La preuve est faite. Ah, ce qu'un peu de repos peut avoir comme effet sur le rendement de certains éléments! Après avoir essuyé bien des critiques au sujet de sa politique de rotation du personnel en Ligue des champions, l'Impact de Montréal a répliqué en disputant son meilleur match de la saison, samedi, contre le Dynamo de Houston. Cinq buts, tous aussi savoureux les uns que les autres.

Une réaction semblable à celle qui avait suivi la précédente levée de boucliers des amateurs quand le onze montréalais s'était incliné en Championnat canadien à Toronto. L'Impact avait alors enfoncé six buts contre ses rivaux en rouge. Mais s'il est réducteur d'apposer un simple lien de cause à effet entre le congé «imposé» aux joueurs-cadres en milieu de semaine et cette victoire tonitruante, la performance des Nesta, Mapp, Bernier et Di Vaio contre le Dynamo démontre que la direction montréalaise sait comment s'y prendre pour obtenir d'eux une meilleure productivité. Lucien Bouchard en serait fier.

Difficile de ne pas s'emporter à la vue de l'irrépressible vigueur déployée par l'attaque montréalaise au stade Saputo. Même Alessandro Nesta - auteur de son match le plus accompli depuis qu'il porte l'uniforme bleu-blanc-noir - faisait dans l'hyperbole au terme de la rencontre de samedi. «Nous n'avons pas de limite. Cette équipe peut remporter [le championnat de] la ligue... Surtout avec Marco qui marque à chaque match!»

Voilà qui témoigne d'un bel optimisme, même s'il fait fi de l'inconstance qui touche épisodiquement le onze montréalais. Mais qui se permettrait de contredire le grand Nesta après une démonstration aussi convaincante? Certainement pas des dirigeants du club soucieux de maintenir de bonnes relations avec sa légion d'ex-Azzurri...

C'est un signe

Quoi qu'il en soit, l'entente développée entre le trident formé par Di Vaio, Mapp et Felipe permet assurément à l'Impact de prétendre aux grands honneurs dès cette année. On a beau parler de la jeunesse de la concession montréalaise dans le circuit Garber, force est de constater que cette équipe arrive déjà à maturité. Ça tombe à pic, puisque l'Impact sera contraint d'amorcer une reconstruction dès l'an prochain à cause de l'âge avancé - et des situations contractuelles - de Nesta et Di Vaio.

Or, les astres semblent présentement s'aligner pour le club montréalais. Avec sa défense basée sur un partenariat franco-italien, un héros local au coeur du milieu, des attaquants qui sèment la terreur chez l'adversaire, ça commence à ressembler étrangement au premier championnat de 1994. On serait presque tenté d'y voir un signe!

Avant toute chose, il faudra confirmer sa place en séries éliminatoires. Et bien qu'elle ne soit pas encore garantie, il est déjà important de commencer à planifier en conséquence. Ce qui veut dire que l'on n'a peut-être pas fini de voir des rotations, aussi impopulaires soient-elles.

Étant donné l'écart de niveau entre les joueurs de premier plan du club et leurs remplaçants, on se doute que la manoeuvre risque fort d'irriter certains partisans. La culture de la victoire est si forte à l'Impact que cette mesure davantage axée sur le développement à long terme agace tous ceux qui se focalisent sur le résultat à courte échéance. Au préalable, le onze montréalais - dans sa version sans compromis - aura l'occasion de conforter sa position en tête de la section Est avec deux déplacements contre des adversaires qui aspirent eux aussi aux séries, soit l'Union de Philadelphie et le Revolution de la Nouvelle-Angleterre.

Ça tombe bien, puisque les voyages sont l'autre dossier à mettre en priorité chez l'Impact d'ici la fin de la saison. On l'a vu, quand il part chez l'Oncle Sam, le onze montréalais n'a pas encore trouvé le moyen de se montrer «calme et souverain comme des Américains». Puis-je me permettre de suggérer d'ajouter du Pierre Flynn dans la liste d'écoute du vestiaire avant les matchs?