicolas Fontaine, vont pour leur part tenter un triple périlleux arrière (le premier en position tendue, deux vrilles au deuxième et une vrille dans la dernière rotation), une première en compétition pour les deux athlètes.

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Miha Fontaine

« Ce n’est peut-être pas le degré de difficulté pour gagner la Coupe du monde, mais ils sont encore dans un processus de développement », souligne Nicolas Fontaine, entraîneur-chef de l’équipe du Québec.

Il y a une dizaine d’années, l’équipe québécoise a pris un virage, explique-t-il. Elle a décidé de se donner plus de temps pour développer les athlètes et ainsi réduire le nombre de blessures.

« Mais là, on réalise que nos jeunes ont de meilleures bases et ils sont finalement prêts à essayer des triples vrilles à 18 ans alors qu’on entrevoyait ça vers 20 ans », explique Nicolas Fontaine, qui a hâte de voir ses protégés à l’œuvre ce mercredi.

Avec ce nouveau saut, Émile Nadeau souhaite atteindre le top 8, ce qui lui garantirait presque à coup sûr un billet vers Pékin. Miha Fontaine, lui, veut simplement réussir l’exécution et l’atterrissage de son saut. Ce serait le plus beau des cadeaux d’anniversaire pour celui qui a eu 18 ans lundi.