Pour toutes les surprises et les désillusions possibles en cours de route, une demi-finale entre le Brésil et l'Allemagne était le scénario le plus logique avant le Mondial. Il est également l'un des plus intéressants entre le pays-hôte, transcendé par le soutien inconditionnel de millions d'âmes, et un adversaire dont la génération en or lui permet de surfer au haut de la vague depuis 2006.

Face à cette situation, la marge d'erreur est nulle lorsque les deux équipes entreront sur la pelouse de l'Estadio Mineirão, à Belo Horizonte, peu avant 17h (16h, heure du Québec). Tandis que le Brésil a la mission de régner chez lui, l'Allemagne doit aller au-delà de la demi-finale, son résultat de 2010 et du dernier Euro. Au petit jeu de l'équipe favorite pour cette rencontre, les deux entraîneurs se sont rejeté le titre honorifique, hier, en conférence de presse. Peu importe qui mérite finalement cette étiquette, la donne est quelque peu bouleversée par l'absence de Neymar.

En bon diplomate, le clan allemand a regretté son absence, allant même jusqu'à craindre «l'éveil de forces supplémentaires» chez ses partenaires. La thèse se défend en effet si l'on se fie à leurs réactions dans les médias. Plus généralement, c'est tout le Brésil qui a fait corps depuis la blessure de son joyau subie contre la Colombie, vendredi. À la télévision, chanteurs, acteurs et autres personnalités affichaient leur soutien dans une série de messages enregistrés. Le mot-clic forcaNeymar a également fleuri sur Twitter et Instagram.

Pendant ce déferlement d'ondes positives, l'heure était à la recherche de solutions pour Luiz Felipe Scolari. Il n'a bien évidemment rien dévoilé de son plan, hier, après un entraînement à brouiller les pistes. Introduira-t-il un nouveau milieu offensif en gardant son système intact ou sera-t-il plus prudent avec un autre milieu défensif? La presse brésilienne penchait pour la deuxième configuration, même si le moustachu, toujours aussi rieur, a gardé le mystère.

«Si je joue avec trois milieux défensifs, qui est une option, cela donne plus de liberté aux arrières latéraux. Si je joue avec deux, ils auront moins de liberté, mais, en contrepartie, cela peut créer d'autres situations dangereuses pour les Allemands. (...) Le choix n'a pas été facile, mais j'ai toujours dit que j'avais un groupe fantastique de 23 joueurs.»

La perte de Thiago Silva est moins délicate à combler pour le Brésil qui se tournera vers Dante, joueur de Bundesliga depuis 2009. «On ne peut pas penser qu'il va mal jouer. C'est un excellent joueur, a rappelé Joachim Löw. Généralement, l'absence de joueurs importants peut faire en sorte que d'autres coéquipiers se sentent libérés et prennent plus de responsabilités.»

Le sélectionneur allemand devrait, de son côté, aligner une équipe très proche de celle qui a éliminé la France (1 à 0), en quarts de finale. Pour Löw, la plus grande incertitude concerne la titularisation de Miroslav Klose et la performance de... l'arbitre.

Une bonne partie de sa conférence a été consacrée au jeu physique de ses adversaires contre la Colombie. «J'espère que l'arbitre mexicain a vu la robustesse que le Brésil a mise contre la Colombie et qui dépassait les bornes. En Europe, les 22 joueurs n'auraient pas fini le match, Il y a eu tellement de fautes et de coups. C'était un combat.»

Souvenir de 2002

Cela fait maintenant 12 ans que le Brésil et l'Allemagne ne se sont pas affrontés en phase de finale de Coupe du monde.

Le dernier duel, en finale du Mondial nippo-coréen, avait tourné en faveur des hommes de Scolari grâce à un doublé de Ronaldo. Un seul joueur sera encore sur la feuille de match, soit Klose. Pour les autres joueurs allemands qui regardaient le match à la télévision, ces retrouvailles ne sont pas perçues comme l'occasion de prendre une revanche. Simplement d'écrire une nouvelle page d'histoire dans un pays qui a tant fait pour le soccer.