Miha Fontaine est de cette nouvelle génération de skieurs acrobatiques qui peuvent se débrouiller autant en sauts qu’en bosses. À 15 ans, il sait toutefois qu’il ne pourra pas échapper encore longtemps à son hérédité.

Il est le fils de Nicolas Fontaine, une légende des sauts, et montre depuis son plus jeune âge des dons exceptionnels pour cette discipline. Champion canadien junior, il a été sélectionné l’hiver dernier pour se joindre à l’équipe des Championnats du monde seniors. On devrait le voir bientôt en Coupe du monde et, qui sait, aux Jeux olympiques dès 2022.

« Je n’ai jamais vraiment vu autre chose, raconte-t-il. Plus jeune, j’ai joué au hockey, mais c’est le ski qui m’a toujours passionné. Je fais aussi un peu de snowboard, un peu de vélo de montagne, mais c’est davantage pour compléter, dans mes temps libres. »

Entre les études et l’entraînement sur la neige, Miha est d’ailleurs déjà très pris par sa préparation. « C’est beaucoup de travail en musculation, sur le trampoline, sur les rampes d’eau aussi, explique-t-il. Et c’est évident que la répétition des gestes, des sauts, aide beaucoup.

« À mesure que je progresse, j’ai l’impression que ça devient de plus en plus facile. Je n’ai pas l’impression que je dois travailler deux fois plus dur qu’avant et c’est une des raisons pour lesquelles je m’amuse autant. »

PHOTO ERICK LABBÉ, ARCHIVES LE SOLEIL

Nicolas Fontaine, légende des sauts à ski, et son fils Miha

Fils d’une légende

Bien difficile de ne pas s’inspirer d’un père qui a dominé sa discipline pendant plusieurs années à la fin des années 90, mais Miha explique qu’il admire tous les champions du passé : « Mon père m’a beaucoup influencé, bien sûr, mais chaque grand skieur avait son style, ses qualités, et j’essaie de prendre le meilleur de tous ces champions pour développer mon propre style.

« Parmi les skieurs actuels, c’est évident que les Chinois, les Russes et les Biélorusses ont une coche d’avance sur les autres. Ils s’entraînent comme s’ils étaient dans l’armée et mettent la barre très haut. Mais je pense qu’on progresse bien au Canada, avec tout le travail qui se fait ici [au Centre national d’entraînement Yves LaRoche du Relais] et dans les autres centres du pays. Selon moi, on aura la chance de les rattraper et même de les battre bientôt ! »

Miha n’est pas dans l’armée, mais son éthique de travail n’est pas différente de celle des skieurs chinois ou biélorusses. Le printemps dernier, aux Championnats canadiens juniors, il était toujours le dernier à quitter les pistes. « J’aime sauter, m’entraîner. C’est un plaisir pour moi d’être sur mes skis. Tantôt, on devait arrêter, mais j’ai demandé de faire quelques sauts encore. Ensuite, il a fallu donner un coup de main pour entretenir le site, la sécurité étant toujours une priorité pour nous. »

Déjà avec les meilleurs

C’est un concours de circonstances qui a permis à Miha de se retrouver aux Mondiaux en février dernier. « Participer aux Championnats du monde, c’était vraiment exceptionnel, explique-t-il. Il manquait plusieurs skieurs de l’équipe canadienne en raison des blessures et il fallait trouver un sauteur pour la compétition par équipes. Les entraîneurs ont décidé d’y aller avec celui qui réussirait le meilleur double deux vrilles, j’ai saisi cette occasion et je me suis retrouvé aux Mondiaux. Et ça s’est très bien passé puisque j’ai réussi le meilleur saut de l’équipe, à ma grande surprise. »

Avec Catrine Lavallée et Félix Cormier-Boucher, Fontaine a amené le Canada à la cinquième place de la compétition par équipes, une performance inespérée dans les circonstances. Et la confirmation que Miha a le talent pour bientôt rejoindre l’élite.

C’est certain qu’avec les saisons qui passent, je vais avoir plus d’occasions d’aller en Coupe du monde et dans les grandes compétitions. En augmentant graduellement le niveau de difficulté de mes sauts, je serai aussi de plus en plus compétitif.

Miha Fontaine

Fontaine s’entraîne toutefois encore en bosses. « J’aime beaucoup ça, c’est une sensation différente des sauts et je pense que cela complète bien mon entraînement. Ça m’aide dans l’atterrissage de mes sauts. Mais je ne crois plus avoir vraiment le temps pour faire des compétitions en bosses. »

Une carrière qui monte

Sa carrière en sauts pourrait d’ailleurs vite s’accélérer. Il est à Park City au Utah cette semaine pour la première épreuve de la saison en coupe NorAm. « C’est une compétition très importante pour nous puisqu’elle permettra de se qualifier pour l’épreuve de Coupe du monde de Deer Valley, en février prochain. Le Canada y a plusieurs places et quatre d’entre elles sont réservées pour les membres de l’équipe NextGen et l’équipe du Québec… »

La sœur de Miha, Charlie, est aussi un bel espoir du ski acrobatique. Leurs parents les soutiennent, on s’en doute, mais ils ne badinent pas avec les études.

« Je suis présentement dans un programme sport-études, explique Miha. On étudie le matin, puis on prend un autobus pour venir skier au Relais tous les jours. Ça va bien à l’école. Aussitôt qu’on a une petite difficulté, on prend un après-midi pour faire du rattrapage et tout rentre vite dans l’ordre. »

À 15 ans, l’adolescent n’a pas encore trouvé un domaine d’études qui le passionnait autant que le ski. « Je n’y ai pas vraiment pensé, avoue-t-il. Je vais terminer mon secondaire et on verra bien. »