Dominique Maltais ne se sentait «pas à sa place» en écoutant la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques chez elle au Québec. Deux jours plus tard, en voyant la mer Noire, les montagnes du Caucase et Sotchi à travers le hublot, ses yeux se sont embrouillés. La planchiste de 33 ans s'apprête à disputer ses troisièmes JO. Ce dernier tour de piste fait jaillir la nostalgie.

Trois semaines plus tôt, Maltais a plutôt été soufflée par un «vent de panique» quand elle s'est fait mal à un genou en demi-finale des X Games, disputés à Aspen, au Colorado. Incapable de mettre du poids sur son genou endolori, elle est rentrée au Québec en catastrophe pour se soumettre à une batterie de traitements. Finalement, une infiltration de cortisone a été nécessaire pour juguler la douleur.

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«Ç'a presque été un mal pour un bien, a jugé Maltais, hier après-midi, lors d'une conférence de l'équipe canadienne de snowboard cross. Actuellement, je ne sens rien, et on dirait que mon genou va beaucoup mieux que le mois dernier.»

Médaillée de bronze à Turin, à l'issue d'une course un peu brouillonne où elle avait été éjectée à l'extérieur de la piste, Maltais avait vécu une déconvenue aux derniers Jeux olympiques de Vancouver. Elle avait été sortie en qualifications à la suite d'une grave chute subie lors de l'échauffement matinal.

Sans ce revirement dramatique, qu'elle a mis deux ans à se sortir de la tête, elle n'aurait jamais poursuivi quatre autres années. Elle a ainsi pu ajouter trois globes de cristal à sa collection qui en compte quatre, et deux médailles aux Championnats du monde, dont l'argent à Stoneham l'hiver dernier.

Surtout, l'athlète de Petite-Rivière-Saint-François a bénéficié d'une structure d'entraînement réellement personnalisée qui lui permet d'aborder ses derniers JO en toute sérénité.

«J'étais prête pour Vancouver, mais pour Sotchi, je suis prête selon mes forces, mes faiblesses, ma personnalité aussi, a-t-elle détaillé. J'ai mis la main à la pâte dans tout ça.»

En salle, son entraînement s'est raffiné. Sur neige, elle a reçu le soutien de l'ancien coureur et olympien François Boivin. Elle a également intégré de nouveaux éléments à sa préparation, dont des séances en piscine, une facette qu'elle souhaitait garder secrète pour ne pas donner d'idées à ses adversaires.

Dimanche, pour sa dernière prestation olympique, Maltais veut écrire «un nouveau chapitre» à son histoire. Sa compatriote Maëlle Ricker, championne en titre, considère que la Québécoise représente sa principale menace sur ce parcours très ouvert où la taille des sauts promet de l'action.

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«Elle sera forte, c'est sûr, a anticipé la surfeuse de North Vancouver. La manière dont elle surfe en ce moment est exceptionnelle.»

Ricker doit elle aussi composer avec une blessure: elle s'est fracturé le poignet gauche lors d'une descente d'entraînement aux X Games, le 28 janvier. Ses départs, facette cruciale du snowboard cross, pourraient en souffrir.

«Oui, ça va m'affecter, mais je sens une amélioration chaque jour depuis deux semaines, a-t-elle indiqué. Quand je vais être dans le feu de l'action, je vais tirer du mieux possible et je pense que ça va passer.»

Dans l'équipe canadienne, tout le monde se satisferait d'un duel entre Maltais et Ricker pour la médaille d'or.

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