Au Canada, il existe un thème récurrent avant chaque présentation des Jeux olympiques: la supposée malédiction du porte-drapeau à la cérémonie d'ouverture. Ce rappel historique a déclenché un léger rire chez Hayley Wickenheiser qui a été choisie, jeudi, par le Comité olympique canadien (COC) pour brandir l'unifolié, le 7 février, à Sotchi.

«Je n'y crois pas et je trouve que l'on met un peu trop l'accent dessus, a lancé l'attaquante de l'équipe de hockey en conférence de presse téléphonique, jeudi matin. La pression que nous avons est celle de jouer au hockey en tant que Canadiennes ou Canadiens. Le pays s'attend à ce que nous gagnions l'or.»

Âgée de 35 ans, Wickenheiser vivra une cinquième aventure olympique depuis ses débuts à Nagano, en 1998. Au total, elle a remporté trois médailles d'or (2002, 2006 et 2010) et une d'argent (1998). Pour le président du Comité olympique canadien, Marcel Aubut, il ne fait aucun doute que le comité de sélection a fait un choix judicieux, même si Wickenheiser ne parle pas français. Il a ainsi jugé que le bilinguisme était important, «mais pas au prix d'avoir la meilleure athlète qui le mérite le plus».

«La personne que nous avons choisie pour porter le drapeau du Canada dans le stade à Sotchi compte parmi nos athlètes olympiques les plus décorés. Ce n'est pas n'importe qui. C'est quelqu'un qui a fait frissonner tout notre pays, inspiré notre jeunesse et a représenté le Canada avec dignité, humilité et beaucoup de classe», a-t-il ajouté.

Cette annonce a été faite quelques jours après que Wickenheiser eut perdu son titre de capitaine de l'équipe féminine de hockey au profit de Caroline Ouellette, sa coéquipière de longue date. Cette décision a été prise par le nouvel entraîneur Kevin Dineen, nommé à la mi-décembre à la suite de la démission soudaine de Dan Church.

«Fière et reconnaissante»

Cela fait plus d'une semaine que Wickenheiser a été mise au courant du choix du COC.Au départ, toutefois, la hockeyeuse croyait qu'il s'agissait d'«une blague». «C'est quelque chose auquel on ne pense pas vraiment, mais en tant qu'athlète qui a participé à plusieurs Jeux olympiques, on sait que l'occasion pourrait peut-être se présenter. Je suis vraiment fière et reconnaissante d'avoir cette chance», a-t-elle indiqué de l'Autriche, où elle se prépare en compagnie de son équipe en prévision des Jeux.

Quelques membres de sa famille, dont son fils Noah, étaient présents à la conférence de presse d'Ottawa au moment de l'annonce faite par le chef de mission de la délégation canadienne, l'ancien skieur alpin Steve Podborski.

Wickenheiser succède à Clara Hughes, en 2010 à Vancouver, et à son amie et ex-coéquipière Danielle Goyette aux Jeux de Turin. Très liées, les deux femmes ont eu le temps de discuter de cette expérience. «Nous avons longuement parlé de ce que cela représente, de recevoir cet honneur, et de ce qui m'attend dans les prochains jours. C'est en fait l'une des premières personnes à qui j'ai annoncé la nouvelle.»

D'autres bons candidats

L'annonce du COC met donc un terme à plusieurs jours de spéculations. La principale intéressée a avoué que la liste de candidats intéressants était plutôt étoffée au sein de la délégation canadienne. Qui aurait-elle choisi? «Un bon nombre d'athlètes aurait pu avoir cet honneur: Charles Hamelin, Alexandre Bilodeau, que j'ai vu gagner la première médaille à Vancouver, ou Erik Guay, qui a connu tant de succès au cours des dernières années. Il y a aussi la bobeuse Kaillie Humphries que je vois s'entraîner à Calgary.»

L'un de ces candidats pourrait très bien suivre ses traces en portant le drapeau canadien à la cérémonie de clôture.

Photo Chris Wattie, Reuters

Le président du Comité olympique canadien, Marcel Aubut.