Ils ont réussi. Trois points sur la route que le club bleu-blanc-noir ne pouvait se permettre d'échapper dans sa quête de faire les séries.

Une victoire (1-0 à Foxborough, dimanche) sans charisme - à part l'exploit salvateur de l'intenable Sanna Nyassi -, mais un gain qui compense en partie les points égarés aux quatre coins des États-Unis tout au long d'une saison laborieuse en déplacements.

À l'image de son nouveau gardien Troy Perkins, moins spectaculaire que Ricketts mais ô combien plus rassurant, l'Impact a confirmé sa supériorité sur un adversaire moins bien classé que lui, même si le onze montréalais ne s'est pas procuré les meilleures occasions de marquer.

Or, domination ne va pas toujours de pair avec concrétisation. D'ailleurs, la tendance semble être à l'opposé de cette association si recherchée par les temps qui courent. Si je vous dis médaille de bronze, Canada-France, Diana Matheson...

La manière n'y était pas, mais le résultat, oui. Ce qui a conduit Matteo Ferrari à affirmer qu'il était fier de son équipe au terme de cette épreuve réussie. On pourrait penser que cette victoire à Boston fera le bonheur de la «Garde», dont une vaillante cohorte avait fait le voyage pour animer les représentants de l'Impact dans un Foxborough tristounet. Mais de là à ce que cet enthousiasme ne gagne la majorité silencieuse, vous me permettrez de rester un brin sceptique.

Les attentes du public

Certes, le public montréalais, avec ses accents latins, a soif d'une équipe gagnante. Or, la tribune, à l'instar de la direction du club, espère aussi être conquise par une formation qui fera l'envie de ses concurrents en ligue majeure.

En ce sens, il serait illusoire de penser qu'un éventuel dossier positif suffira à combler les attentes. J'entrevois déjà le jour où les gradins du stade Saputo se feront l'écho de ceux du Santiago Bernabeu de Madrid, qui ne craignent pas de siffler l'équipe de Jose Mourinho quand elle n'offre pas le spectacle attendu. Et cela, même si elle gagne par une poignée de buts!

Le beurre et l'argent du beurre, voilà ce qu'il faut. Ce club n'est pas né pour un petit pain.

En attendant l'apothéose, on pourra néanmoins se réjouir de l'attitude déployée par le onze montréalais lors d'un match où l'animation offensive était loin d'être au diapason. Un gain à l'étranger peut faire des miracles pour la confiance d'un groupe, même lorsqu'il n'offre pas grand-chose en matière de spectacle. Et en cultivant ce genre de réussite, on arrive parfois à y greffer une identité de jeu capable de ravir un auditoire, si exigeant soit-il.

Travail de longue haleine

À cet effet, l'exemple de l'équipe nationale féminine pourrait servir à calmer les ardeurs de partisans vite gagnés par des idées de grandeur. Si le succès de Londres a été aussi retentissant - autant pour les profanes que pour les observateurs avertis -, c'est aussi parce que pendant plus d'une décennie, les joueuses canadiennes ont elles-mêmes alterné entre manière et efficacité.

On se souviendra des succès sans saveur de l'entraîneur norvégien Evan Pellerud, qui cachaient le déclin de la nation face à la montée en puissance d'équipes autrefois négligées.

Le changement de cap imposé ensuite par l'Italienne Carolina Morace allait donner une équipe mieux rodée tactiquement, mais si fragile mentalement qu'elle n'a jamais pu éviter le naufrage. Victime d'un cuisant échec il y a un an à la Coupe du monde, la sélection canadienne a toutefois trouvé le moyen de rebondir sous l'impulsion de son nouveau guide, le Britannique John Herdman.

Un revirement de situation exceptionnel qui nous a donné une équipe agréable à voir jouer, qui a forgé sa véritable identité à force de gagner. Comme quoi la charrue et le boeuf peuvent être placés dans l'ordre que l'on veut au soccer, pourvu que ça avance...