Personne n'a davantage savouré le match d'ouverture locale de l'Impact, samedi au Stade olympique, que Jean Bernier. L'événement représentait une double fierté pour lui puisqu'il est le père de Patrice, le milieu de terrain québécois du onze montréalais, et bénévole dans le monde du soccer local depuis plus de 40 ans.

L'apôtre du soccer d'ici, qui a occupé différents postes au niveau régional et à la Fédération de soccer du Québec, dont celui de vice-président, était heureux de constater que l'Impact avait gagné son pari de jouer devant une foule record - 58 912 spectateurs en l'occurrence - et réussi à faire du soccer professionnel un sport à la mode dans ce terreau du hockey.

«Après 42 ans comme joueur et dirigeant de soccer, c'est un grand rêve que je partage avec les Montréalais et les Québécois», a-t-il lancé lors d'un entretien avec La Presse Canadienne réalisé quelques minutes avant la rencontre disputée contre le Fire de Chicago.

Le père, lui rayonnait, de voir son fils être l'un des joueurs les plus applaudis du club et de jouer devant une foule imposante à quelques minutes du domicile familial de Brossard. Et de savoir, aussi, qu'il pourra voir grandir la fille de 10 mois de Patrice, Sofia-Jade - le cinquième petit-enfant du couple composé de Jean Bernier et de son épouse Gladys.

«On le récupère après 15 ans d'absence», a dit Jean Bernier de son fils, en faisant allusion aux neuf dernières années que Patrice a passées à jouer au foot en Europe, après un premier passage avec l'Impact, de 2000 à 2002. Et aussi, à une année disputée à l'Université de Syracuse, avant le passage chez les pros. Et plus encore, à son séjour au sein de l'élite du hockey, à Magog en midget AAA puis à Sherbrooke et à Val-d'Or dans la LHJMQ.

«Ça fait chaud au coeur de voir que Patrice aide l'Impact, et son organisation, à écrire une page d'histoire», a dit Bernier de son fils, qui a signé une entente fort publicisée avec le club montréalais, le 19 décembre dernier, qui a fait de lui le seul joueur québécois - pour l'instant - de l'équipe.

«Car son intérêt à revenir ici n'était pas tant de jouer dans la MLS que de faire partie d'une page d'histoire, d'être parmi ceux qui écrivent l'histoire. Ça, c'était aussi important pour lui que de jouer en Amérique du Nord.»

Jean Bernier a d'ailleurs révélé que son fils prévoyait initialement disputer deux autres saisons et demie en Europe avant de venir terminer sa carrière de ce côté-ci de l'Atlantique.

«Son plan, c'était de revenir ici en 2014», a indiqué celui qui siège toujours aujourd'hui au sein du comité technique de la Fédération de soccer du Québec. «Patrice avait d'ailleurs reçu des offres de clubs de la MLS, dont Vancouver, qui avait manifesté son intérêt au départ, le printemps dernier, et DC United. C'était un intérêt timide, mais Patrice avait vite donné l'heure juste. Il leur avait dit oui, mais d'ici deux ans, tout dépend. Il est finalement revenu deux ans plus tôt.»

L'arrière-scène des négos

Finalement, le retour s'est avéré hâtif, et avec l'Impact plutôt qu'avec un autre club mieux établi de la MLS. Un retour qui aurait pu facilement ne jamais se réaliser, selon Jean Bernier.

Car sans surprise, le paternel s'est retrouvé aux premières loges quand son fils négociait avec l'Impact. Annoncée en conférence de presse un lundi matin, l'entente n'était pas encore dans la poche la veille à l'heure du souper, raconte-t-il.

«Patrice était là avec nous et il nous a dit qu'il ne savait pas trop s'il allait se retrouver avec l'Impact, qu'il attendait un appel. Le téléphone a sonné et il nous a dit que c'était fait. Il nous a dit qu'il l'annonçait à nous, mais qu'il ne fallait rien dire à personne d'autre», a expliqué Jean Bernier, qui a dû mentir à ceux qui l'ont joint pendant la soirée, en essayant de savoir pourquoi Patrice ne retournait plus ses appels ni ses messages.

«Ç'a été le suspense jusqu'à la dernière minute, a par ailleurs indiqué Jean Bernier. Jusqu'à quatre ou cinq jours avant la signature, pour nous, Patrice ne venait pas à l'Impact. Tout le monde pensait ça... Patrice aussi. Selon moi, si Patrice n'était pas venu ici en vacances (pendant la pause hivernale du championnat danois), début décembre, peut-être que ça n'aurait jamais abouti... Quand il est venu ici, c'était dans l'intention de retourner en Europe poursuivre en deuxième moitié de championnat. D'ailleurs, il n'a pas emmené beaucoup de vêtements avec lui - ni sa femme et sa fille.

«Parce que les négociations se sont faites initialement à travers l'agent de Patrice, qui intervenait auprès de l'Impact puis de son club au Danemark, à Copenhague, c'était plus difficile au début. L'agent a continué de communiquer avec Patrice quand il était ici et une fois à Montréal, ce qui a facilité les choses. Mais Patrice avait aussi, de son côté, une autre façon de voir les choses. Le fait d'être ici, d'entendre parler de l'Impact, que des amis et des gens de Brossard lui demandent s'il allait venir - ce qu'il n'entendait pas à Copenhague -, ç'a changé sa façon de voir les choses.

«Et en même temps, les négociations se sont améliorées soudainement. Je pense que l'Impact a mis de l'eau dans son vin», a avancé Jean Bernier, qui se dit d'avis que le président de l'Impact Joey Saputo a directement influencé le cours des négociations.