Qui de mieux placé que Jesse Marsch pour décrire son ami et entraîneur des gardiens de l'Impact, Preston Burpo? Avec un petit sourire en coin qui laisse transparaître une lointaine complicité, il lance: «C'est un végétalien qui aime la nature. Même physiquement, il peut parfois ressembler à un homme des montagnes... Sérieusement, c'est un bon gars avec un bon tempérament et je sais que nos trois gardiens aiment travailler avec lui.»

On le devine, Burpo est à mille lieues des personnages trop lisses qui pullulent maintenant dans le monde du soccer. Dans ses réponses autant que dans ses choix personnels ou sportifs, il est un adepte des chemins inattendus.

Exemple, cet ex-gardien est brièvement passé par le championnat jamaïcain avant de filer dans la USL, puis de découvrir la MLS à l'âge de 34 ans. Une horrible fracture tibia-péroné de la jambe droite a mis un terme à sa carrière en 2010, mais un nouveau volet s'est rapidement dessiné. Lors de son passage à Chivas, aux États-Unis, il y a six ans, lui et Marsch sont devenus des amis proches à force de covoiturage. L'entraîneur de l'Impact ne l'a pas oublié lorsque la piqûre du coaching a commencé à faire effet.

«Quand Jesse a commencé à envisager un poste d'entraîneur-chef, il m'a demandé si je souhaitais m'occuper des gardiens, indique Burpo. Je lui ai répondu: "Si le projet me convient et que tu penses que le contexte sera bon, oui cela me plairait". Après sa nomination, il ne m'a dit que du positif sur le club, Joey (Saputo), Nick (De Santis), Matt (Jordan) et les joueurs ciblés. J'ai une entière confiance en Jesse et ma décision a été facile.»

De l'autre côté du miroir

Ce résidant du Mile End a officiellement été nommé, le 3 octobre, lors du premier jour d'un camp d'évaluation au stade Saputo. Même s'il regrette parfois la camaraderie entre joueurs et tout simplement la vie de gardien professionnel, il est heureux de se retrouver de l'autre côté du miroir. Avec Marsch et les autres adjoints, il a pu confronter sa vision du soccer et découvrir d'autres perspectives.

«Ma courbe d'apprentissage a été incroyable en partageant le quotidien de ces gars-là. Et même si je ne connais pas tous les jeux de coulisses, j'ai commencé à comprendre comment marchent les échanges, les contrats ou tous les aspects financiers. C'est très intéressant même si je ne peux pas dire que j'aimerais être à la place de Nick ou de Matt.»

Burpo passe évidemment la plus grande partie de son temps avec ses trois élèves, Donovan Ricketts, Evan Bush et Greg Sutton. Instantanément, il vante les capacités mentales et physiques du Jamaïcain, l'avenir prometteur de l'Américain et la bonne réaction du Canadien après avoir été rétrogradé comme numéro 3. Mais ce qu'il aime avant tout est l'ambiance qui règne au sein de son trio d'hommes gantés.

«Ils sont tous différents, mais c'est un plaisir d'être avec eux tous les jours. Il n'y a aucune animosité entre les trois gardiens, ils comprennent bien leur situation respective et comment le métier fonctionne. Les deux qui ne jouent pas travaillent fort et peut-être que leur tour viendra.»

Un poisson dans l'eau

Si plusieurs joueurs ont été rebutés par l'idée de jouer au Canada, Burpo a plutôt pris ce déménagement comme un petit clin d'oeil du destin. Plus jeune, le natif de Bethesda, dans l'État du Maryland, a déjà passé ses vacances familiales à Montréal. Il a ensuite foulé la pelouse du complexe Claude-Robillard - où l'Impact s'entraîne actuellement - à plusieurs reprises lorsqu'il arborait les couleurs des Sounders de Seattle.

«En 2004, l'Impact nous avait battus en finale. Greg (Sutton) et Mauro Biello jouaient tandis que Nick était l'entraîneur. Ensuite, nous avons pris notre revanche l'année suivante. J'adorais jouer ici, le stade était plein avec une très belle ambiance.»

Lors de ses passages à Montréal avec les Sounders, lui et ses coéquipiers étaient surtout intéressés par «la boisson la plus proche, autant dans la victoire que dans la défaite». Heureusement, le néo-végétalien (depuis 18 mois) a approfondi ses connaissances sur la ville. «Je n'ai que de bonnes choses à dire. J'aime le brassage de cultures et de langues dans des quartiers comme le Plateau. La ville est tellement vibrante et pleine d'énergie!»

Burpo entame ensuite une longue liste de ses restaurants, bars et salles de musique préférés. Comme quoi, «l'homme des montagnes» s'est bien adapté à son nouveau milieu urbain...