On croirait que diriger 25 des meilleurs joueurs de hockey au monde simplifie le travail de Mike Babcock. Mais s'il faut en croire l'entraîneur d'Équipe Canada, il s'agit d'un des boulots les plus ingrats qui soient.

Car au lendemain de la victoire de 6-0 du Canada contre l'Autriche, Babcock doit faire des choix déchirants. Alors, qui jouera demain contre la Finlande? Qui sera dans les buts, Carey Price ou Roberto Luongo? Quel défenseur sera laissé dans les gradins? P.K. Subban ou un autre?

«C'est beaucoup plus difficile de diriger ce genre d'équipe qu'on ne le pense. C'est ridicule de dire à un athlète qui s'est défoncé, qui a bien joué, qu'il ne sera pas en uniforme, a réagi Babcock vendredi, après cette deuxième victoire en deux matchs olympiques. Ce n'est pas amusant du tout.»

Après le match contre la Norvège, des doutes subsistaient. Babcock parlait de la nécessité de s'améliorer. C'est maintenant chose faite. «On a été meilleurs [vendredi] soir. Mais on peut être bien meilleurs encore. On le sait.»

Roberto Luongo aurait difficilement pu être meilleur: il a repoussé 23 tirs pour réussir un jeu blanc. La question est donc venue hanter l'entraîneur canadien. Après une telle performance et compte tenu de l'expérience olympique de Luongo, ne serait-il pas logique de le mettre devant le filet contre la Finlande plutôt que Carey Price? a demandé un journaliste.

«On a une journée de repos demain [samedi], ça va me laisser du temps pour réfléchir», a simplement répondu Babcock, qui a toutefois révélé que l'attaquant Patrick Sharp et le défenseur Dan Hamhuis allaient être en uniforme.

Subban était «bien»

L'entraîneur n'a pas voulu préciser qui allait écoper. Lorsqu'on lui a demandé ce qu'il avait pensé du jeu de P.K. Subban - le défenseur le moins utilisé contre l'Autriche -, il a simplement répondu: «Il était bien.» Peu convaincant.

«Je suis assez heureux de mon match, a quant à lui commenté Subban après sa première participation à un match olympique. Je n'ai pas compliqué les choses, j'ai généré des chances, j'ai maintenu la pression. Je reste positif. Je suis content d'avoir joué ce match.»

Le défenseur et lauréat du trophée Norris a dit n'avoir aucune idée des intentions de Babcock à son endroit pour le match de dimanche.

«Je ne suis pas dans une mauvaise position. Je suis en train de jouer pour Équipe Canada aux Jeux olympiques, a-t-il dit avec philosophie. Je pense que c'est une position pas mal. C'est la chance d'une vie. Il y a beaucoup de joueurs qui aimeraient être ici, mais qui ne le sont pas.»

Mike Babcock devra résoudre un casse-tête identique à l'avant. Jeff Carter, après avoir été relégué au quatrième trio en début de match, est revenu dans les bonnes grâces de l'entraîneur en marquant trois buts. Ryan Getzlaf, Drew Doughty et Shea Weber sont les autres marqueurs.

Martin St-Louis, lui, s'est retrouvé sur la première ligne avec Sidney Crosby et Chris Kunitz. Il serait surprenant qu'il soit retranché. Même s'il n'a pas marqué, le Québécois a livré un match inspiré, a tiré quatre fois au filet et est passé bien près de compter. Kunitz, en revanche, a connu un match plus laborieux et n'a qu'un tout petit tir au but.

«C'est une belle expérience d'avoir la chance de jouer avec Crosby et Kunitz. J'ai essayé d'amener de la vitesse. La rondelle n'est pas rentrée, mais on a eu pas mal de chances, a commenté St-Louis. Je prends ça une journée à la fois.»

Le test de la Finlande

Après deux adversaires plus faibles en guise d'entrée, Équipe Canada passe au plat de résistance dimanche. Les hommes de Mike Babcock vont se mesurer aux Finlandais à 21 h (midi, à Montréal).

La Finlande n'est pas un adversaire commode pour le Canada. Dans les 15 dernières années, les deux pays se sont affrontés trois fois aux Jeux olympiques, les Canadiens s'inclinant à deux reprises. Lors de leur dernière rencontre, aux Jeux de Turin, les Finlandais ont gagné 2-0. Ils sont toutefois minés par les blessures à Sotchi.

Le match de dimanche va déterminer qui prend la tête du groupe B. Pour l'instant, les deux pays ont six points, mais la Finlande est au sommet du classement grâce à la différence de buts (+9 pour la Finlande, +8 pour le Canada).

La première équipe de chaque groupe passe directement en quarts de finale et s'épargne un match qualificatif.

Vendredi, l'entraîneur autrichien a dit que sa troupe s'était inclinée «contre la meilleure équipe au monde».

Il est certainement trop tôt pour savoir si les champions olympiques en titre sont les meilleurs au monde. Le match contre la Finlande devrait toutefois nous rapprocher de la réponse.

Ils ont dit...

> Emanuel Viveiros, entraîneur de l'équipe d'Autriche

«Contre le Canada, on ne peut pas se permettre d'erreurs parce que chaque fois, la rondelle finit dans le fond du filet. Le nôtre.»

> Jonathan Toews

«On s'attend à un match difficile contre la Finlande, mais on est rendus là. J'ai hâte.»

> Teemu Selane, à propos du match contre le Canada

«On connaît les joueurs canadiens. On les affronte dans la LNH. Leurs quatre trios sont bourrés d'étoiles et ça va rendre les choses difficiles.»

> Roberto Luongo

«Je ne connais pas le plan. Peut-être qu'on en saura plus demain [aujourd'hui], je ne sais pas. Ça n'a pas vraiment d'importance. On n'est pas ici pour notre propre personne, on est ici pour représenter notre pays.»

> Sidney Crosby

«J'aime cette grande glace, il y a de l'espace. C'est plus difficile à défendre, mais à l'attaque, il y a plus d'options.»