On l'a souvent dit. Une saison, c'est long. Mais la fin de l'été apporte parfois un deuxième souffle aux joueurs, même les plus utilisés. On craignait les déplacements éreintants, le calendrier chargé, etc. Nenni, l'air automnal et sa fraîcheur redonnent de la vigueur au onze montréalais, en particulier à ceux qui comptent le plus de printemps au sein de l'effectif.

La preuve? Il fallait observer Di Vaio faire valser ses adversaires avec ses contre-pieds ou encore Nesta intercepter le ballon sans même se décoiffer contre le Revolution, dimanche...

Bref, à l'issue du dernier match à Foxborough, les plus fervents critiques - et même ceux «qui ne suivent pas vraiment ça» - doivent commencer à se dire que l'Impact possède dès cette saison le moyen d'aller jusqu'au bout de ses ambitions. Et ils ont raison. Mais patience, patience. Un match à la fois, comme disent les initiés.

Toujours est-il que le bleu-blanc-noir, en vertu de ses derniers résultats, nous donne envie de voir davantage de soccer en conditions automnales, même si la saison des couleurs est déjà bien nantie du point de vue sportif.

De la place pour tous les «footballs»

On a beau parler de la croissance du soccer au Québec - c'est maintenant plus populaire que le hockey, me répète-t-on depuis une dizaine d'années -, il est toujours dans notre culture de ranger le ballon rond dès le mois de septembre, question de passer aux choses sérieuses: Canadien, «vrai» football, etc. Voyez le topo?

Et pourtant, comme l'ont prouvé les doyens italiens de l'Impact, l'automne fournit la température idéale pour jouer au foot - celui qui se joue sans les mains. Loin de moi l'idée de partir en guerre contre les fans de ballon ovale, car il y a de la place pour tout ce beau monde pendant l'arrière saison, même dans un bulletin d'information sur le sport le dimanche soir.

En réalité, qu'on le veuille ou non, il existe peut-être une lutte fratricide entre les organisations de l'Impact et des Alouettes pour ravir l'attention et le dollar-loisir enfoui dans le portefeuille de l'amateur de sport montréalais une fois le CH éliminé. Mais c'est avant tout pour l'ensemble de la communauté du ballon rond que je réclame un droit au soccer automnal. Appelez-moi le Luc Ferrandez du foot québécois, je caresse ouvertement le rêve de changer vos habitudes footballistiques!

Sauf que le problème n'est pas seulement culturel, sinon structurel. On a déjà fait allusion à la fatigue accumulée qui mine le développement des joueurs chez nous. Ce qui cloche avec le calendrier du soccer québécois, c'est sa densité. Autrement dit, il se dispute trop de matchs entre mai et août, mais pas assez avant ou après. Ne serait-ce que du point de vue de la qualité du jeu, on gagnerait à mieux espacer les rencontres.

Avec tous les terrains synthétiques et les centres inté- rieurs que compte maintenant la province et qui permettent de jouer 12 mois sur 12, il est inconcevable que la Fédération de soccer tienne encore les finales de Coupe du Québec - sa compétition phare et point culminant de la saison - à la fête du Travail. Cette date hâtive condense toutes les rencontres prévues au préalable et soustrait à l'importance de celles qui suivent.

À la défense de notre Fédé, les obligations imposées par l'Association canadienne et son championnat national, qui a lieu au début du mois d'octobre, compliquent l'étalement du calendrier provincial. Mais quand on connaît le nombre d'équipes de soccer mineur qui peinent à compléter leur alignement au mois de juillet en raison des absences estivales, on est en droit de se demander si le monde du soccer ne devrait pas s'octroyer une pause au milieu de l'été pour revenir en force après la rentrée.

Envahissante comme nouvelle demande d'accommodement? Quand je vois tous les terrains inoccupés en octobre et en novembre, j'y vois plutôt une nécessité pour que le milieu du soccer puisse mieux respirer. Et plus particulièrement l'air frais d'automne.