Tout athlète rêve de prendre sa retraite au faîte de la gloire et la conquête du championnat de la première divison des USL par l'Impact de Montréal, cet automne, a permis à Mauro Biello de profiter d'un scénario idéal.

C'est donc sans hésitation que le capitaine du onze montréalais a annoncé qu'il accrochait ses crampons, jeudi, et acceptait un rôle plus étoffé d'entraîneur adjoint avec l'équipe. D'autant plus qu'il songeait à la retraite depuis plusieurs mois déjà.

Biello avait décidé de disputer une autre saison en 2009 parce qu'il voulait vivre l'aventure de la Ligue des champions, où l'Impact s'est rendu jusqu'en quarts de finale, en février dernier. Puis, il a voulu voir comment la saison dans les USL allait se dérouler et se remettre de ses blessures. Chemin faisant, Marc Dos Santos a remplacé John Limniatis et remis l'équipe sur les rails, jusqu'à un improbable championnat.

Même si le titre de 2004 est le seul des trois qu'il ait remporté comme membre à part entière du onze régulier de l'Impact, c'est celui remporté plus tôt cet automne qu'il a le plus savouré, a indiqué le Montréalais de 37 ans.

«L'ovation que j'ai eue, c'était comme un dernier salut à ma carrière», a déclaré Biello, jeudi, en marge du point de presse soulignant sa retraite après 19 saisons dans les rangs professionnels, dont 16 avec l'Impact.

«Il y a aussi le fait qu'il y a eu plusieurs hauts et bas au cours de l'année, plusieurs distractions. Le fait d'avoir pu surmonter tout ça, ça fait en sorte que ç'a été toute une sensation de pouvoir lever cette coupe à nouveau.»

En 389 matchs et 28 076 minutes de jeu en carrière avec la formation montréalaise, Biello a compilé 77 buts et 67 mentions d'aide, pour 221 points (saison régulière, séries et matchs de coupe). Il a conclu sa carrière au premier rang du club au chapitre des matchs joués, des matchs débutés, des minutes jouées, des buts, des passes, des points, des buts vainqueurs, ainsi que des tirs au but.

Mais au-delà de ces marques et des championnats, c'est avec la fierté d'avoir contribué à marquer l'histoire du soccer au Québec que Biello a pris sa retraite.

«Tu te souviens de tes premiers matchs, des gros buts, des championnats, mais l'un des moments qui m'a le plus touché, c'est l'ouverture du (stade Saputo), a-t-il déclaré. Je voulais jouer ici à Montréal, mais je voulais aussi que le soccer se développe ici, et je voulais contribuer à l'essor de ce sport. L'inauguration du nouveau stade, c'était quasi impossible à mes yeux, quand j'ai fait mes débuts. C'était le plus lointain de mes rêves. Le fait d'avoir vécu ça, c'était vraiment spécial.

«Nous avons bâti une histoire et plus ce club avance en âge, plus cette tradition va se solidifier.»

À la fin comme au début

Même s'il ne jouait plus aussi souvent ces dernières années - il estime lui-même avoir connu ses meilleurs moments de 23 à 30 ans - Biello a accepté le tout sans faire de vague. Il avait d'ailleurs adopté la même attitude à ses débuts, lui qui n'a mérité définitivement le titre de joueur partant qu'en 1996, soit à sa quatrième campagne avec l'Impact.

«J'ai abordé la dernière année et demie un peu comme le début de ma carrière. Je cherchais à prouver que je méritais un poste de partant et j'acceptais la situation, a-t-il expliqué. J'ai toujours placé l'équipe avant tout. Si un joueur jouait à ma place ces derniers temps, je me disais qu'il fallait que je travaille plus fort pour regagner mon poste. C'est la même attitude que j'avais à mes débuts. Si je ne jouais pas, c'est parce que l'entraîneur croyait que tel joueur était meilleur que moi et que je devais travailler plus fort.»

Biello a également eu une attitude exemplaire quand Nick DeSantis, son beau-frère et ancien coéquipier, est devenu entraîneur du club, puis directeur technique. Jamais il ne l'a imploré de lui donner un passe-droit. Parce qu'il sait qu'il aurait alors perdu le respect des autres joueurs.

«Nick a été très dur avec moi et je suis très reconnaissant qu'il n'ait jamais accepté un rendement médiocre ou ordinaire de ma part», a assuré Biello.

«Au bout du compte, j'avais un boulot à faire et lui aussi, a affirmé De Santis. Il a été très professionnel. On respectait la position de chacun et on acceptait chacun ses responsabilités. Il y avait toujours ce respect mutuel.

«C'est d'ailleurs ce qui a fait la force de Mauro. Depuis l'âge de 18 ans, il a toujours été entouré de gens qui tentaient de repousser ses limites, et il a accepté de faire les sacrifices qui vont avec», a ajouté le DG de l'Impact.

L'Impact et la MLS

Joey Saputo était évidemment présent au point de presse visant à annoncer la retraite de Mauro Biello. C'était la première fois qu'il rencontrait les médias depuis que Don Garber, le commissaire de la MLS, a déclaré que l'arrivée de l'Impact dans la MLS était imminente. C'était la première fois que Garber était aussi explicite quant aux chances de Montréal d'adhérer à son circuit.

«Je l'ai toujours dit et rien n'a changé. Ce n'est pas une question de 'si on y va', mais plutôt du moment où on va y aller, a commenté Saputo, jeudi. Et (Garber) n'a fait que reconfirmer ça.»

Quant à savoir dans quelle ligue évoluera l'Impact la saison prochaine - dans les USL ou un circuit rival mis sur pied par des équipes rebelles, dont celle de Montréal - Saputo n'a pas voulu commenter de quelque façon que ce soit.

Le président de l'Impact avait récemment indiqué qu'il ferait savoir d'ici «sept à 10 jours» dans quel circuit son club allait poursuivre ses activités.