C'est connu, Charles Hamelin est un habitué des podiums et des médailles depuis longtemps. Mais avec les grandes performances vient souvent la pression de répéter ses exploits. Le double médaillé d'or aux Jeux de Vancouver la ressent-il lorsqu'il s'élance sur la patinoire de Sotchi?

Pas du tout, assure-t-il. La preuve: il a remporté une troisième médaille d'or olympique en carrière cette semaine, en vertu d'une performance magistrale à l'épreuve du 1500 m.

«Je réussis à bien gérer (la pression) depuis les trois ou quatre dernières années, a expliqué Hamelin en entrevue avec La Presse. Mon but était de devenir un meilleur patineur comparativement à Vancouver. (...) Si on regarde les résultats que j'ai obtenus dans les trois dernières années, ça prouve clairement que j'ai eu une amélioration.»

Son palmarès est en effet assez éloquent. Seulement cette saison, le patineur de Lévis a déjà mis la main sur huit médailles d'or, une d'argent et une de bronze dans les diverses compétitions auxquelles il a participé.

Rien à voir avec Turin, en 2006 - ses premiers Jeux olympiques en carrière.

«J'étais tellement jeune que j'ai été déstabilisé, admet-il. Tout était gros, tout était impressionnant. On se concentrait sur de petites choses, de petits moments spécifiques. Tu essaies d'oublier l'ampleur de la chose et de te concentrer sur ton travail.»

Il faut croire que la recette a fonctionné. Hamelin est reparti d'Italie avec une médaille d'argent, remportée à l'épreuve du 5000 m relais. Et comme on le sait, il a remis ça quatre ans plus tard à Vancouver, et maintenant à Sotchi.

Vivre le moment présent

Son parcours dans la métropole britanno-colombienne n'a toutefois pas été de tout repos. Malgré de bonnes courses, il n'a pas réussi à se qualifier pour la finale de l'épreuve du 1000 m. Par la suite, son frère François et lui ont raté de peu le podium au 1500 m. Devant ces déceptions, Charles aurait pu se laisser abattre. Mais il restait encore le 500 m et le 5000 m relais à disputer...

«Une chance que je ne me suis pas découragé avant, parce que j'ai gagné deux médailles d'or en 30 minutes. C'était le plus beau jour de ma carrière», rappelle-t-il.

On peut se l'imaginer, effectivement.

Et compte tenu de tous les honneurs qu'il a raflés au cours de sa carrière, il serait facile pour Charles Hamelin de s'asseoir sur ses lauriers et de s'enfler l'ego. Mais n'allez pas croire que ce soit son genre. Hamelin sait très bien qu'un succès comme le sien, aussi florissant soit-il, peut parfois être éphémère.

«En courte piste, ça change tellement vite. Il y a tellement de bons patineurs qui arrivent chaque année... On ne peut pas dire: «Moi, je serai là pendant longtemps.» Tu y vas au jour le jour. Je suis concentré sur le moment présent», explique-t-il.

Cette fois, le moment présent, il le vit à Sotchi. Et pour en tirer une pleine satisfaction, ses objectifs étaient déjà bien clairs dans son esprit avant de partir.

«Mon but est de me rendre en finale pour chaque distance et de gagner au moins une médaille. Si je reviens des Jeux avec deux médailles au cou, ce seront des Jeux clairement accomplis pour ma part», avait-il alors confié.