Il se passe des choses... Près de 48 000 personnes au Rogers Center de Toronto un soir de semaine pour un match de soccer entre le club local et l'équipe championne de MLS. D'une estimation prudente, on prévoit une foule qui avoisinera les 50 000 personnes au Stade olympique pour le match d'ouverture à domicile de l'Impact. Et nous ne sommes qu'en mars! J'aurais pourtant juré que la ville était hockey... Même les bulletins d'information du sport s'ouvrent sur des images des exploits de Lionel Messi en Ligue des champions. Se pourrait-il que la «conquête» soit bel et bien commencée?

J'écoutais cette semaine à la radio le président Joey Saputo comparer le passage de l'Impact en MLS à la naissance d'un second enfant. Une façon habile de ne pas passer sous silence la contribution de tous ceux qui ont été engagés dans le club depuis la première «naissance». On n'a pas l'habitude de sentir un tel engouement médiatique autour du onze montréalais. Or, Saputo a tôt fait de rappeler à tous que son club est sur pied depuis belle lurette. Même certains scribes semblent l'oublier! Faut-il mettre ça sur le dos de la fièvre des ligues majeures?

Pendant ses 18 années d'existence, l'équipe aura pourtant réussi à marquer quelques pages de l'histoire sportive de la métropole. Mais jamais auparavant la scène sur laquelle l'Impact devra jouer n'aura eu une telle envergure. Et jamais il n'y aura eu autant de curiosité pour une équipe qui se sera complètement métamorphosée depuis la dernière année en NASL.

Un véritable intérêt

J'ai toujours cru que la montée de la popularité du soccer au Québec serait l'affaire d'une génération. La pratique du sport est en croissance depuis des décennies, mais l'intérêt qu'on porte au soccer professionnel n'a pas suivi une courbe ascendante aussi prononcée. En marge des événements majeurs comme la Coupe du monde ou l'Euro, le public montréalais s'est toujours intéressé de façon plutôt distraite aux performances du club bleu-blanc-noir. J'ai souvenir qu'une bonne partie de la foule au stade Saputo réagissait davantage aux simagrées de la mascotte Tak Tik qu'aux actions réussies sur la pelouse.

Toutefois, le côté glamour de la MLS attire déjà les projecteurs qu'on réservait ici aux sports plus vendeurs en Amérique du Nord. C'est une vitrine sans précédent pour le soccer, un sport dont la culture prend peu à peu racine dans le pays, bien qu'on décèle toujours un soupçon d'étonnement dans les médias traditionnels quand on annonce que le stade est plein pour du ballon rond alors qu'on est encore en hiver.

L'appui de la foule

J'avais du mal à croire qu'on était toujours en sol canadien en regardant les banderoles rouge et blanc qui décoraient les balcons du stade torontois lors du match de quart de finale de Ligue des champions Concacaf. L'atmosphère endiablée qui se dégageait du public a certainement contribué à la bonne performance des hommes d'Aron Winter tout en embêtant, pendant une longue partie du match, le Galaxy de David Beckham.

Voilà qui donne le ton pour le lancement de la saison du onze montréalais. Même si l'attrait principal de certaines rencontres sera parfois une vedette de l'équipe adverse, comme Beckham ou Thierry Henry, chaque match de l'Impact représentera une occasion de témoigner de l'appui des gens de la ville à leur équipe.

En cette période où plusieurs partisans montréalais cherchent un véhicule digne de porter leurs espoirs, il y a de quoi se laisser gagner par la fièvre. Ça commence demain soir!