La faillite du printemps encore dans les esprits, Bordeaux a misé sur Jean Tigana pour tourner la page Laurent Blanc et retrouver en Championnat de France un rang plus conforme à ses ambitions et son potentiel, pour l'heure seulement amputé par le départ de l'attaquant Marouane Chamakh.

Mai avait ainsi vu partir moribonds des Girondins encore marqués par leur échec contre Lyon en quarts de finale de la Ligue des champions (1-3, 1-0), troublés par le mutisme persistant du futur sélectionneur Laurent Blanc, et incapables de sauver les apparences (6e) après avoir survolé six mois durant un championnat qui leur avait longtemps été promis.

«On n'a pas complètement évacué car ce qui s'est passé est dur à encaisser», confirme le latéral droit Matthieu Chalmé.

Dans ce contexte, sans perspective européenne, Bordeaux redoutait une intersaison agitée, avec exode massif des internationaux ou des joueurs à valeur marchande sanctionnant la fin de l'ère Blanc (1 titre de champion, 1 Coupe de la Ligue (+ une finale), 2 Trophées des champions en trois ans).

Si Chamakh s'est envolé comme convenu vers Arsenal, c'est bien le seul à avoir quitté le navire bordelais désormais piloté par Jean Tigana, ancien de la maison (1981 à 1989), homme à poigne et à résultats partout où il est passé.

Mais la réussite de la saison risque surtout de dépendre de la volonté ou non des écuries européennes de lever les clauses libératoires d'Alou Diarra (7,75 M EUR) et de Yoann Gourcuff (26,5 M EUR).

«Je suis quelqu'un de très exigeant, je ne suis jamais satisfait», prévient l'ancien milieu international, apôtre de l'excellence, de la ponctualité et du respect, et prêt à relever le défi de la reconquête.

«Pas le droit de se rater une deuxième fois»

«On le sent, tout le monde est au taquet, reconnaît le latéral gauche Benoît Trémoulinas lorsqu'on évoque la préparation d'avant saison "sauce Tigana" (6 matches, 5 victoires et un nul). Le fait qu'il y ait un nouveau coach, c'est un nouveau cycle qui démarre».

Un nouveau cycle certes, mais avec toujours les mêmes têtes, résultante d'un mercato timide -"si on n'a pas les moyens de recruter, on fait le maximum avec le potentiel que l'on a. Et ce que j'ai me satisfait», soutient Tigana qui a par exemple redonné sa chance à l'Argentin Fernando Cavenaghi, double buteur en amical.

Le jeune et prometteur défenseur serbe Vujadin Savic a récemment débarqué et quelques pistes ont été explorées en attaque.

Après un Tournoi de Paris remporté juste avant la reprise et réussi contre la Roma (1-1) et Porto (2-1), l'entraîneur souhaite désormais prêter trois jeunes du groupe pour qu'ils s'aguerrissent contre l'arrivée d'un joueur en contre-partie.

Pour les restants, la vérité sera à chercher ailleurs, dans l'appétit d'un groupe avide de «revanche, d'abord envers nous-même», selon Chalmé. «On a envie de prouver beaucoup de choses et de retrouver notre rang, dans les trois premiers», dit-il.

«Pour le club, on n'a pas le droit de se rater une deuxième fois. Deux années sans coupe d'Europe, ce serait vraiment dur», conclut le milieu brésilien Wendel.