Revirement de situation. L'Impact vient d'aligner trois succès consécutifs et l'équipe emprunte dorénavant une trajectoire semblable à celles des éditions récentes du club - des équipes qui, après un mauvais départ, atteignent leur meilleur niveau une fois l'automne venu.

La qualification pour les séries est loin d'être acquise, mais de tous les clubs en lutte pour les dernières places disponibles, l'Impact est sans contredit la formation la plus redoutable.

Fait inusité, on retrouve le sourire juste à temps pour la photo d'équipe qui sera prise cette semaine. Ce n'est pas un hasard si on attend si tard en saison pour immortaliser le souvenir des joueurs faisant partie de la dernière édition de l'Impact pré-MLS. En comparant le portrait de famille actuel avec le guide média de début de saison, on se rend compte à quel point les choses peuvent changer rapidement au stade Saputo.

Plus de traces des Tsiskaridze, Ech-Chergui et Kevin Hatchi tandis que Pore, Knowles et Ubiparipovic font maintenant partie de l'équipe.

L'amélioration du rendement sur le terrain est certainement due au fait que les joueurs arrivent finalement à maximiser leur potentiel alors que c'était rarement le cas plus tôt cette saison. Le climat de confiance s'est s'installé dans le groupe et il est certain qu'on voudra préserver cette atmosphère le plus longtemps possible. À preuve, l'alignement partant des trois derniers matchs est inchangé. Aussi faut-il s'attendre à une répétition du onze titulaire lors de la prochaine partie.

Avec les résultats positifs, les joueurs sont également plus disposés à prendre des risques, ce qui, de toute évidence, sourit à l'Impact par les temps qui courent. On se gardera d'être trop optimiste, mais on peut croire que si Nick De Santis broyait du noir il y de ça quelques semaines, il voit maintenant la vie en rose.

Son équipe gagne et elle joue bien. On prend d'ailleurs goût au rythme imposé par le milieu créatif Sinisa Ubiparipovic, l'une des dernières acquisitions du directeur-entraîneur.

Recrutement plus heureux

Comme Pascal Milano l'écrivait récemment, le recrutement estival s'avère donc beaucoup plus concluant que celui réalisé pendant l'hiver dernier. Le directeur sportif étant toujours le même, il faut s'interroger sur ce qui explique le succès des récents transfertsen comparaison des transactions de l'entre-saison.

Parmi les joueurs qui performent en ce moment pour l'Impact - citons par exemple Pore, Knowles ou Sebrango - on remarque que la plupart sont des athlètes qui ont une expérience approfondie du soccer nord-américain et qui s'intègrent rapidement dans l'environnement montréalais.

Il s'agit aussi de joueurs à la recherche d'une deuxième chance puisqu'ils ont échoué ailleurs avant de se retrouver avec l'Impact. On les sent souvent moins crispés que certains coéquipiers qui marinent dans le club depuis plus longtemps. Dans un contexte où la direction sent qu'elle n'a plus rien à perdre, ces joueurs réunissent plusieurs conditions favorisant l'énergie qui faisait défaut jusque-là.

Ce constat ne sonne pas nécessairement le glas des joueurs européens, mais il ne serait pas surprenant qu'on favorise une autre filière en vue de l'an prochain. On peut aussi se demander si la longue période préparatoire truffée de matchs amicaux sans enjeu fausse la donne quant au potentiel réel des joueurs à l'essai l'hiver.

En attendant que messieurs De Santis et Marsch se penchent sur ces questions, l'objectif à court terme est de maintenir la cadence jusqu'à ce que l'Impact obtienne son billet pour les séries.

La confiance étant quelque chose de fragile, De Santis portera une attention particulière à l'état d'esprit du groupe. La mentalité gagnante qu'on recherchait semble s'enraciner chez le groupe de titulaires. Il doit espérer que tous ses joueurs se sentent empreints de la même énergie d'autant plus que certains cadres sont moins sollicités dernièrement.

En résumé, pour une équipe dont on ne donnait pas cher il y a quelques semaines, le revirement est positif. Historiquement, l'Impact se comporte bien mieux lorsqu'on lui donne le rôle de négligé. Le club a horreur d'être couronné favori. Or, après un début de saison atroce, l'équipe montréalaise n'a rien changé en 2011.

Photo: Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Eduardo Sebrango