La disgrâce de Karim Benzema en équipe de France devrait se poursuivre contre les Iles Féroé, samedi à Guingamp, Raymond Domenech refusant toujours au néo-Madrilène, pourtant brillant depuis son arrivée au Real, une place de titulaire.

Ce séjour en Bretagne ne sera donc pas celui de la réconciliation entre le sélectionneur et l'ancien Lyonnais. Le suspense a été éventé lors de l'entraînement de mercredi à Guingamp: Benzema a clairement figuré dans l'équipe des remplaçants et semble condamné à vivre la partie face aux Féroé sur le banc de touche.

Sa convocation pour les deux derniers rendez-vous des Bleus dans les éliminatoires du Mondial-2010 (Iles Féroé samedi et Autriche mercredi) pouvait laisser croire à une paix des braves avec le patron des Bleus.

Mais même si Domenech a fait l'effort de l'inclure dans son groupe, il n'a pas digéré ses déclarations et n'est pas prêt à pardonner aussi facilement ce qu'il considère comme un écart de langage.

Il y a deux semaines, l'aveu de Benzema sur son attitude lors de France-Roumanie (1-1), le 5 septembre, a en effet jeté le trouble. L'attaquant avait affirmé qu'il n'avait pas eu envie «de tout donner» lors de son entrée en fin de rencontre alors que l'issue du match était capitale pour les Bleus.

Jeudi, le Madrilène a tenté de calmer le jeu. «Il y a eu beaucoup de problèmes sur ce que j'ai pu dire sur cette entrée en jeu mais je n'ai pas de regrets, a-t-il déclaré. Certains ont mal interprété ou mal compris ce que j'ai dit. Je me suis aussi peut-être mal exprimé.»

Individualisme

Le malaise est pourtant palpable depuis plusieurs mois entre Benzema et Domenech. Le sélectionneur a été le premier à lui donner sa chance, lui offrant sa première sélection en 2007 contre l'Autriche en amical (1-0). Ce soir-là, Benzema avait inscrit l'unique but du match et semblait avoir pris date pour l'avenir. Deux ans plus tard, sa relation avec le patron des Bleus reste marquée du sceau de l'incompréhension.

L'individualisme qu'incarne le Madrilène et son attitude désinvolte sont à des années-lumière du message que souhaite véhiculer le sélectionneur.

Depuis le fiasco de l'Euro-2008, ses apparitions en bleu sont devenues épisodiques (il n'a disputé que 17 minutes lors des trois dernières sorties de la sélection). Et aujourd'hui, Benzema est relégué au 4e rang des attaquants bleus derrière Henry, Anelka et Gignac.

«Sur une mi-temps, dix minutes, je ne vois pas ce qu'on peut montrer», a-t-il expliqué, dépité.

Sur le plan sportif, Benzema n'a jamais flambé en équipe de France (6 buts en 25 sélections). Mais le Real Madrid, qui a déboursé 35 millions d'euros pour le débaucher cet été de Lyon, n'a pas à se plaindre du rendement du jeune Français (21 ans), qui a déjà inscrit 3 buts en 6 journées de Liga.

«Il est en train de vivre un moment difficile en équipe de France, déclare Thierry Henry dans un entretien publié jeudi par L'Equipe. Mais Karim Benzema c'est le futur du football français. On a besoin de lui qu'on le veuille ou non.»

Pour l'instant, l'avis de Raymond Domenech est sans ambiguïtés: c'est non.