Durant une même semaine, Mario Balotelli peut enchaîner de ridicules frasques extra-sportives et marquer un but d'anthologie, le samedi. Quel visage le prodige du soccer italien affichera-t-il au Brésil? Même lui ne le sait probablement pas. Portrait, en cinq mots, de l'un des grands personnages de la sélection italienne.

Adoption

Né à Palerme d'un père et d'une mère ghanéens, Mario Barwuah est toujours un bébé quand il est victime de graves problèmes intestinaux. Après plusieurs interventions et un déménagement dans le nord de l'Italie, sa famille, en difficultés financières, cherche de l'aide auprès de l'État. Le bambin est alors confié à une famille d'accueil, près de Brescia: les Balotelli. Petit à petit, le jeune Mario tourne le dos à sa famille biologique, allant, des années plus tard, jusqu'à indiquer qu'il avait été purement et simplement abandonné. Ce que les Barwuah nieront haut et fort. Si Mario a parfois rendu visite à sa mère biologique, au cours des dernières années, c'est à Silvia Balotelli qu'il a rendu hommage après un doublé, lors de l'Euro 2012. «Tout ce que je fais, c'est pour elle. J'ai attendu longtemps ce moment, d'autant plus que ma mère n'est plus très jeune et ne peut pas aller bien loin, alors je lui ai rendu cet hommage de traverser tout le terrain.»

Prodige

Il n'est pas banal de demander une dérogation à la Fédération italienne afin de lancer dans le bain un attaquant de 15 ans. C'est ce qu'a fait le club de Lumezzane, alors pensionnaire de la Serie C1, afin de pouvoir faire jouer Balotelli, au cours de la saison 2005-2006. Les grands clubs ont rapidement frappé à la porte et, après un essai avec le FC Barcelone, il a finalement pris le chemin de l'Inter Milan. Là, son destin a croisé celui de l'entraîneur Roberto Mancini qui lui permettra de faire ses débuts professionnels en décembre 2007. Trois jours plus tard, il inscrit même ses premiers buts, en Coupe d'Italie, contre Reggina. S'il devient titulaire lors des derniers mois de la saison, les deux campagnes suivantes ne suivent pas la trajectoire attendue. Des gaffes en tout genre et une relation tendue avec José Mourinho marquent le début de la fin sous le maillot interiste. La suite? Un transfert vers Manchester City, en août 2010, pour une somme de 41 millions. Un record pour un joueur de son âge.

Racisme

Le 21 mai, Super Mario a de nouveau été la cible de propos racistes dans le cadre de la préparation italienne en vue du Mondial. Lors d'une séance tenue à Coverciano, plusieurs spectateurs ont démarré les insultes avant de quitter le centre d'entraînement. Balotelli n'a pas réagi sur le coup, mais il s'est plaint auprès de plusieurs coéquipiers. Car ce n'est pas la première fois que l'attaquant de 23 ans est victime de tels propos depuis le début de sa carrière. Dès 2009, il avait été pris à partie par une frange du public turinois lors d'un match de championnat. Que ce soit avec l'Inter ou l'AC Milan, ce genre d'épisode s'est reproduit à de nombreuses reprises, en Serie A. «Il est né et a été élevé en Italie, mais il a dû subir l'humiliation et les épreuves d'être considéré comme un étranger», a regretté Silvia Balotelli. Même lors d'un match de la Nazionale, disputé en Autriche, il avait été la victime de propos racistes de la part de partisans italiens.

Faits divers

Il faudrait écrire une encyclopédie en 28 volumes pour relater toutes les incartades de Balotelli depuis le début de sa jeune carrière. En vrac, il a jeté des fléchettes sur les jeunes joueurs de Manchester City, essayé de s'infiltrer dans une prison pour femmes, en Italie, et mis le feu à son domicile après un feu d'artifice tiré dans la salle de bains - «Why always me?», a-t-il écrit sur un t-shirt, en 2011, en expliquant qu'il n'était pas l'auteur de l'incendie. Une façon plus large de se demander pourquoi sa vie était scrutée à ce point par les médias. Peut-être parce qu'il a l'image de mauvais garçon du ballon rond, dans la lignée des Eric Cantona et Robbie Fowler? «Son problème semble être de nature psychologique, confirme le journaliste montréalais d'origine italienne Gianni Cristiano. Il a trop souvent joué sans beaucoup de conviction et il a semblé complètement absent sur le terrain pendant de longues minutes. Mais il a un potentiel et une puissance physique hors norme et je pense qu'il a tout simplement besoin d'un entraîneur qui sait comment en faire la gestion.» Robero Mancini et José Mourinho s'y sont cassé les dents, mais le sélectionneur italien, Cesare Prandelli, a parfois trouvé la bonne recette.

Inconstance

Les plus grands attaquants ont cette capacité de réaliser plusieurs saisons d'affilée avec une vingtaine de buts au compteur, en championnat. Balotelli n'y est jamais parvenu, trop souvent victime d'inconstance d'un match à l'autre. Même le dernier Euro est à l'image de sa carrière. Après des débuts en demi-teinte, Super Mario a sorti un doublé contre l'Allemagne, en demi-finale, avec une magnifique frappe sur le deuxième but. Cette saison, avec l'AC Milan, Balotelli n'a pas confirmé les belles promesses de la deuxième moitié de la campagne précédente. Avec une collection de cartons et une disette de plus de 550 minutes, l'automne dernier, Balotelli aurait même été en danger de rater le Mondial, selon la presse italienne. «Les Italiens vont vite oublier (sa saison) et miser sur Super Mario qui a le talent pour devenir le leader de l'équipe nationale italienne, croit Cristiano. Il peut prendre les Azzurri sur ses épaules pour les transporter le plus loin possible dans la compétition.»