Gage de leur domination jusqu'ici, les pays sud-américains lanceront le bal des huitièmes de finale aujourd'hui. Ce «nouveau tournoi», comme l'ont répété les différents sélectionneurs, n'est pas sans soulever son lot de questions sur la puissance des continents et les performances individuelles.

Reçu 5/6

C'est quasiment un carton plein pour le continent sud-américain dans ce Mondial, avec cinq de ses six représentants en huitièmes de finale. Trois ont fini en tête de leur groupe alors que le Chili et l'Uruguay ont dû batailler dans deux des groupes les plus relevés. De son côté, l'Équateur, éliminé, pourra longtemps repenser à sa fin de match ratée contre la Suisse, en match d'ouverture. En moyenne, les six pays ont récolté 2,27 points par rencontre. Cette domination sera malheureusement quelque peu plombée par une succession de duels continentaux. Aujourd'hui, le Brésil affrontera le Chili, alors que la Colombie, l'une des équipes les plus excitantes, sera opposée à l'Uruguay orphelin de Luis Suárez. Les deux gagnants s'affronteront ensuite en quarts de finale...

Une huitième surprise

Sur les réseaux sociaux, certains partisans désabusés se plaignaient de l'affiche du match 52, mardi à Salvador. Ils espéraient peut-être une huitième entre l'Italie et la Côte d'Ivoire, voilà plutôt un Costa Rica-Grèce que personne n'avait vu venir. Les Grecs sont coutumiers des qualifications inespérées à l'Euro, mais ils n'avaient jamais franchi la phase de groupe au Mondial. Et si le Costa Rica avait déjà réussi cet exploit en 1990, peu de gens le croyaient capable de devancer l'Italie, l'Angleterre et l'Uruguay. En abordant ce duel contre la Grèce, les Costaricains ne tremblent pas à l'idée de se retrouver dans le costume du favori. «Nous étions l'équipe Cendrillon, désormais, nous sommes les favoris. Nous avons gagné le respect », s'est félicité Michael Umaña.

Record pour l'Afrique, mais...

Les huitièmes de finale ont une drôle de saveur pour le continent africain. S'il n'a jamais pu compter sur autant de pays [deux] à ce stade de la compétition, un sentiment de gâchis persiste. Au-delà de la qualification nigériane et de l'exploit algérien, les autres nations sont passées à côté de leur sujet. Pour une question de primes non versées, les joueurs du Cameroun, du Ghana et même du Nigeria, hier, ont tous fait pression sur leur fédération respective. Cela s'est notamment traduit par des grèves d'entraînement et des déclarations incendiaires. Les parcours du Cameroun, avec sa bagarre en plein match, et de la Côte d'Ivoire, avec une présumée mésentente Didier Drogba-Yaya Touré, ont aussi été sapés par des tensions dans le vestiaire.

Champions du monde au tapis

Les deux derniers champions du monde, l'Espagne et l'Italie, ne participeront donc pas aux huitièmes de finale. Un autre poids lourd européen, l'Angleterre, a également repris le chemin du Vieux Continent. De ces trois équipes, la chute la plus vertigineuse est à mettre à l'actif de la Roja, qui, malgré une perte de vitesse évidente, ces derniers mois, ne se voyait pas éliminer aussi rapidement. Un sort différent attend maintenant ces pays. Tandis que l'Espagne peut se rebâtir sur la génération qui a remporté l'Euro des moins de 21 ans, en 2011 et 2013, l'Angleterre doit accentuer son virage jeunesse avec les Raheem Sterling, Luke Shaw ou Ross Barkley. Côté italien, le prochain sélectionneur aura du travail pour combler le fossé qui semble s'être créé entre les piliers et les plus jeunes joueurs.

Duel à distance

Résultat d'un Mondial offensif [2,8 buts par match], le Soulier d'Or devra fort probablement marquer davantage que les cinq buts nécessaires lors de l'épreuve de 2010. Impliqué dans cinq des sept buts allemands, Thomas Müller ne semble pas prêt à abandonner son titre. Il occupe la tête du classement des buteurs, en compagnie de Lionel Messi et Neymar (quatre buts). Les trois hommes de tête, indispensables à leur sélection, possèdent aussi de bonnes chances de se rendre loin dans la compétition. Actuellement, les preneurs au livre favorisent un podium composé, dans l'ordre, de Messi, Neymar et Müller. Il ne faut cependant pas oublier la meute de poursuivants dont le compteur est bloqué à trois buts. Les Van Persie, Benzema ou James Rodriguez n'ont pas dit leur dernier mot.