Gregor Jelonek a lancé un message à son groupe avant de pénétrer dans la bulle des Pays-Bas : les embûches des derniers mois ne serviront pas d’excuse.

« Je ne dirais pas qu’on est arrivés en conquérants, mais on avait un esprit combatif », a résumé l’entraîneur-chef du centre national Gaétan-Boucher.

Laurent Dubreuil l’a pris au mot. Après un premier podium la semaine dernière, le patineur de vitesse de Lévis en a ajouté trois à la deuxième étape de la Coupe du monde d’Heerenveen, samedi et dimanche.

« Au-delà de mes attentes ? Assurément, a admis Dubreuil à son retour à l’hôtel. Dans mes rêves les plus fous, ça ressemblait un peu à ça. »

Médaillé d’argent au 500 m samedi, l’athlète de 28 ans a terminé troisième dimanche. Auteur d’un temps de 34,594 secondes, il a été devancé de justesse par les Néerlandais Ronald Mulder (34,555 s) et Hein Otterspeer (34,590 s).

PHOTO VINCENT JANNINK, ANP

Ronald Mulder

Trois heures plus tard, il est remonté sur la troisième marche du podium au 1000 m, battu par la dernière paire de patineurs, les Néerlandais Kai Verbij et Thomas Krol, respectivement médaillés d’or et d’argent.

« J’y croyais dans le sens où mes jambes étaient vraiment bonnes. Si la transition technique se faisait rapidement sur la glace, je savais que je serais capable de bien faire. En même temps, je ne pouvais pas m’attendre à quelque chose d’aussi fou. On a tellement peu patiné, tellement eu des conditions difficiles. »

L’équipe complète a été très rapide. Mais ce que j’ai fait personnellement, j’en suis un peu surpris, en effet.

Laurent Dubreuil

Dubreuil avait bâti sa confiance à la fin de la dernière saison, accumulant les médailles en Coupe du monde, aux Championnats du monde par distance et aux Mondiaux sprint, où il a pris le deuxième rang au classement cumulatif.

La pandémie a évidemment bousculé toute sa préparation. Pendant des mois, les séances virtuelles ont remplacé les visites en salle de musculation. Sur les réseaux sociaux, on l’a même vu faire des push-up avec une veste lestée, sous l’œil intrigué de Rose, sa fille de 1 an. Le préparateur physique Jonathan Pelletier-Ouellet avait manifestement un client motivé.

Comme si les consignes sanitaires n’étaient pas suffisantes, l’Ovale olympique de Calgary, où Dubreuil s’était rendu en août, a cessé de fonctionner. Toute l’équipe canadienne a dû attendre trois mois avant de renouer avec un anneau de 400 mètres, à Fort St. John, littéralement à l’autre du bout du pays pour les Québécois.

L’expérience devait être répétée avant Noël, mais la deuxième vague de COVID-19 a eu raison du projet. Heureusement, Dubreuil a pu exercer ses départs à l’aréna de Saint-Étienne-de-Lauzon.

« Je pense qu’il n’en a manqué aucun au niveau de l’exécution, a noté Jelonek. Ça aussi, ça met en confiance. »

« En accéléré »

Bref, les Canadiens ont débarqué au Thialf d’Heerenveen, il y a trois semaines, à froid ou presque. Pour faire face à des rivaux qui ont pu poursuivre l’entraînement sur glace et, surtout, les compétitions.

Dubreuil, un véritable naturel sur deux lames, a retrouvé sa fluidité assez facilement.

« De façon générale, ça prend plus de temps pour se remettre dans le coup. Mais on a été forcés de faire ça en accéléré de façon extrême. Je ne doutais pas que j’étais capable de faire ça. C’est un défi, et les défis, ça me motive. »

Malgré tout, il a très hâte de retrouver un environnement d’entraînement plus normal, idéalement au Centre de glaces de Québec, qui doit ouvrir en septembre aux dernières nouvelles.

« J’aurai besoin de patiner beaucoup plus l’an prochain. J’ai 28 ans, je suis dans l’équipe nationale depuis 2010, j’ai beaucoup de patin dans le corps. Mais pour les jeunes, c’est atroce.

« Je pense à nos juniors en ce moment. Ou à un gars comme David La Rue, qui a commencé en Coupe du monde il y a deux ans. Il va patiner deux semaines cette année. Des gens comme ça, il y en a plein à la maison. C’est difficile. »

Place aux Mondiaux

Au 500 m, Dubreuil conclut la saison de Coupe du monde au deuxième rang du classement cumulatif grâce à ses trois podiums en quatre départs.

Sans une malchance la semaine dernière – il a dû reprendre sa course après avoir été ennuyé par la chute de son adversaire –, il aurait pu chauffer ou devancer le premier, le Néerlandais Dai Dai N’tab, sixième dimanche. Au 1000 m, il aboutit au quatrième échelon (9e et 3e).

De quoi aborder les Championnats du monde, présentés au même endroit dans deux semaines, gonflé à bloc. « Le but principal reste de gagner des médailles aux Championnats du monde. C’est un objectif plus réaliste que jamais. Mais si je manque complètement mon coup, ma saison est déjà un succès. »

Alex Boisvert-Lacroix a pris le 14e rang au 500 m après s’être étiré un muscle à la cuisse droite.

« J’avais peur de me blesser davantage, alors j’ai retenu la pression que je mettais dans mes pas, a-t-il expliqué à Sportcom. J’ai fait la course à 90 % de mon intensité. »

Médaillée d’or vendredi à la poursuite par équipes, Valérie Maltais a puisé dans ses dernières réserves pour se classer 13e au 3000 m. Béatrice Lamarche, 22 ans, a fini 14e au 1000 m et 24e au 500 m.