Quand un incendie se déclare au sein de la Seleção, personne n'est mieux placé que Luiz Felipe Scolari pour éteindre les flammes et rebâtir un édifice solide. Au-delà du travail effectué sur le terrain avec ses assistants, l'entraîneur moustachu a une arme infaillible dans son arsenal: la création d'une ambiance familiale.

Si son prédécesseur, Mano Menezes, avait sélectionné 102 joueurs en un peu plus de deux ans, Scolari est plutôt un adepte de la continuité. Si certains sélectionneurs ont tendance à miser sur les hommes en forme, lui cherche la bonne formule collective afin de la conserver le plus longtemps possible.

Cette ligne de pensée comprend notamment le soutien indéfectible aux joueurs qui traversent des turbulences avec leur équipe respective. Malgré un temps de jeu famélique avec les Queens Park Rangers, le gardien Júlio César a, par exemple, toujours senti cet appui. «C'est la confiance du personnel d'entraîneurs qui fait en sorte que je suis là aujourd'hui», disait récemment celui qui a passé les derniers mois au Toronto FC. L'attaquant Fred, très souvent blessé depuis sa bonne Coupe des confédérations, tenait des propos semblables dans la dernière ligne droite de cette compétition.

Apprécié de ses joueurs

Scolari est donc apprécié de ses joueurs pour cette fidélité dans les moments plus délicats. Au quotidien, le sosie de Gene Hackman est également réputé pour unir un groupe pour la vie. Dans sa préparation, il a notamment inclus des conférences de motivation en plus d'avoir trouvé, avec les joueurs, un hymne propre à l'équipe. «Dans la gestion d'hommes, la chaleur humaine et le coeur, c'est le meilleur au monde», assure d'ailleurs l'entraîneur québécois Marc Dos Santos, qui a côtoyé Scolari à Palmeiras.

Il suffit de se rappeler le premier passage de Scolari à la barre de la Seleção (2001-2002) où, en l'espace de quelques mois, il a transformé une équipe brésilienne qui doutait en équipe championne du monde.

C'est durant cette période que l'expression «famille Scolari» (Família Scolari) a vu le jour dans les médias brésiliens. «Encore aujourd'hui, nous (les membres de 2002) sommes tous très proches et nous connaissons l'importance de cette unité. Cela va rester avec nous pour le reste de notre vie», estimait le sélectionneur en 2013.

À l'époque, il espérait générer un état d'esprit identique au sein d'une Seleção qui n'avait que 2 victoires en 7 rencontres, avant la Coupe des confédérations. La victoire n'a évidemment pas nui, mais le maniement de la carotte et du bâton a touché une corde sensible. «Scolari est comme un père pour nous. Il peut être difficile, mais il a un grand coeur», résume Fred.

«Mes coéquipiers ne sont pas des collègues de travail, ils font partie de ma famille», ajoute Hulk.

Un an après...

La philosophie Scolari s'exprime à travers l'alignement choisi pour le Mondial. Si quelques petits nouveaux ont fait leur entrée dans la famille élargie au bon moment, le onze qui devrait affronter la Croatie aujourd'hui devrait être semblable à celui qui a battu l'Espagne en finale de la Coupe des confédérations.

Et comme l'an dernier, il mise sur une excellente défense avec la charnière centrale la plus chère du monde (Thiago Silva et David Luiz) et des latéraux très offensifs. «Pour la première fois de l'histoire, le Brésil possède une défense meilleure que son attaque», a confirmé Pelé, hier.

Devant la défense, les milieux axiaux Luiz Gustavo et Paulinho assurent un équilibre même si ce dernier n'hésite pas à faire des courses vers l'avant. Son magnifique but en match amical contre l'Angleterre est le parfait exemple. «Il a toute la liberté pour monter quand les conditions sont réunies, a déjà expliqué Scolari. En club, le latéral qui joue à ses côtés ne monte pas souvent, alors que Dani Alves ne s'en prive pas, donc c'est à lui de juger. Il sait très bien le faire.»

Du quatuor offensif brésilien, tous les regards seront évidemment dirigés vers Neymar. Élu meilleur joueur de la Coupe des confédérations, il est l'auteur de 31 buts en 49 sélections et le leader technique de cette équipe.

Lorsqu'il s'est tordu la cheville, lundi, un vent de panique a soufflé sur le centre d'entraînement de la Seleção. Plus de peur que de mal, finalement, pour celui qui est attendu par tout un peuple et par le patriarche Scolari.