Plus personne n’attendait son retour. Près de cinq ans plus tard, Genève Bélanger retrouve le circuit de la Coupe du monde. « Rien n’est impossible », prouve la patineuse de vitesse montréalaise.

Genève Bélanger était la vedette montante de l’équipe canadienne de patinage de vitesse sur courte piste. Championne nationale junior, elle avait 17 ans quand elle a pris part à ses premières Coupes du monde, à l’hiver 2015. Elle a conclu cette saison aux Mondiaux de Moscou.

Elle patinait avec Kim Boutin, Marianne St-Gelais, Valérie Maltais. Elle avait une autre année junior devant elle. L’avenir lui appartenait. « Ça allait juste tellement bien, se souvient Bélanger. On dirait qu’après, ça irait de soi, je continuerais à faire des Coupes du monde. »

Ça ne s’est pas passé comme ça. En 2015-2016, ses performances se sont mises à décliner. Ce fut encore pire l’année suivante. Elle a dégringolé du 5e au 34e rang sur la scène nationale. « J’ai fait du surentraînement. On essayait beaucoup de choses avec moi par rapport au programme d’entraînement. »

Ça ne fonctionnait vraiment pas. Je ne m’améliorais pas, c’était de pire en pire.

Genève Bélanger

Elle ne parvenait plus à dépasser des coéquipières qu’elle larguait peu de temps avant. Elle s’est demandé si son heure était déjà passée, si sa carrière était finie. Elle s’est découragée, le plaisir a disparu.

À l’été 2017, elle a touché le fond aux sélections pour les Jeux olympiques de PyeongChang, terminant 15e sur 16 partantes. « J’étais à mon plus bas. J’ai dû prendre du recul. »

Une semaine et demie plus tard, Bélanger faisait ses valises à la résidence familiale du quartier Hochelaga-Maisonneuve, à deux stations de métro du centre national de l’aréna Maurice-Richard. Direction : Calgary, un billet aller simple dans les poches.

À l’anneau olympique, elle a renoué avec l’entraîneuse d’origine chinoise Maggie Qi, qu’elle avait connue aux Mondiaux juniors. Celle-ci lui rappelait Frédéric Blackburn, qui l’entraînait à ses plus beaux moments. Elle s’est tranquillement reconstruite, sous la supervision d’un physiologiste qui a découvert qu’elle était dorénavant… sous-entraînée.

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Genève Bélanger

« On pensait que j’en faisais trop, mais finalement, je n’en faisais pas assez et pas de la bonne manière. J’ai appris à un peu plus connaître mon corps, compris ce qui fonctionnait pour le type d’athlète que je suis. En gros, on a fait plus de volume, parce que je suis une fille de longue distance. »

Retour à Montréal

L’an dernier, Qi est passée à l’équipe chinoise de longue piste en vue des Jeux de Pékin de 2022. Après un an dans la métropole albertaine, Bélanger a donc décidé de rentrer à Montréal. Au centre national, les programmes d’entraînement dorénavant individualisés lui ont permis de poursuivre sur son élan.

En mars, elle s’est alignée aux sélections de fin de saison dans une combinaison de l’équipe du Québec, puisque celle du Canada lui était interdite. « Je me suis dit : je suis comme le mouton noir, je n’ai rien à défendre, tout à prouver. Je l’ai abordé de manière positive. Tu laisses tout sur la glace, tu n’as rien à perdre. »

En l’absence des cinq patineuses qui avaient participé aux Mondiaux, elle a pris le troisième rang, ce qui lui a permis de réintégrer l’équipe nationale. En septembre, elle a fini septième aux Championnats canadiens. Les entraîneurs l’ont admise dans le groupe de course en vertu d’un choix discrétionnaire.

Laissée de côté pour les deux premières Coupes du monde de la saison, à Salt Lake City et à Montréal, Bélanger a appris qu’elle était retenue pour les deux étapes asiatiques, dont la première aura lieu de vendredi à dimanche à Nagoya, au Japon. Elle participera également à celle de Shanghai la semaine prochaine.

Ses premières Coupes du monde en près de cinq ans… Elle a mis plusieurs jours avant de le réaliser.

« J’ai tellement travaillé pour ça », disait-elle la semaine dernière, à trois jours de son départ. « Quand on me l’a annoncé, c’est comme si tout était trop beau. Je sais que je l’ai mérité, mais à un moment donné, tu commences à ne plus tant y croire. »

Je suis au septième ciel. J’ai juste envie de prouver ce que je suis en tant que patineuse. J’ai très hâte de pouvoir retourner dans le monde des grands.

Genève Bélanger

« Extrêmement excitée » à l’idée de se mesurer de nouveau aux meilleures de sa discipline, elle entend aborder les courses avec un tempérament offensif, sans avoir « peur d’échouer ».

« Je pensais me connaître à 17 ans… Je suis tellement plus mature maintenant face à des échecs. Je sais comment réagir à diverses situations. Je le vois comme un avantage pour les Coupes du monde. »

À 22 ans, Genève Bélanger n’est plus la même athlète. « Je n’abandonne pas facilement. J’ai juste continué de croire en moi, même si ça n’a pas toujours été facile. Rien n’est impossible. C’est un peu ça que j’ai prouvé avec mon cheminement. »

Prochaines Coupes du monde : Nagoya (Japon), du 29 novembre au 1er décembre, Shanghai, du 6 au 8 décembre