Ça ne tourne pas rond. L'Impact de Montréal n'a plus l'allant de son début de saison qui surpassait les attentes. Marco Schällibaum a beau faire de longues réunions avec ses joueurs, bouillir sur la touche pendant le match ou jongler du mieux qu'il peut entre 4-3-3 et 4-4-2, la formule utilisée importe peu: les résultats ne sont tout simplement plus au rendez-vous.

Depuis le sommet atteint avec le titre de champion canadien acquis à la fin du mois de mai, la trajectoire globale du club est à la baisse. Les experts financiers vous diront que c'est le meilleur moment pour acheter, mais à force de perdre des plumes, le onze montréalais doit commencer à faire douter jusqu'aux plus ardents partisans du bleu-blanc-noir. Il faudrait demander à Warren Buffett ce qu'il en pense.

Pour leur part, comme c'est souvent le cas dans ce genre de mauvaise passe, les joueurs répéteront qu'une saison, c'est toujours long et que c'est fait de hauts et de bas. Mais après un revers humiliant à Washington contre la dernière équipe du classement, il faudra bien du courage pour claironner un tel message alors que le moral est dans les talons. Quand même un but de Jeb Brovsky ne suffit plus comme remontant, c'est que l'apathie guette.

Le moment du traitement-choc?

Les passages à vide ayant été nombreux durant les 20 années d'histoire de l'Impact de Montréal, l'état-major n'a jamais lésiné sur les moyens à employer pour sortir un effectif moribond de sa torpeur. De l'extérieur, on en vient presque à apprécier ce léger penchant pour le mélodrame.

C'est une autre histoire quand on fait partie de l'organisation. Au fil de mes 11 saisons dans l'uniforme montréalais, j'ai perdu le compte du nombre de joueurs à l'essai faisant irruption à l'entraînement au lendemain d'une défaite. De quoi rester en état d'alerte quand on est titulaire, ce qui est assurément l'objectif d'une direction ambitieuse, bien que la confiance en soi s'entame un peu plus à l'apparition de chaque nouveau visage dans le vestiaire.

Si les relents d'orgueil permettent initialement de réagir positivement à cette forme de "thérapie", au fil du temps, la plupart des joueurs finissent par éprouver une aversion à l'égard de la prise de risque qui nuit à leur rendement. Or, cette méthode fait toutefois figure de médecine douce par rapport aux autres traitements-chocs utilisés.

Parmi ceux-ci, les transactions majeures, comme l'échange de Zé Roberto en retour de Joey Gertsen et David Testo - c'était en 2007 - ou le retour des ostracisés Antonio Ribeiro et Ali Gerba en 2010, ont à tout le moins eu le mérite de secouer positivement une équipe en perte de vitesse. Il semble cependant que la direction montréalaise ait voulu éviter ce type de traumatisme sur son effectif cette année en y greffant Piscu et Bernardello. Une intervention ciblée, par définition moins invasive, ce qui n'empêche pas que l'on mise gros sur eux pour obtenir l'effet désiré.

À défaut de suffire, il restera toujours la sortie en règle du président pour électrifier ses ouailles - un geste qui reste gravé dans les mémoires comme l'ultime remède aux grands maux du bleu-blanc-noir. À tort ou à raison, on associe encore aujourd'hui les propos au vitriol du Grand Timonier de l'Impact à un revirement de situation salutaire pour l'organisation. Mais un coup de gueule, aussi violent soit-il, peut-il expliquer à lui seul un tel changement de fortune?

Pourtant, on ne sent pas que la panique a envahi les bureaux du stade Saputo.

Bien des choses ont changé depuis le passage du club en MLS. Peut-être croit-on davantage que les joueurs seront capables de se regarder dans le miroir pour corriger une attitude de plus en plus éloignée de ce qu'elle était en début de campagne? On leur souhaite la lucidité nécessaire pour le réaliser. Parce qu'un électrochoc, ça laisse des séquelles.