La privation a ses bienfaits. Il n'y a pas que les amateurs de hockey qui filent le parfait bonheur depuis la reprise des hostilités dans le circuit Bettman. Les amants du ballon rond aussi ont retrouvé le sourire depuis le retour des huitièmes de finale de la Ligue des Champions. M'est avis que si vous entendez des cris, des rires ou des pleurs aujourd'hui ou demain en fin d'après-midi au bureau, ce n'est peut-être pas en raison du dernier mémo.

Après le Real Madrid et Manchester United il y a une semaine, ce sera le tour d'autres poids lourds comme le Bayern Munich et le FC Barcelone d'entrer en scène. Ces deux clubs, faisant figure de favoris, seront opposés à Arsenal et à l'AC Milan respectivement.

Dans le cas du club allemand, l'affrontement de mardi contre les Londoniens d'Arsenal ne devrait pas poser de graves problèmes. D'ailleurs, si la trajectoire des deux équipes en championnat national peut servir d'indicateur, les Bavarois ne feront qu'une seule bouchée de la décevante troupe d'Arsène Wenger.

À peine éliminés de la FA Cup par le modeste Blackburn, c'est avec peu d'espoir de réussite que les Gunners se rabattront sur la Ligue des Champions. Ils ont beau rêver d'une réaction orgueilleuse de leurs favoris, pour une huitième saison consécutive, les seuls palmarès où trônent les partisans d'Arsenal sont ceux de la frustration et du misérabilisme.

De son côté, le Bayern Munich domine la Bundesliga avec une facilité déconcertante. Finaliste de la Ligue des Champions à deux reprises ces dernières années, le futur club de Pep Guardiola semble de plus en plus équilibré depuis l'acquisition du Basque Javi Martinez en milieu de terrain et du Croate Mario Mandzukic en attaque. Bien qu'un match nul à l'aller suffirait à donner l'avantage au Bayern avant le retour à la maison, j'ai le pressentiment que le club allemand pourrait s'imposer dès le départ à l'Emirates Stadium.

Le danger d'être archifavori

Dans l'autre affiche qui retient l'attention, mon Barça adoré fait figure d'archifavori devant un AC Milan bien loin des belles années de l'ère Sacchi.

Bien que les Rossoneri aient retrouvé des couleurs en attaque depuis l'arrivée de Mario Balotelli, ce dernier n'est pas admissible pour représenter son nouveau club en Ligue des Champions ayant disputé des matchs avec Manchester City durant la phase de groupe.

Rares sont ceux qui croient les Italiens capables de contenir les puissants Blaugranas menés par Lionel Messi et Andrés Iniesta. On anticipe tellement une domination outrageuse du Barça que chaque minute où le ballon n'entrera pas dans la cage du gardien milanais fera l'objet d'une victoire morale dans le camp transalpin.

Et c'est justement ce qui pourrait donner du courage à une équipe négligée. Une formation en reconstruction qui compte sur un talent en pleine ébullition en Stephan El Shaarawy. La révélation de la saison à Milan revient d'une blessure et il pourrait très bien tourmenter la défense catalane.

Pour le Barça, le piège est l'excès de confiance. Rarement en proie à la panique, la formation barcelonaise devra toutefois éviter d'encaisser des buts de façon maladroite comme ce fut le cas lors de ses derniers déplacements à San Siro, que ce soit contre l'Inter ou l'AC Milan. Alors que le calendrier commence à se corser, les Catalans joueront probablement sans leur métronome Xavi, qui se remet lui aussi d'une blessure à la cuisse.

C'est peut-être un réflexe de partisan, mais à force de qualifier le Barça d'invincible, j'ai l'impression que les adversaires du géant catalan prennent goût à s'octroyer le rôle de «David». Ils sont nombreux à paraître «petits» à côté des Messi, Iniesta ou Xavi.

N'en déplaise aux pourfendeurs du tiki-taka, il demeure que les Blaugranas continuent d'épater par leur créativité. En ces temps de carême, il me semble que c'est une petite douceur dont on serait fou de se priver.