L'Impact de Montréal a une mission claire dans le cadre du match aller de la ronde quart de finale l'opposant à Pachuca en Ligue des Champions: se donner l'espoir de pouvoir remporter la série à l'occasion du match retour à Montréal le 3 mars. Si ce genre de duel ne se gagne pas dans les 90 premières minutes, on se souviendra qu'il peut toutefois se perdre en moins de temps qu'il ne faut pour épeler Santos L-a-g-u-n-a.

Ah ! le douloureux souvenir... Mais du passé, faisons table rase! «Ce n'est pas un match sans lendemain», raisonnait d'ailleurs avec sagesse Nigel Reo-Coker en point de presse hier. Chose certaine, en termes de résultat, le bleu-blanc-noir se satisferait d'un match nul ou d'une défaite par un seul but, surtout s'il arrive à marquer un but à l'étranger dans l'antre du stade Hidalgo. Une victoire? Rien n'est impossible dans le monde du soccer. Mais si ce scénario plaît aux amateurs de pari payant, il ne faut surtout pas avoir peur de perdre son argent. Et avant de m'accuser de pessimisme, je vous invite à consulter l'historique des clubs MLS en déplacement au Mexique.

«On va souffrir, ça c'est sûr, affirmait pour sa part Laurent Ciman. C'est notre premier match. Mais je suis confiant d'après ce que j'ai vu jusqu'à maintenant.» À l'instar de nombreux nouveaux visages de l'édition 2015 de l'Impact, le défenseur belge connaîtra son baptême de feu dans l'uniforme montréalais. Le tandem qu'il forme avec Bakary Soumare dans la charnière centrale de la nouvelle défense montréalaise devra résister aux assauts des Tuzos pour préserver les chances de succès.

Concrètement, la paire Ciman-Soumare devra neutraliser l'attaquant de pointe adverse, qu'il s'agisse d'Ariel Nahuelpan, German Cano ou encore Christian Penilla. Mais puisque la principale menace du jeu de Pachuca provient généralement des ailes, Ciman devra être prêt à intervenir en cas de débordement de Jürgen Damm sur le flanc gauche de la défense ou encore d'insertion dans le centre à partir du flanc droit, comme le veut la tendance dans le jeu d'Irving Lozano. Bref, ça va nous prendre un Ciman mobile, comme dirait l'autre.

Klopas d'attaque?

Depuis le début de la préparation au Mexique, l'entraîneur montréalais Frank Klopas fait tout en son possible pour préserver le mystère quant à son alignement partant face aux Tuzos. Mais peu importe les joueurs qu'il choisit pour commencer le match aux postes d'ailier, il y a fort à parier qu'ils auront le devoir de revenir prêter main-forte aux défenseurs latéraux pour ne pas que ceux-ci se retrouvent isolés. De Justin Mapp à Ignacio Piatti, le mot d'ordre aux joueurs qui ont un penchant pour jouer vers l'avant sera sans doute de bien choisir leur moment.

Que l'adversaire prenne ce petit club canadien à la légère ou non, l'Impact ne peut tout simplement pas se permettre de se dégarnir face à un club qui compte déjà quatre titres de Concachampions à son palmarès. En bref, le plan de match assez classique pour un match aller à l'étranger consiste à bien entamer le match, à garder un bloc défensif compact et à profiter d'un contre ou de ses coups de pied arrêtés pour exploiter les lacunes devant la cage des Tuzos.

C'est ce qui est attendu. À moins que Klopas ne se sente d'humeur à prendre des risques? Lui qui a bien voulu interrompre sa partie de backgammon l'opposant à Richard Legendre pour répondre aux questions des journalistes dans le lobby de l'hôtel à Pachuca. Interrogé sur sa stratégie à ce jeu de table où certains jugent hasardeux de laisser un pion sans couverture, Klopas a répondu ainsi: «Ça dépend. Mais je l'ai fait, et ça a bien fonctionné. J'aime mieux attaquer et jouer pour gagner.»

Soit. L'histoire ne dit toutefois pas de quelle façon ça s'est terminé, puisque la partie venait à peine de commencer...