Le patron de Chelsea Roman Abramovich a spectaculairement contre-attaqué, carnet de chèques en main, en dépensant en un soir plus de 80 millions d'euros pour remettre son club, mal embarqué dans le Championnat d'Angleterre, sur le chemin de la victoire.

En achetant Fernando Torres à Liverpool pour plus de 58 millions d'euros, un record pour un club anglais, mais aussi le défenseur brésilien David Luiz à Benfica pour environ 25 millions, l'homme d'affaires russe a autant déboursé lundi que depuis le départ de l'entraîneur José Mourinho en 2007.

Ces deux dernières saisons, le milliardaire, arrivé à Londres en juin 2003, s'était fait voler la vedette sur le marché des transferts par le cheik Mansour, héritier de la famille régnante d'Abou Dhabi, qui avait multiplié les coups d'éclat (Tevez, Yaya Touré, Silva...) pour reconstruire Manchester City.

Résultat de cet effacement relatif, l'effectif de Chelsea avait perdu en profondeur par rapport à ses rivaux, les deux Manchester et Arsenal. Cette maigreur, relative elle aussi, a éclaté au grand jour au milieu de l'automne.

Un cadeau à Ancelotti

Confronté à une série d'indisponibilités à cause des blessures (Alex, Benayoun, Kalou), des maladies (la malaria de Drogba) et des suspensions (Essien), l'entraîneur Carlo Ancelotti a dû se rabattre sur de jeunes pousses trop vertes pour le très haut niveau (Kakuta, Strurridge, Van Aanholt, tous prêtés pendant le mercato).

Le talent de l'Italien a été d'en convaincre son patron. Au lieu de le virer, comme avant lui Mourinho, Grant ou Scolari, Abramovich a au contraire ouvert grand son portefeuille, au moment même où, ironie du calendrier, Chelsea annonçait des pertes de 70,9 millions de livres (83 millions d'euros) pour l'exercice 2009-2010.

Mais l'oligarque, dont la fortune était estimée à plus de neuf milliards d'euros avant la crise financière, qui lui en aurait coûté une partie, a les reins particulièrement solides.

«Si l'on considère l'investissement qu'il a consenti jusqu'à aujourd'hui dans Chelsea, on peut avancer un chiffre entre 750 millions et 800 millions de livres sur les cinq ou six dernières années, ce qui représente 15 à 20% de sa fortune», a expliqué Joe McClean, du cabinet d'audit Grant Thornton, à la BBC.

Fort de ce gros cadeau, Ancelotti doit maintenant redresser la barre sur le terrain.

Torres devant... Liverpool

En Championnat, la situation est très compromise, avec dix points de retard sur le leader Manchester United, et la défense du titre n'est pas loin d'être chimérique, même si les «Blues» et les «Red Devils» doivent encore se rencontrer à deux reprises.

Reste la Ligue des champions, le grand objectif d'Abramovich sur lequel le club s'est toujours cassé les dents. L'occasion est idéale car la finale se déroulera à Londres, au stade de Wembley, au mois de mai.

Chelsea a bénéficié d'un tirage favorable en huitième de finale avec Copenhague, ce qui laissera tout le temps à l'Italien d'intégrer Torres dans son plan tactique avant les rendez-vous cruciaux du printemps.

Ce ne sera pas chose aisée, car l'habituel schéma à trois joueurs offensifs, Malouda-Drogba-Anelka, ne peut que difficilement s'accommoder de l'arrivée de l'Espagnol, à moins qu'il s'agisse de remplacer à plus ou moins court terme l'Ivoirien, âgé de 32 ans.

«El Niño» ne devant pas être utilisé mardi soir à Sunderland, les premières réponses seront données dimanche à Stamford Bridge à l'occasion de la venue de... Liverpool.