Chaque été, c'est un peu la même histoire en Allemagne. Le Bayern Munich est invariablement le grand favori lorsque vient le temps de faire des prédictions pour la nouvelle saison. Encore cette année, 16 des 18 entraîneurs de l'élite allemande l'avaient choisi pour défendre victorieusement son titre.

Logique. Depuis l'an 2000, les Bavarois n'ont laissé que des miettes à leurs concurrents avec six titres et deux places de deuxième. Cette année, pourtant, un triomphe semble déjà improbable. Une situation imputable autant à son parcours en dents de scie qu'à celui presque sans faute du Borussia Dortmund.

Après 16 matchs, les «Jaune et Noir» affolent les compteurs avec 14 victoires, une différence de buts de "30 et une avance de 17 points sur le Bayern Munich, cinquième. À l'exception de Mayence en début d'année, aucun club n'a pu suivre le rythme de champion imposé par le Borussia.

D'ailleurs, pas grand monde n'avait imaginé que Dortmund allait être l'équipe à battre dès cette saison. Il y a cinq ans à peine, le club de la Ruhr est passé à un cheveu de la faillite et de perdre sa licence professionnelle. En juin 2008, il a achevé son pire championnat depuis la saison 1985-1986 en prenant le 13e rang.

Et cette année? Dortmund récolte tout simplement les fruits semés à l'issue de cette saison 2007-2008 avec, comme point de départ, l'arrivée de l'entraîneur Jürgen Klopp à la place de Thomas Doll.

Non seulement le club a retrouvé le haut du tableau sous sa direction, mais il a dû surtout se débrouiller sans grands moyens. Criblé de dettes et incapable de rivaliser financièrement avec le Bayern, Schalke 04 ou Hambourg, le Borussia a pris le contre-pied en misant sur la jeunesse et sur un recrutement astucieux.

Le match de samedi, remporté 2-0 face au Werder Brême, est une illustration parfaite de cette méthode avec une moyenne d'âge qui dépasse tout juste les 23 ans. Seulement deux des 11 joueurs avaient plus de 25 ans.

Qui sont ces jeunes insouciants qui défient la hiérarchie depuis le mois de juillet? Un savant mélange entre joueurs formés au club et espoirs recrutés en Allemagne ou aux quatre coins du monde.

Nuri Sahin et Mario Götze sont les plus grands représentants du centre de formation. Si le premier, milieu défensif de 22 ans, dispute déjà sa sixième saison, le second a véritablement été lancé par Klopp cet automne. Le milieu offensif de 18 ans a rapidement répondu aux attentes avec deux buts et six passes décisives. Il a même rejoint la sélection allemande lors d'un récent match amical en Suède. S'ils viennent d'horizons différents, l'histoire est la même pour Neven Subotic, Mats Hummels, Kevin Grosskreutz, Lucas Barrios et Sven Bender, tous recrutés depuis 2008. À Dortmund, ils se sont vu offrir une formidable vitrine qui leur a ouvert, dans les quatre premiers cas, les portes de leur sélection respective.

Mais l'exemple le plus probant de cette politique à la fois économique et efficace reste Shinji Kagawa. Recruté pour la somme dérisoire de 350 000, le Japonais s'est tout de suite adapté au soccer allemand et détient maintenant les clés du jeu de Klopp.

Un style emballant

En l'absence de réelle joueur étoile, le collectif est donc la grande vedette à Dortmund. Et il est non seulement bien rodé, mais également très spectaculaire.

Sur plusieurs plans, il rappelle celui mis en place par le sélectionneur allemand Joachim Löw lors du dernier Mondial. Que ce soit dans le schéma tactique privilégié (4-2-3-1) ou dans l'animation avec des joueurs techniques et rapides toujours portés vers l'avant.

Une telle réussite ne laisse évidemment pas les grandes écuries européennes indifférentes. Il y a fort à parier que plusieurs joueurs attireront les convoitises dès l'été prochain. Quant à Klopp, qui refuse toujours de parler du titre, il a déjà prévenu que sa mission ne faisait que débuter à Dortmund.

«Je ne suis pas quelqu'un qui cherche constamment où l'herbe est plus belle ou plus verte. On a mis en place un certain nombre de choses à Dortmund et je veux les poursuivre.»