L'entraîneur-chef de l'équipe canadienne Mike Babcock ignorait peut-être que Carey Price souffrait d'une blessure pendant les Jeux olympiques, mais Sidney Crosby, lui, était dans le secret des dieux.

Le capitaine d'Équipe Canada était de retour à l'entraînement des Penguins de Pittsburgh, hier, après que ceux-ci lui eurent donné quelques jours de répit à son retour de Sotchi. Crosby a confié qu'il savait que le gardien du Tricolore n'était pas au sommet de sa forme.

«Je savais qu'il était blessé, mais même s'il ne pouvait pas jouer éternellement sans régler ce problème, je ne m'attendais pas à ce qu'il rate des matchs», nous a-t-il dit, ajoutant qu'il ne croyait pas que c'était très sérieux.

«Ce n'est pas quelque chose qui est apparu comme ça à Sotchi. Il composait avec cette blessure depuis un bon moment déjà, a ajouté la vedette des Penguins. Il a été bon durant toute la saison, mais compte tenu des circonstances là-bas, il a géré la pression tout aussi bien que sa blessure.»

Louangeant le travail de Price devant le filet du Canada, Crosby a noté la grande confiance en soi qui habitait le gardien du CH, la qualité de sa préparation ainsi que sa capacité à résister à la pression.

La meilleure de l'histoire?

Parlant de pression, il a beaucoup été question de celle qui aurait eu raison de l'équipe russe à Sotchi. Mais ne nous y trompons pas: Équipe Canada arrivait aussi à ces Jeux avec des attentes nationales gonflées à l'hélium.

«Je ressens de la fierté, mais aussi un certain soulagement d'avoir été en mesure de faire ce que tout le monde attendait de nous, a indiqué Crosby à propos de la médaille d'or. Ce n'était pas facile, car il y avait plusieurs bonnes équipes là-bas.»

Mardi, le directeur général des Penguins Ray Shero - qui était mêlé à la composition de l'équipe olympique américaine - a déclaré qu'Équipe Canada «pourrait bien avoir été la meilleure équipe olympique de l'histoire».

Crosby s'est bien gardé de pavaner, mais il a reconnu que la domination de sa formation avait fait en sorte qu'un dénouement dramatique comme en 2010 ne s'était pas avéré nécessaire.

«Nous nous sommes améliorés à mesure que le tournoi progressait et nous étions au sommet de notre forme lors des trois derniers matchs, a indiqué Sid. Dans ce genre de tournoi, plus une équipe est capable de s'améliorer en un court laps de temps, plus elle est avantagée.

«Les pointages ont été serrés lors de ces trois matchs, mais nous maîtrisions quand même les choses.»

Avec trois petits buts accordés en six matchs, c'est d'ailleurs la possession de rondelle exercée par le Canada que Crosby retiendra le plus de ce tournoi.

«Tout le monde parle de notre jeu défensif, mais il ne faut pas oublier que le plus souvent, nous contrôlions la rondelle, a-t-il souligné. Ça devenait fatigant pour l'adversaire de relancer son attaque.»

À la défense de Kunitz

Crosby a obtenu des chances de marquer pendant tout le tournoi, mais a dû attendre la finale pour enfin concrétiser. Chris Kunitz, son compagnon de trio chez les Penguins comme avec Équipe Canada, a lui aussi marqué contre la Suède.

Aucun joueur canadien n'a essuyé plus de critiques que Kunitz lors de ces Jeux. Nombre d'amateurs ont décrié sa simple présence au sein de la formation.

«Je lis et j'entends beaucoup de choses que je trouve ridicules et avec lesquelles je suis en désaccord, et celle-là en fait partie, a déclaré Crosby. Chris a très bien fait là-bas. Je sais qu'il a confiance en lui, je le vois au quotidien en jouant à ses côtés.

«En tant que joueurs de hockey, nous devons nous efforcer de balayer d'un revers de main ce genre de commentaires. Il y aura toujours des questions soulevées et des opinions émises qui peuvent nous motiver. Mais à la base, il faut croire en soi et tabler sur les outils qui nous ont permis de nous rendre là où nous sommes.»

C'est en suivant la même logique que Crosby a parlé de Carey Price, qui n'arrivera peut-être jamais à faire taire tous ses détracteurs à Montréal.

«Peu importe ce qu'on accomplit, a dit Crosby, il y aura toujours des gens pour nous parler de l'étape suivante...»

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Qui dit vrai ?

D'un côté, il y a Michel Therrien, l'entraîneur du Canadien, qui affirme que Carey Price traînait une blessure, aggravée aux Jeux de Sotchi. De l'autre, il y a Mike Babcock, entraîneur des Red Wings de Detroit et d'Équipe Canada, qui a dit, avant le match d'hier soir au Centre Bell, ignorer que le gardien était blessé lors du tournoi olympique.

«Je ne sais rien d'une blessure à Carey Price à Sotchi, s'est contenté de dire l'entraîneur des Wings. Tout ce que je sais, c'est qu'il a très bien joué pour nous.»

Certains observateurs parlent d'une blessure à l'aine ou à un genou, selon les rumeurs qui circulent. La date du retour au jeu de Price est bien sûr inconnue, mais selon ce qu'il a été permis d'apprendre d'une source bien au fait du dossier, hier soir, la blessure au gardien de 26 ans ne serait pas très sérieuse.

- Richard Labbé