À quatre mois de la Coupe du monde, l'équipe nationale féminine canadienne aurait sans doute rêvé d'une meilleure préparation. En guise de protestation au départ annoncé de la sélectionneuse Carolina Morace, causé par un différend avec l'Association canadienne de soccer, les joueuses ont décidé de ne plus disputer le moindre match international. En attendant un règlement entre les deux parties, elles ne prendront part qu'aux entraînements.

Si la décision de l'Italienne, qui prendra effet après le Mondial, a été dévoilée publiquement vendredi, elle avait pris soin d'avertir ses joueuses lors du récent tournoi des Quatre nations disputé en Chine. «Elle veut que son contrat soit respecté, a indiqué la défenseure Marie-Ève Nault, jointe au téléphone par La Presse, hier. Elle souhaite disposer de son budget et des ressources comme elle le veut. Que ce soit pour les camps ou les matchs de préparation pour le Mondial.»

Dans la foulée de la décision de Morace, l'ensemble des joueuses ont pris position en faveur de celle qui a revitalisé la sélection canadienne depuis son arrivée en février 2009. Un vote par courriel a ainsi été organisé, lundi, avec, au bout du compte, un message fort envoyé à l'ACS.

«En tant qu'équipe, on a décidé d'être à 100% derrière elle, a indiqué l'attaquante Josée Bélanger à La Presse, hier. C'est grâce à elle que nous avons eu du succès l'an dernier et nous sommes prêtes à tout faire pour lui démontrer notre appui.»

Sous la direction de Morace, les Canadiennes ont connu une année 2010 des plus fastes. Avec à la clé des victoires lors du tournoi de Chypre, des qualifications de la CONCACAF pour le Mondial et enfin lors du tournoi des Quatre nations, disputé au Brésil en décembre.

Aujourd'hui neuvième au classement de la FIFA, le Canada de Morace présente un visage totalement différent par rapport à celui de son prédécesseur, Even Pellerud. Et cela va bien plus loin que la fiche de 19-8-5.

«C'est quelqu'un avec de belles valeurs. Nous sommes passées d'un kick and run à un jeu avec davantage de passes et de possession, poursuit Bélanger. Avec elle, tout est pensé, tout est planifié et on a pu le démontrer dans la dernière année.»

Même si les Canadiennes sont tombées dans un groupe relevé au prochain Mondial, les chances de continuer sur cette lancée en Allemagne sont fortes. Mais le jeu en vaut la chandelle, selon ce qu'a indiqué la capitaine Christine Sinclair à La Presse Canadienne, lundi soir.

«Ce n'est pas une décision prise à la légère, sachant qu'il s'agit probablement de notre meilleure chance de médaille à une Coupe du monde.

«Cela fait 10 ans que je joue pour l'équipe nationale et rien n'a changé. En fait, les choses ont même régressé lorsque l'on parle de la façon dont l'ACS traite l'équipe féminine. Et je pense que je suis à un point dans ma carrière et dans une position au sein de l'équipe où l'on se bat pour un portrait plus global. On se bat pour les jeunes joueuses de l'équipe et tous les jeunes enfants qui pratiquent le soccer au Canada.»

Au-delà du respect du contrat de Morace, l'équipe féminine souhaite ainsi que l'ACS lui offre un appui identique à celui fourni à son homologue masculine. «Lorsque l'on parle d'appui, on parle de tout ce qui a trait à notre compensation financière. On veut l'équité, mais l'ACS ne souhaite pas nous la donner. On recherche quelque chose de plus stable», selon Nault. Les joueuses de l'équipe canadienne n'ont ainsi pas été rémunérées lors des Jeux olympiques de 2008 et n'auraient rien touché si elles avaient raté leur qualification pour le Mondial.

L'équipe canadienne s'envole vendredi en direction de l'Italie et devait en théorie disputer le tournoi de Chypre le 3 mars. Le ballon est maintenant dans le camp de l'ACS qui attend une rencontre entre Morace et le comité national avant de commenter la situation.