Épargné par la vague de COVID-19 qui a balayé l’équipe canadienne, dont Maxence Parrot, le planchiste Sébastien Toutant a bien hâte de s’élancer aux X Games à Aspen

Avec Sébastien Toutant, Maxence Parrot et Mark McMorris, le Canada comptait sur une force de frappe inégalée en planche à neige masculine aux X Games, présentés de vendredi à dimanche à Aspen.

Le trio a totalisé 39 médailles depuis 2011 dans les différentes compétitions X Games d’hiver, dont 19 d’or. McMorris revendique 20 podiums à lui seul, deux de plus que le légendaire Shaun White, qui effectue un retour attendu cette année en demi-lune.

La COVID-19 est encore venue plomber les plans de l’équipe canadienne. Après McMorris, qui a annoncé son test positif lundi, Parrot a dû faire une croix sur l’évènement par excellence en sports extrêmes à cause du nouveau coronavirus.

Le planchiste de Bromont, inscrit en grand saut et en descente acrobatique (slopestyle), devait s’envoler mardi pour le Colorado. Mais un résultat positif à la COVID-19 a contrecarré ses plans. Asymptomatique, il a passé avec succès un autre test dans les 24 à 48 heures suivant le premier. Toujours en attente du résultat d’un troisième test de dépistage, il a préféré jouer de prudence et déclarer forfait.

« Bien entendu, je suis extrêmement déçu de rater les X Games », a dit Parrot, tenant du titre en grand saut à Aspen, dans un communiqué publié jeudi par son agente.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

Maxence Parrot ne sera pas des X Games.

Compte tenu des circonstances actuelles de la pandémie, c’était la bonne décision à prendre.

Maxence Parrot

Selon les explications transmises à Parrot, il est possible de recevoir un premier diagnostic « faiblement positif », sans avoir de symptômes, suivi d’un autre négatif. Cette différence dans les résultats pourrait signifier qu’il a déjà eu la maladie, mais qu’il en serait maintenant guéri.

« J’ai eu plusieurs discussions avec Santé Canada et les organisateurs des X Games, et même si c’est une situation ambiguë, il a été convenu qu’il était plus prudent pour moi de rester à la maison afin d’assurer la sécurité de tous », a-t-il ajouté.

Faire cavalier seul

Cette mésaventure survient une semaine après que toute l’équipe masculine canadienne de descente acrobatique eut raté le Laax Open, épreuve de Coupe du monde en Suisse, à la suite de deux cas positifs dans la délégation. La planchiste Laurie Blouin, partante en grand saut et en descente acrobatique aux X Games, avait indiqué à La Presse Canadienne que les personnes infectées étaient le compétiteur Liam Brearley et un vidéaste qui suivait McMorris.

« C’est vraiment une situation difficile », a confié Toutant, seul rescapé du trio de choc canadien, joint à Aspen jeudi. « Ça fait longtemps qu’on est là-dedans [la pandémie], mais tout ce qui est compétition et voyagement, c’est très compliqué. C’est vraiment plate, ce qui s’est passé pour Mark et Max. Je me considère chanceux d’être ici présentement et de continuer d’avoir des tests négatifs. »

Après avoir raté la finale en grand saut à la Coupe du monde de Kreischberg (15e), où Parrot s’est imposé, Toutant espérait rebondir la semaine suivante au Laax Open. Le matin des qualifications, il s’apprêtait à partir de son lieu de résidence quand il a reçu un texto lui ordonnant de ne pas bouger. Quelques heures plus tard, il a appris que l’organisation excluait toute l’équipe canadienne.

