Mike Babcock a dû faire un choix difficile en début de tournoi en laissant de côté celui-là même qui avait mené le Canada à l'or à Vancouver, le vétéran Roberto Luongo.

Mais après le match de vendredi remporté 1-0 contre les États-Unis, l'entraîneur d'Équipe Canada ne semblait pas regretter d'avoir fait confiance à Carey Price. Le gardien du Canadien de Montréal a arrêté les 31 rondelles dirigées contre lui, a frustré les Américains et a permis au Canada de se tailler une place pour le match de la médaille d'or.

«Carey a été excellent. Il est en train de se bâtir tout un CV avec ce genre de match. Il se forge une expérience et ça lui apporte de la confiance, a lancé Babcock. C'est un excellent gardien. Il est costaud, il est carré, il est souple. Il donne de la confiance à l'équipe.»

Mine de rien, Carey Price, qui a aussi gardé le filet pour le Canada au Championnat du monde junior de 2007, a maintenant une fiche de 10 victoires et aucune défaite sur la scène internationale. Il a accordé trois buts en quatre matchs à Sotchi et cumule un taux d'efficacité de ,963.

«C'est un des meilleurs gardiens dans la ligue et il l'a montré contre les Américains», a commenté le défenseur québécois Marc-Édouard Vlasic, qui a lui-même disputé tout un match.

Carey Price semblait serein après la victoire, il semblait libéré d'un poids. Ce n'était que la demi-finale. Mais cette rencontre contre les Américains était attendue depuis longtemps. Depuis les Jeux de Vancouver, il y a quatre ans.

«Ces joueurs devant moi me donnent beaucoup de confiance. Il y a beaucoup de gagnants dans ce vestiaire, qui savent jouer dans des situations difficiles et transformer une situation inconfortable en situation confortable», a expliqué Price, parlant de ses coéquipiers.

Il est vrai qu'Équipe Canada a joué tout un match vendredi. Un match parfait? «Je ne sais pas. Mais disons qu'on peut dire mission accomplie», juge le gardien de 26 ans.

Un match d'un but

Les 60 minutes de cette demi-finale ressemblent à une partie d'échecs éclair. «C'était probablement le match le plus rapide dans lequel j'ai joué», a commenté l'attaquant canadien Patrick Sharp.

L'entraîneur américain Dan Bylsma prévoyait un faible pointage. Il l'a eu. Les Canadiens ont réussi 37 tirs, les Américains, 31. «La rondelle aurait pu rouler de notre côté, mais ça n'a pas été le cas, a dit Bylsma. C'était un match serré.»

La première période a été chaudement disputée, et les Américains ont cogné à la porte de Price. Mais le but de Jamie Benn sur une belle passe Jay Bouwmeester, en tout début de deuxième période, a changé le cours du match. «À partir du moment où on a marqué, ça nous a donné de l'élan, ça a activé l'échec avant et on a augmenté le tempo», a noté Babcock.

L'entraîneur semblait satisfait du déroulement du match, puisqu'il n'a eu recours ni à son treizième attaquant - Martin St-Louis, qui n'a pas joué une seconde -, ni à son septième défenseur, Dan Hamhuis.

Les Américains y ont cru jusqu'à la fin. Ils ont eu plusieurs chances en troisième. Mais la défense hermétique des Canadiens et le travail de Carey Price ont eu raison d'eux.

Max Pacioretty avait l'air déconfit après la défaite. L'attaquant du Canadien a serré la main de Price, mais rien de plus.

«On ne s'est pas vraiment dit quoi que ce soit, a expliqué Carey Price. On s'est serré la main rapidement. Les deux, on est des gars très émotifs. On va en parler plus tard.»

Rendez-vous avec la Suède

Plus tôt en journée, les Suédois ont vaincu leurs rivaux héréditaires finlandais par la marque de 2-1. Le Canada va donc rencontrer la Suède dimanche dans le match pour la médaille d'or.

Mike Babcock les connaît bien, puisque neuf joueurs de ses Red Wings sont Suédois. «Je suis un grand fan des Suédois. C'est un très beau pays, avec un peuple admirable, et mon capitaine [Henrik Zetterberg] est Suédois, a dit Babcock vendredi, le sourire aux lèvres. Mes joueurs suédois, je les adore, et si notre équipe n'était pas dans ce tournoi, je prendrais pour eux.»

Mais comme l'a dit Mike Babcock dans ses premiers jours à Sotchi: «Ce jeu, c'est notre jeu. On est ici pour le défendre.»

Si le Canada gagnait dimanche, remportant l'or lors de deux Jeux olympiques d'affilée en hockey, il s'agirait d'une première en 26 ans.

Ils ont dit

DAN BYLSMA

Entraîneur américain

«C'est le match le plus rapide que j'ai vu dans ma carrière.»

MAX PACIORETTY

«Je ne peux rien enlever à Carey. Il a joué un beau match. Quelques rebonds auraient pu aller d'un côté comme de l'autre. Mais ainsi va le sport. On sait tous ça.»

RYAN SUTER

Défenseur américain

«Cette défaite est plus dure que celle de Vancouver. On ne s'est tout simplement pas présentés et c'est très frustrant.»

MIKE BABCOCK

Entraîneur canadien

«Ça va être un match difficile. Les Suédois ont de bons gardiens, ils jouent de manière structurée, ils ne nous donneront rien et leur avantage numérique est dangereux. Ça devrait être amusant!» 

SIDNEY CROSBY

«On n'a rien changé du tout. On a la possession de la rondelle depuis le début des Jeux.»

Les prédictions de nos journalistes

Mathias Brunet: Canada

J'avais prédit en début de tournoi une finale remportée par le Canada aux dépens de la Suède. Je reste fidèle à ce que j'avais annoncé. La profondeur du Canada, entre autres au centre et en défense, et le brio de Carey Price, quasi invincible, assureront l'or aux Canadiens par la marque de 4-1. L'équipe canadienne a progressé, lentement mais sûrement, tout au long du tournoi olympique. La perte d'Henrik Zetterberg et d'Henrik Sedin se fera sentir en finale. Le match risque néanmoins d'être encore très serré, entre autres en raison de l'excellence en défense de la Suède, qui compte notamment sur Erik Karlsson, Oliver Ekman-Larsson et Niklas Kronwall.

Marc Antoine Godin: Canada

On a dit du match Canada-États-Unis que c'était une finale avant l'heure, mais il est évident que s'il joue un match aussi impeccable qu'hier, personne ne pourra arrêter le Canada. Sa marge de manoeuvre sera petite en raison du jeu défensif des Suédois, mais je trouve ceux-ci un brin nonchalants. Et à tout prendre, ils n'ont pas la force de frappe (potentielle) du Canada. Je prédis une marque finale de 3-1 pour le Canada.

Richard Labbé: Canada

Difficile de miser contre le Canada à la suite de cette performance à la fois étouffante et étonnante face aux Américains. On dit souvent que c'est la défense qui gagne des championnats? Ça tombe bien pour Équipe Canada, qui peut compter sur la meilleure défense du tableau olympique... et sur un Carey Price qui semble au meilleur de sa forme. Alors, donnez-moi l'équipe canadienne par une marque finale de 2-1. Grâce à Price, et grâce à une formidable unité défensive qui peut se permettre de se passer du gagnant du trophée Norris, P.K. Subban.