Il reste encore bien du chemin à faire. Tout de même, ça faisait longtemps que le Canada n'avait pas été en aussi bonne position dans le cadre des qualifications pour une Coupe du Monde de soccer masculine.

Surprenants meneurs de leur groupe avec la moitié des matchs joués, le Canada a de quoi réjouir les amateurs avec ses résultats, même s'il ne s'agit que du troisième tour éliminatoire sur quatre d'un long processus servant à déterminer quels pays de la CONCACAF iront à la Coupe du Monde de 2014 au Brésil.

J'insiste. Sept points accumulés en trois matchs! Voilà qui était pratiquement inespéré en dépit d'un tirage au sort plutôt favorable permettant au Canada d'éviter les États-Unis et le Mexique. On avait beau miser sur les deux matchs à domicile, il faut reconnaître que les terrains canadiens - incluant le BMO Field de Toronto - n'ont pas encore la réputation d'être des forteresses imprenables.

Passablement aigris par des décennies d'insuccès, nombreux étaient les partisans qui broyaient du noir après un match nul concédé au Honduras en juin dernier. Plusieurs croyaient que les hommes de Stephen Hart venaient de sérieusement compromettre leurs chances de qualification au tour suivant. Or, la victoire de vendredi contre le Panama a redonné le sourire aux plus cyniques. Et l'embellie de se poursuivre pour le soccer canadien après la médaille de bronze des filles aux Olympiques. Espérons que ça durera.

La fin justifie les moyens

Soyons réalistes, on a déjà vu le Canada mieux jouer que dans ses trois derniers matchs de qualification. La circulation de ballon a déjà été plus fluide - à la Gold Cup de 2007 - et l'attaque, plus créative. Cependant, la défense unifoliée reste imperméable et la confiance du groupe est en croissance. Peu importe que la manière ne soit pas au rendez-vous, les points à l'enjeu ont tous la même valeur, qu'ils soient obtenus à l'arraché contre un négligé ou avec panache contre un favori.

Bref, ce qu'il reste à faire au Canada ce tour-ci: amasser quatre points de plus sur une possibilité de neuf. Mathématiquement, l'opération semble aisée, mais les déplacements en Amérique centrale sont rarement une partie de plaisir pour les équipes de soccer de la CONCACAF. Oubliez la plage, les leçons de danse et les margaritas, cette formule tout compris inclut plutôt des décibels, une foule hostile et toutes les formes d'intimidation imaginables.

La défense canadienne s'est montrée sereine depuis le début des qualifications, en grande partie parce qu'elle compte sur des joueurs mûrs comme McKenna, Jazic et Hainault, qui ont déjà traversé ce genre d'épreuves. L'assise est peut-être solide, mais il serait suicidaire de se contenter de subir lors des prochains matchs, un peu comme en fin de rencontre vendredi dernier. L'insertion de Patrice Bernier en milieu de terrain aidera certainement à renforcer l'équipe à Panama City. Malheureusement, on n'a pas vraiment l'impression que l'attaque est en mesure de procurer un petit coussin à sa défense.

À moins que les avants canadiens ne s'expriment mieux à l'étranger, libérés de la pression qu'ils s'infligent à domicile? C'est plutôt optimiste comme théorie. Quelque chose me dit que ce n'est pas qu'une simple question de volonté et que je ferais mieux de m'en tenir au soccer plutôt qu'à une relecture de Schopenhauer!

Parlant de philosophe, comme le disait l'ancien entraîneur de l'Impact Bob Lilley, dans ce genre de compétition à la ronde où l'on affronte chaque équipe à deux reprises, le meilleur moyen de l'emporter est de conserver une fiche positive contre chaque rival. Ainsi, on s'assure de terminer au-dessus du lot!

En suivant cette logique, on s'aperçoit que le Canada a déjà l'avantage contre Cuba et Panama. Il faut donc conserver cette longueur d'avance pour assurer la qualification, peu importe le résultat contre le Honduras, l'équipe qui me semble désormais la plus coriace du groupe. En somme, la route pour Rio et São Paulo passe tout d'abord par le Panama. Nul besoin de traverser le canal, une victoire suffira.