Après le président allemand, c'est au tour du gouvernement de la France de déclarer qu'il n'enverra pas de délégation de haut niveau aux Jeux olympiques de Sotchi.

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a annoncé en entrevue à Europe 1, dimanche, que le président François Hollande n'irait pas aux cérémonies d'ouverture, en février.

«Ce n'est pas prévu d'y aller. Je souhaite beaucoup de succès à ces Jeux, mais il n'est pas prévu que les plus grandes autorités françaises s'y rendent», a déclaré M. Fabius, précisant qu'il serait lui-même absent.

M. Fabius n'a pas précisé si ce refus était lié à l'adoption par la Russie d'une loi controversée contre la «propagande homosexuelle», loi qui a été dénoncée par les groupes de défense des droits de l'homme et par plusieurs pays, dont la France, le Canada et les États-Unis.

La semaine dernière, la vice-présidente de la Commission européenne, Viviane Reding, avait été plus directe en écrivant qu'elle boycotterait les Jeux en raison de cette loi.

«Je n'irai certainement pas à Sotchi tant que les minorités seront traitées comme elles le sont par la législation russe», a-t-elle indiqué sur son compte Twitter.

Le président allemand Joachim Gauck, qui occupe une fonction essentiellement honorifique, a dit la semaine dernière qu'il n'assistera pas aux Jeux de Sotchi, ajoutant qu'il ne s'agissait pas d'une décision politique. Les médias russes n'ont pas semblé accepter cette explication, et ont parlé d'un «boycottage des Jeux» de la part de l'Allemagne.

Le dossier est délicat, puisque les relations économiques entre la Russie et les pays européens sont de la toute première importance. Ainsi, près de 40% du gaz naturel importé par les pays de l'Union européenne provient de la Russie, selon les dernières données disponibles.

Harper n'ira pas

Le chef du gouvernement canadien ne se rendra pas non plus à Sotchi.

Carl Vallée, attaché de presse du premier ministre Stephen Harper, a dit hier que le politicien «n'a pas de plan d'y aller». Il a précisé que ce choix n'est pas politique.

«Le premier ministre du Canada ne va généralement pas aux Jeux olympiques», a-t-il dit.

Aux Jeux de Londres, en 2012, c'est David Johnston, gouverneur général du Canada, qui était à la tête de la délégation du gouvernement du Canada.

À Washington, la composition de la délégation fait aussi l'objet d'interrogations.

La semaine dernière, des organisations de défense des droits de l'homme ont écrit au président Barack Obama pour l'inviter à inclure des gens ouvertement gais dans la délégation américaine à Sotchi.

«Le choix des membres de la délégation américaine à Sotchi présente une occasion importante pour montrer à la Russie et au monde que l'administration Obama prend au sérieux la question de l'égalité et de la dignité humaine», écrit Human Rights First, instigatrice du projet.

La Maison-Blanche n'a pas encore dévoilé les noms des dignitaires qui feront partie de la délégation américaine à Sotchi.

Répondant aux questions des journalistes, le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, a dit que l'information n'était pas disponible.

«Quand nous aurons une délégation à annoncer, nous allons l'annoncer», a-t-il dit.

En septembre, Obama avait rencontré un groupe de militants pour les droits des homosexuels en marge du Sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, en Russie. Les militants avaient déclaré que ce geste d'Obama «envoyait un message clair» à la communauté gaie, lesbienne et transgenre de Russie.

Durant sa présidence, Obama n'est jamais allé aux Jeux olympiques. Aux Jeux de Londres, en 2012, c'est Michelle Obama qui était à la tête de la délégation présidentielle. Aux Jeux de Vancouver, en 2010, c'est le vice-président Joe Biden qui représentait la Maison-Blanche.

En juin, la Russie avait provoqué un tollé dans les pays occidentaux en adoptant une loi interdisant la «propagande homosexuelle». La loi prévoit une peine de deux semaines d'emprisonnement pour des gens du même sexe qui se tiendraient la main ou échangeraient un baiser en public.

Depuis l'adoption de la loi, on rapporte une hausse du harcèlement et des attaques contre les personnes présumées homosexuelles en Russie.