Au sortir de la deuxième demie complètement démentielle d'un match à sensations fortes, un but d'Antonio Ribeiro dans les arrêts de jeu a propulsé l'Impact de Montréal en demi-finale de la première division de l'USL.
En battant les Sounders de Seattle 3-1 hier après-midi au stade Saputo, le club montréalais a remporté une première série éliminatoire depuis 2004.
«C'était comme un film dramatique», a résumé le gardien Matt Jordan. Avec quatre buts, trois expulsions, un penalty annulé puis un penalty raté, couronné d'un happy end, tout ça dans la seule deuxième demie, il y avait de quoi faire un bon scénario.
Les Sounders avaient remporté le match aller 2-1 vendredi soir, de sorte que l'Impact devait gagner par au moins deux buts, hier, une avance d'un seul but menant à une prolongation.
Après une première demie plutôt tranquille où les joueurs de Seattle se sont installés profondément dans leur zone, jouant la nulle, les choses ont finalement débloqué et la dizaine de milliers de partisans a eu droit à toute une dose d'émotions.
David Testo leur a donné une première occasion de fêter à la 56e minute après un jeu une-deux avec Peter Byers.
Mais la fête a été de courte durée. À la 59e, Roger Levesque a effectué une glissade pour rediriger dans le but un centre à ras le sol de Sanna Nyassi (un joueur gambien nouvellement signé par les Sounders en vue de leur passage en MLS l'an prochain).
À la 74e, Levesque a été expulsé pour un tacle illégal sur Adam Braz. Sur le coup franc qui en a résulté, Sandro Grande a visé le coeur de la surface, et le ballon est revenu sur le pied de Rocco Placentino, qui a capitalisé.
«J'ai été hors du jeu pendant un mois et demi, donc je devais redonner un peu à mon équipe, et c'est la meilleure façon de le faire», a dit un Placentino rayonnant après la rencontre.
Nouveau rebondissement
Quelque 200 secondes plus tard, nouveau rebondissement dans l'histoire. Matt Jordan a fait un magnifique arrêt sur un coup franc des Sounders. Puis, Adam Braz a poussé un joueur dans la surface de réparation. L'arbitre a appelé le penalty, Braz a contesté, reçu un deuxième jaune et pris le chemin des douches.
Hugo Alcarez-Cuellar a pris le penalty après une longue préparation de Matt Jordan (le gardien sait comment faire monter la tension!). Alcarez-Cuellar a tiré et marqué. Ce fut la consternation dans le stade.
Mais l'arbitre a annulé le penalty: un joueur des Sounders est entré trop vite dans la surface. L'espoir renaît; il faut reprendre. Incroyable: Jordan choisit de ne pas bouger et la frappe d'Alcarez-Cuellar aboutit sur le poteau droit. La foule est survoltée, et ça commence à sentir la prolongation.
La conclusion appartient à Antonio Ribeiro. Envoyé sur le terrain à la 88e minute, il vit «les cinq minutes les plus importantes de ma carrière», confiera-t-il après le match.
Récupérant presque sur la ligne de but le retour d'un tir de Joey Gjertsen qui avait frappé la transversale (90e), Ribeiro pousse le ballon dans le fond du filet. Il faisait 3-1 Impact, et on pouvait dès lors envoyer le générique.
«Quand on n'a pas beaucoup de temps de jeu, il faut mettre les bouchées doubles pour provoquer des choses, pour faire la différence, a dit le héros du jour. C'est un but très facile, mais en même temps un but très important.»
Toujours sur la corde raide pendant ce match, l'Impact en est donc sorti gagnant. Question de caractère et de profondeur, selon les joueurs.
«On a vu la profondeur de cette équipe, a dit Mauro Biello. Je pense que les changements en deuxième demie (entrées de Brown, Biello, Placentino, Gatti, Ribeiro) ont fait la différence.»
John Limniatis était ravi de voir que la stratégie de commencer la série à l'extérieur avait été payante. «Si on a un mauvais match à l'étranger, on a la chance de gagner le deuxième match chez nous, avec nos spectateurs.»
L'Impact affrontera les Whitecaps de Vancouver en demi-finale, en fin de semaine prochaine - les Whitecaps ont perdu 4-3 contre le Thunder du Minnesota hier dans un autre match complètement fou, mais ils ont gagné la série 5-4 au total des buts.
Le privilège de choisir la date du match local revient cette fois aux Whitecaps, qui ont terminé au deuxième rang du classement général (l'Impact était troisième).