Que ce soit l'Inter Milan de José Mourinho ou le Bayern Munich de Louis van Gaal, le vainqueur de la finale de la Ligue des champions, samedi à Madrid, réussira le triplé Coupe-Championnat-C1 et la plus belle saison de son histoire.

L'Inter est légèrement favorite, pour gagner enfin une C1 qu'elle attend depuis son doublé de 1964 et 1965. Elle a renversé sur son passage Chelsea, prétendant à la couronne, et le tenant du titre, le FC Barcelone, et possède a priori une meilleure défense que celle du Bayern, un peu lente autour de son axe Daniel van Buyten/Martin Demichelis.

La demi-finale remportée contre le Barça a impressionné: l'Inter de Mourinho sait vraiment tout faire, marquer trois buts (3-1 à San Siro) à la meilleure équipe de club du monde comme défendre bec et ongles à dix contre onze au retour (1-0 pour Barcelone), avec Samuel Eto'o oubliant l'égoïsme du buteur pour jouer arrière latéral.

Le Camerounais, qui a marqué dans les deux finales de C1 qu'il a disputées et gagnées avec Barcelone (2006 et 2009), va retrouver sa place en attaque, à droite de Diego Milito. Avec qui à gauche? Ce pourrait être le Macédonien Goran Pandev, qui a pris le dessus sur la concurrence mais semble un peu fatigué, ou le très controversé Mario Balotelli, capricieux mais excellent - et discipliné - dans le match décisif pour le titre de champion d'Italie contre Sienne.

Le 700e match de Zanetti avec l'Inter

Une autre inconnue de l'équipe de Mourinho concerne le remplaçant du récupérateur Thiago Motta, suspendu pour la finale après le rouge reçu pour une légère faute très amplifiée par le Barcelonais Busquets. Dejan Stankovic tient la corde, mais le Special one pourrait choisir de titulariser le Roumain Cristian Chivu arrière-gauche et faire monter d'un cran le capitaine Javier Zanetti, qui dispute samedi son 700e match avec l'Inter, où il est arrivé en 1995 à 21 ans.

Si le Bayern semble un tout petit moins bien armé, il a déjà renversé tant de situations défavorables dans cette saison de C1 qu'il ne faut jurer de rien. Le géant bavarois a même réussi, comme Ulysse, à revenir du monde des morts: mené 3-0 par le grand Manchester United, il s'est finalement qualifié (3-2). Son mental semble à toute épreuve.

Munich peut aussi compter sur son créateur Arjen Robben, auteur de buts magnifiques pour arracher la qualification, en 8e à Florence comme en quarts à Manchester. Le Néerlandais et son compatriote Wesley Sneijder, le créateur du camp d'en-face, effectuent d'ailleurs un retour triomphal au Santiago-Bernabeu, eux qui avaient été chassés du Real l'été dernier.

L'absence de Ribéry

Le vrai point noir est l'absence de Franck Ribéry, l'autre faiseur de miracles du Bayern, suspendu trois matches pour un rouge contre Lyon en demi-finale aller et non amnistié malgré ses recours devant l'UEFA et le Tribunal arbitral du sport (TAS). Van Gaal devrait confier le côté gauche à Hamit Altintop, très convaincant à Lyon (3-0).

Le Néerlandais a paru très détendu en conférence de presse, déclenchant des éclats de rire dans la salle comme sait si bien le faire Mourinho, son ancien adjoint au Barça, de 1997 à 2000.

Ils se sont gentiment charriés à distance, avec respect, lors de leur passage devant les journalistes. Tous deux sont en course pour rejoindre Ernst Happel (Feyenoord 1970 et Hambourg 1983) et Ottmar Hitzfeld (Dortmund 1997 et Bayern 2001), vainqueurs de la C1 avec deux clubs différents. On saura ainsi qui est le meilleur entraîneur de sa génération? «José a 10 ans de moins que moi, si vous parlez de sa génération, alors oui c'est lui le meilleur», a conclu van Gaal d'une pirouette.