N'allez pas croire que j'ai changé d'idée. Ignacio Piatti fera un bien énorme à l'Impact de Montréal. À preuve, le club est invaincu depuis l'apparition de son numéro diez. Un en un!

Sauf qu'en voyant Nacho se faire bousculer par les joueurs du Fire, samedi dernier, il se dégage une impression assez nette que le joueur argentin devra adapter son rythme de jeu et son état d'esprit pour s'épanouir dans ce nouvel écosystème.

Il est vrai que, lors de certains contacts, Piatti n'a pas bénéficié de la clémence de l'officiel. Ces arbitres (de Ligue majeure) ont la fâcheuse habitude de nous laisser perplexes devant certaines de leurs décisions. Or, si le choc avec sa nouvelle réalité a eu pour Nacho l'effet d'un seau d'eau glacée sur la tête, il n'en demeure pas moins que ses premières minutes sur la pelouse du stade Saputo comportaient des leçons plus pertinentes pour la suite de son aventure qu'un quelconque phénomène viral.

Une fois n'est pas coutume, inspirons-nous de Jose Mourinho, qui affirmait avec philosophie cette semaine que «d'une manière fort simple, tout dépend du temps et de l'espace». Pour trouver ses repères dans l'hémisphère Nord, Piatti devra donc vite réaliser qu'on ne lui donnera pas souvent le temps et l'espace dont il bénéficiait dans la ligue argentine.

D'abord, le style très athlétique de la majorité des formations du circuit Garber permet à celles-ci d'exercer un pressing intense sur une grande partie du terrain. «Un style de jeu très physique», disait d'ailleurs Marco Di Vaio à son arrivée en MLS. Qui plus est, l'ailier argentin sera ici au centre plutôt qu'en marge de l'attention de ses rivaux. En d'autres mots, pas de cadeaux pour notre Nacho...

Pour optimiser sa vitesse d'exécution, il devra donc miser rapidement sur sa bonne lecture du jeu. Les attentes étaient élevées pour le début de Piatti. Qu'à cela ne tienne, c'est en simplifiant ses actions que Nacho augmentera son taux de réussite, quitte à nous exhiber les grands pans de sa qualité technique une fois le pressing rompu. Car le jeu ouvert, c'est également une marque de commerce en MLS.

Dans de telles conditions, il sera plus facile de prendre son envol. On pourrait avoir envie de crier: cours, Nacho, cours! Encore faut-il que ça se fasse avec le ballon, question de nous offrir quelques morceaux croustillants à nous mettre sous la dent.

Des Bleuettes modèles

Courir, il n'y a pas de mal à ça. Bien au contraire. Seulement, on a tendance à le faire souvent sans réfléchir dans la version kick & run qui contamine les terrains de la province. Si, à une époque, le niveau de jeu en MLS se résumait à une version glorifiée de cette forme de jeu très directe, il faut toutefois reconnaître que ce n'est plus toujours le cas.

Reste que le bagage tactique des joueurs formés en Amérique du Nord gagnerait à être mieux étoffé quand on le compare au reste du monde. Les statistiques révèlent que les joueurs américains ont couru davantage que les autres lors de la Coupe du monde. Leur odyssée dans le tournoi a été agréable à suivre, mais force est de constater qu'ils n'avaient pas le moindre contrôle sur les matchs qu'ils disputaient.

Le contraste est saisissant avec l'équipe de France féminine U-20, qui vient d'atteindre la demi-finale du tournoi qui se déroule au Stade olympique. En quart, les Bleuettes ont eu du mal à concrétiser la domination qu'elles ont exercée sur la Corée du Sud, mais le contrôle et la cohésion affichés dans le jeu collectif constituent un cas d'étude pour le soccer québécois, gars et filles confondus!

Circulation du ballon, appels de balle variés, participation des défenseurs à l'attaque: des éléments mis en vitrine par les Françaises qui mériteraient encore d'être peaufinés de façon générale dans notre foot à nous. Allez les voir jouer demain contre l'Allemagne, dans ce qui promet d'être une finale avant l'heure. Un menu plutôt alléchant avant de terminer la soirée devant la télé avec Nacho et sa bande. (Je fais évidemment référence à l'Impact en Ligue des champions, au Salvador.)