« Ils voulaient protéger l’évènement et c’est correct. Mais je n’avais eu aucun contact avec les personnes positives. J’avais eu plusieurs tests négatifs dans les deux semaines précédentes. Je trouvais ça un peu plate que l’évènement nous traite comme une équipe de hockey. Ça reste un sport individuel. Oui, on est dans l’équipe du Canada, mais on est dans notre propre bulle, chacun de notre côté. »

Les autorités suisses ont demandé à l’équipe de se placer en quarantaine pour 10 jours. Pour Toutant, il n’était pas question de rater les X Games. De son propre chef, il a donc acheté un billet d’avion pour rentrer à Montréal le plus tôt possible.

L’équipe canadienne n’était pas super contente que je décide de m’en aller, mais je connais mes droits et je sais que c’était légal. Je n’avais eu aucun contact avec les personnes positives, j’avais un test négatif, je respectais les normes pour pouvoir voyager.

Sébastien Toutant

Le champion olympique de grand saut estime avoir subi une douzaine de tests de dépistage ce mois-ci. « On doit être parmi les personnes qui se font le plus tester dans le monde présentement. Si j’étais positif, je le saurais, même si je n’ai pas de symptômes. Oui, voyager, c’est dangereux et ce n’est vraiment pas recommandé en ce moment. Mais pour faire notre job, on se fait tester tous les deux jours. Je ne pourrais pas avoir 12 faux négatifs d’affilée dans les dernières semaines. »

Une descente risquée

À Aspen, il vit seul dans un condo et garde ses distances avec les autres compétiteurs à la montagne, où il porte le masque réglementaire en tout temps, même en piste.

« Les masques qu’ils nous fournissent sont très hermétiques. Je le sens même dans le télésiège où je dois reprendre mon souffle. Avec l’altitude, on n’a pas la même quantité d’air qui entre. Ça montre qu’ils fonctionnent. »

Invité seulement en descente acrobatique, avec une limite de 10 participants par épreuve, Toutant pourrait obtenir un départ en grand saut à la suite du désistement de Parrot.

« Pour le moment, je me concentre sur ma descente en slopestyle », dit celui qui s’est cassé trois côtes lors d’une chute en qualifications l’an dernier. « Il n’y a pas de demi-finales cette année, ce qui change un peu la donne. Je pratique donc la descente, qui devrait me placer en bonne position si j’atterris mes sauts. Ça me donne aussi plus de temps pour la personnaliser. »

À l’entraînement, l’athlète de 28 ans a découvert une nouveauté en fin de parcours : deux sauts incontournables sur une rampe de côté, l’un à gauche, l’autre à droite, ce qui devrait pimenter le concours. Il a pu s’exercer sur ce type de saut (un « side hit ») lors d’un stage à Calgary avant le début de la saison.

« La run que j’ai en tête est assez risquée, a-t-il dévoilé. D’un autre côté, ça va être difficile d’atterrir de grosses descentes parce que c’est nouveau pour tout le monde. Ma descente a de bonnes variantes. Il y a ce qu’il faut pour faire un podium et même gagner. »

L’évènement, présenté sans spectateurs, sera diffusé en partie sur ABC samedi (de 13 h à 18 h, dont la descente acrobatique masculine en planche à neige) et dimanche (de 13 h à 15 h). Le skieur québécois Alex Beaulieu-Marchand, médaillé de bronze olympique à PyeongChang, s’alignera en descente acrobatique masculine dimanche.

Une qualification olympique à revoir

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Sébastien Toutant, Mark McMorris et Maxence Parrot

Avec la non-participation des Canadiens au Laax Open, l’annulation des Mondiaux de Calgary et l’absence de Maxence Parrot et de Mark McMorris aux X Games, le processus de sélection olympique pour Pékin se transforme en « flop un peu », constate Sébastien Toutant.

« C’est une situation unique. L’équipe canadienne n’aura pas le choix de réajuster la façon de se qualifier pour les prochains Jeux pour que ce soit juste pour tout le monde, a indiqué le planchiste de 28 ans. Ça ne me stresse pas vraiment. Je suis choyé de faire une dernière compétition ici aux X Games. Je me concentre là-dessus. »