Allons-y dans la métaphore. Une saison avec l'Impact de Montréal, ça ressemble beaucoup à un tour de montagnes russes. Pour paraphraser le discours de la grand-mère dans le film Parenthood - on reste marqué par certains classiques plus que d'autres -, le club montréalais affectionne les trajets remplis de hauts et de bas, ce qui rend les choses excitantes. Mais parmi les joueurs qui font partie de l'effectif, il s'en trouve sûrement qui éprouvent des maux de coeur à force de traverser autant de rebondissements.

Prenons le cas de Karl Ouimette, jeune espoir québécois passé professionnel l'an dernier après trois saisons au sein de la réserve du club. Un peu en marge lors du camp d'entraînement - on ne lui a donné qu'une poignée de minutes durant les matchs préparatoires -, le défenseur central originaire de Terrebonne a toutefois été choisi pour combler l'absence d'Alessandro Nesta lors du match contre les Red Bulls de New York, le 23 mars.

Un rôle qu'il a rempli à la perfection dans la victoire de 1-0 des Montréalais au Stade olympique. De l'avis de Wilfried Nancy, entraîneur de l'Académie qui a déjà dirigé Ouimette lorsque celui-ci avait 15 ans, «le match contre New York a été vraiment bon. En plus, Karl était malade et il avait un examen à l'université, mais il a très bien fait. J'ai retrouvé ce jour-là, au sein de l'Impact, le joueur que je connaissais depuis longtemps.»

Reconduit dans la charnière centrale pour le déplacement à Kansas City, Ouimette a connu une sortie nettement plus difficile contre un Sporting, qui avait repris des couleurs à la suite d'un début de saison en demi-teinte. Bien qu'il n'ait pas été le seul à passer un moment difficile dans le Midwest américain, les critiques d'amateurs déçus de cette première défaite en cinq matchs du onze montréalais n'ont pas été tendres à l'égard du jeune défenseur.

Un test pour le moral

Héros un jour, zéro la semaine suivante, pas évident pour un espoir de naviguer les eaux troubles du début de carrière professionnelle à Montréal. Surtout quand on vous juge à l'aide de clichés du genre: votre valeur n'est égale qu'à l'impression que vous avez laissée à votre dernière performance - ce qui est, croyez-le ou non, assez courant dans le monde du sport.

Si le retour imminent de Nesta est une bonne nouvelle pour le club, il risque de confiner Ouimette au banc pendant un bon moment. De quoi tester le moral d'un joueur qui est toutefois reconnu pour sa persévérance.

«Quand il a quelque chose dans la tête, il est impressionnant, dit Nancy. Il travaille pour [obtenir ce qu'il veut]. À Kansas City, il faisait face à une très bonne équipe. Il n'était pas le seul en difficulté, mais il a eu du mal dans les duels, où il excelle habituellement. Il a quand même connu une bonne deuxième mi-temps. Ça montre qu'il a du caractère.»

Nancy dirigeait l'équipe du Québec U16 médaillée d'or au championnat canadien des Sélections en 2008. À l'époque, il avait convoqué Ouimette sur le tard, car il entretenait des doutes sur sa capacité à jouer à un tel niveau. «On avait besoin d'un défenseur central. Karl était intéressant dans les duels, mais limité techniquement. On avait des craintes.

«Pourtant, lors du tournoi, il avait été parmi les meilleurs. Il jouait déjà selon ses forces et il se démarquait des autres par rapport à ça. Finalement, on n'avait pris aucun but. Il avait largement contribué à ça.»

Pour revenir à ses récentes mésaventures, Nancy se fait philosophe. «Un match où il est à l'aise, un match où il est en difficulté... Ça va être formateur pour lui.» Ne reste maintenant à Ouimette qu'à se remettre en ligne pour attendre le prochain tour de montagnes russes.