Tout le Barça, des joueurs au président, n'assure penser qu'à une seule chose après la cruelle élimination en Ligue des champions: gagner la Liga. Mais alors que la confiance règne au Real Madrid, 2e à un point, le doute s'immiscera-t-il chez les Catalans?

«Pep» Guardiola va-t-il cogiter ?

Il a connu tellement de victoires et remporté tellement de batailles tactiques qu'on en vient parfois à oublier que Guardiola, 39 ans, n'a connu qu'une seule saison complète à la tête d'une équipe d'élite. C'est la première fois qu'il perd une rencontre à élimination directe en Ligue des champions. Et c'est aussi la première fois qu'il reçoit une leçon d'un homologue plus malin que lui tactiquement, le très expérimenté José Mourinho. Le Catalan, calme en conférence de presse mais toujours sanguin sur le terrain, saura-t-il digérer ? Surtout qu'il doit admettre s'être trompé. Le duel contre l'Inter a sans doute été perdu à l'aller avec cette défaite de deux buts d'écart (3-1). Bien sûr le Barça avait cherché à revenir à 3-2 mais avec l'arrière Maxwell en position d'ailier gauche et Piqué avant-centre! Et même si Piqué est très adroit face au but, comment expliquer que Bojan et Henry soient restés sur le banc alors que «Pep» avait encore deux changements à faire? Enfin, son recrutement peut être pointé du doigt: Zlatan Ibrahimovic a complètement disparu pendant les 180 minutes contre son ancien club alors que Samuel Eto'o, viré par le Barça comme un malpropre était partout. Et que dire de l'arrivée du défenseur central Dmitro Chygrynskiy, non qualifié pour la C1 ? Mercredi, en l'absence de Puyol (suspendu), c'est le milieu Yaya Touré qui épaulait Piqué dans l'axe de la défense. Guardiola, qui n'a toujours pas prolongé officiellement avec le Barça, retrouvera évidemment du crédit s'il gagne une deuxième Liga d'affilée. «Nous devons nous relever», martelait-il mercredi.

Henry est-il encore motivé ?

Il sera difficile de blâmer l'attaquant français, complètement snobé pour la demi-finale, si jamais il traîne des pieds pour les quatre derniers matches du Barça. Pourtant buteur samedi en Liga, «Titi» pouvait s'attendre à avoir sa chance. Le désaveu fut terrible: Guardiola lui a d'abord préféré Bojan puis, de manière incompréhensible, Jeffren, jeune du centre de formation qui n'avait joué qu'un match en Ligue des champions. Que peut bien lui reprocher Guardiola ? Un retard ou une absence à un entraînement ? Ses applaudissements pour le public de l'Emirates Stadium et ses accolades aux Gunners à la fin de l'aller contre Arsenal ? Henry, qui ne devrait pas honorer sa dernière année de contrat au Barça (et partir aux Etats-Unis ?), doit déjà penser à la Coupe du monde...

Faut-il craindre un parcours à la Bordeaux ?

Même si tous les joueurs du Barça assurent qu'ils vont se battre pour offrir la Liga à leurs supporters, il est fort probable que la qualification de l'Inter sur leur pelouse ait fait beaucoup de mal. «C'est compliqué de digérer tout ça», reconnaissait Piqué. Il n'y a qu'à regarder le Bordeaux de Laurent Blanc, ancien joueur du Barça et jeune entraîneur comme Guardiola. Depuis son élimination par Lyon en C1, sur le même score (1-3, 1-0), il a perdu tous ses matches en Ligue 1, sauf un (match nul contre Lyon).

Un calendrier moins favorable ?

D'ici le 16 mai, dernier jour de Liga, le Barça a deux déplacements périlleux: à Villarreal (6e), samedi, puis à Séville (5e), deux équipes qui jouent encore énormément pour accrocher une qualification en Europa League et en Ligue des champions. De son côté, le Real n'a qu'une visite un tant soit peu compliquée, à Majorque (4e). Et grâce à l'Inter, il a l'esprit serein: le Barça ne risquera plus de triompher dans son stade le 22 mai.