L'Inter Milan va devoir apprendre à gagner sans José Mourinho, qui a clos une saison parfaite par un triomphe en Ligue des champions, après la Serie A et la Coupe d'Italie, car l'homme qui a rendu son lustre à un grand d'Europe devrait user de ses super-pouvoirs au Real Madrid.

«Dès demain, on va passer tout de suite à la saison prochaine», a dit samedi soir à l'AFP Massimo Moratti. Bien sûr il est «heureux», voilà 15 ans, depuis qu'il a pris la présidence de l'Inter, qu'il courait après. Voilà 45 ans que les Nerazzurri attendaient une troisième C1.

«Non, je n'ai pas pleuré, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs, peut-être que je n'ai pas encore réalisé qu'on a gagné! Mais Mourinho a pleuré, beaucoup, c'était une surprise», a ajouté M. Moratti.

Mihajlovic à la place de Mourinho?

Les fûts des feux d'artifices étaient encore chauds qu'il fallait déjà penser à la saison prochaine, après le départ du magicien. «Je n'ai pas d'idée pour la suite, a lâché M. Moratti, ni joueur ni entraîneur. Je vais boire du champagne, on verra».

La presse italienne bruisse des arrivées de Fabio Capello, de Sinisa Mihajlovic ou de Rafael Benitez. Qui relèvera le défi de succéder au ''Special One'', qui vient de tout gagner?

L'Italien, qui a redressé l'Angleterre, absente de l'Euro-2008, au point d'en faire un des favoris de la Coupe du monde en Afrique du Sud, a un contrat jusqu'en 2012.

Le Serbe lui est un ancien de la maison, adjoint du prédécesseur de Mourinho, Roberto Mancini. Il a assuré un maintien tranquille à Catane, avec peu de moyens, et connaît bien l'Inter. Son profil de jeune entraîneur pourrait convenir. Il faut redonner un élan à une équipe rassasiée.

La cote de l'Espagnol en Europe a un peu baissé, il n'est pas parvenu à gagner la Premier League avec Liverpool, et vient même de terminer 7e et non-qualifié en Ligue des champions. La Juventus de Turin, qui elle aussi doit reconstruire (mais en partant de beaucoup plus bas...), a un temps pensé à ''Rafa'' Benitez avant de finalement débaucher Luigi Del Neri à la Sampdoria (4e de Serie A) pour son opération renaissance.

Sneijder, le bijou

Côté joueurs, le groupe, arrivé à maturité (il l'a brillamment prouvé...), ne devrait pas beaucoup évoluer. Diego Milito, le double buteur qui a abattu le Bayern, vient d'arriver, comme Samuel Eto'o, et ils resteront sans doute à Milan.

Lucio et Wesley Sneijder - étourdissant contre le Bayern - aussi sortent de leur première saison intériste.

Mourinho pourrait-il emmener avec lui quelques joueurs, comme il l'avait fait en signant de Porto à Chelsea (Ricardo Carvalho, Deco...)? Les médias espagnols avancent par exemple le nom de l'arrière-droit brésilien Maicon. Sneijder, rejeté l'an dernier, ne voudra certainement pas revenir au Real Madrid. Le petit milieu néerlandais est le bijou de l'Inter, a priori intransférable.

S'il perd des joueurs au mercato, M. Moratti pourra recruter. On ne se moquera plus, en Italie, de sa politique dispendieuse des années Alvaro Recoba.

Et l'Inter, reine d'Italie depuis cinq ans et championne d'Europe, n'est définitivement plus «le coït interrompu du football italien», comme le disait le sociologue Guido Liguori à l'époque où M. Moratti dépensait les millions par centaines pour toujours finir perdant. Samedi, c'était lui le roi, et son règne vient peut-être de commencer.