Pas très emballant, le spectacle offert par l'Impact lors de son dernier match au Stade olympique. Un nul qui teste la conviction des plus fervents partisans quant aux chances réelles du onze montréalais cette saison.

Point de fièvre des séries éliminatoires du côté du bleu-blanc-noir, un club qui se retrouve bien malgré lui fer de lance de la contre-culture sportive de la métropole. On m'accusera de faire des constats alarmistes, mais au-delà des hauts et des bas que connaît toute équipe durant une saison, ça manque de magie.

Par un curieux hasard de la vie (ou n'était-ce qu'une perception?), j'assistais dimanche soir à la dernière représentation de la tournée d'un prestidigitateur devenu visage connu du petit écran. Il s'agit là peut-être d'un lien semé dans mon esprit par le magicien - il fait ça, lui -, mais je n'ai pu m'empêcher de penser que Frank Klopas aurait bien besoin des stratagèmes de Luc Langevin pour créer l'illusion que l'Impact a des chances de gagner cette année. Pas besoin de tout nous expliquer, on veut seulement pouvoir y croire.

S'agit-il d'un jugement trop sévère? Malgré les largesses en défense, le spectacle haut en couleur offert lors du match contre les Red Bulls de New York avait au moins le mérite de nous faire lever de notre siège. Mais la prestation peu inspirée des Montréalais contre le Fire de Chicago oblige Klopas à retourner à la planche à dessin.

Gestion et sélections

On a peut-être l'impression de tourner en rond, mais l'innovation a du bon. À preuve, Karl W. Ouimette, une des deux nouveautés du onze partant contre Chicago, a dépassé les attentes placées en lui. Véritable socle en défense centrale, sans lui, l'Impact n'aurait pas résisté aux assauts de Quincy Amarikwa, le buffle américano-nigérian qui compte parmi ses passe-temps... la magie. Décidément!

Mais Ouimette n'en était pas à ses premiers pas dans un rôle de stoppeur qu'il remplit avec une rigueur qui faisait défaut à la défense montréalaise. Il l'avait fait à pied levé l'an dernier en substitution à un Nesta trop fragile pour le synthétique du Stade olympique. L'affaire s'était toutefois compliquée lors de certains matchs à l'extérieur; notamment à Kansas City, justement la prochaine destination du bleu-blanc-noir. Or, plutôt que de jouer aux dés avec un énième retour précipité de Nelson Rivas, voilà une belle occasion de mesurer le progrès réalisé par le jeune défenseur québécois en termes de maturité.

Du coup, c'est au milieu de terrain que Klopas doit absolument revoir ses idées. Le jeu sans queue ni tête de l'Impact contre Chicago souffrait encore d'une circulation trop lente et d'un manque flagrant d'options de passes simples pour le porteur du ballon. Peu importe qui joue, il n'y a pas de repères qui facilitent la conservation de la sphère sous pression. Qui va en appui? Qui reste en soutien? Des triangles? Un losange?

Quant au choix des titulaires - qui font presque autant jaser que les résultats du vote à La Voix; sur mon fil Twitter à moi, en tout cas -, le rejet du capitaine Bernier ne fait qu'envenimer une situation sous le signe de la tension. Vu les résultats toujours aussi décevants, on se demande ce que cette abnégation apporte de bon, tant pour l'entraîneur que pour l'équipe. Pauvre Patrice, je ne sais pas trop ce qu'on te chante au boulot, mais ton coach a pas l'air de t'aimer trop.

On essaie d'en rire. Or, c'est une impression qui peut parfois être trompeuse. Le métier d'entraîneur a ses côtés plus ingrats. À l'aube d'une nouvelle saison estivale de soccer amateur, les dernières sélections représentent un moment difficile à traverser tant pour les joueurs que pour les éducateurs. Phénomène inévitable, il n'est toutefois pas facile de gérer le moral des ignorés, qu'ils aient 10, 13 ou 33 ans. C'est banal, mais il ne jamais se décourager. Pensez à Karl W. Ouimette, sorti du rancart pour devenir titulaire. Et croyez-moi, ça ne s'est pas fait que par magie.