Il est loin le temps où le Liverpool FC trônait sur le toit de l'Europe. Car depuis 2005 et leur victoire en Ligue des champions au terme d'une remontée épique face à l'AC Milan, les Reds ont connu quelques hauts, mais surtout des bas. Le plus creux, le feuilleton entourant ses copropriétaires américains, devrait connaître son dénouement le 15 octobre.

C'est à cette date que Tom Hicks et George Gillett - bien connu des Montréalais - doivent rembourser l'astronomique somme de 450 millions à la Royal Bank of Scotland (RBS) et d'autres institutions financières. Gros hic, les deux hommes d'affaires n'ont pas les poches assez profondes pour s'acquitter de la dette déjà refinancée et dont la somme a été multipliée par 10 depuis 2007.

Pris à la gorge, les copropriétaires ont mis le club en vente en avril dernier. Ils espéraient alors obtenir plus de 950 millions pour rembourser la dette et empocher un substantiel profit au passage.

Mais le prix élevé, le fort endettement et le contexte économique instable ont rebuté les quelques repreneurs qui ont cogné à la porte d'Anfield Road. Le cas le plus médiatisé a été celui du Chinois Kenny Huang qui a finalement retiré son offre à la fin du mois d'août.

Hicks, plus enclin que Gillett à garder le contrôle de Liverpool, a alors tenté d'obtenir un nouveau financement en explorant diverses avenues. La dernière en date a été de demander de l'aide à la société de capital-investissement américaine Blackstone en échange du partage du contrôle de l'équipe. Sans succès, pour le plus grand plaisir des trois autres membres du conseil d'administration et des partisans du club.

Les solutions se sont donc réduites de semaine en semaine pour le duo américain. Il n'existe maintenant que deux issues dans cette crise.

Soit la RBS accorde un nouveau délai pour permettre une éventuelle vente, soit elle prend le contrôle du club et le revend rapidement sans la moindre dette. La banque négocierait alors directement avec les acheteurs potentiels pour un prix de vente que les observateurs estiment à 485 millions. Il est donc facile de comprendre pourquoi les intéressés vont attendre quelques semaines encore pour soumettre une offre...

Trois années difficiles

Arrivés dans la cité des Beatles en 2007 en brandissant de grandes promesses - dont celle d'un nouveau stade de 73 000 places -, Hicks et Gillett se sont rapidement mis le fervent public des Reds à dos. Aux critiques à l'égard de Rafael Benitez et à la mauvaise gestion financière, le kop d'Anfield a répondu par des sifflets et des «Yanks out».

Qu'on le veuille ou non, le climat malsain à la tête du club a déteint sur ses performances au cours des dernières années. Même si les coéquipiers de Steven Gerrard ont fini au deuxième rang à l'issue de la saison 2008-2009, ils ont ensuite été les premiers du défunt Big Four à glisser sous le top 4.

La septième place acquise l'an dernier est d'ailleurs un mélange du mauvais recrutement de Benitez et d'un manque de ressources financières. Pendant que d'autres équipes dépensaient sans compter et que d'autres misaient sur la stabilité, Liverpool est devenu un club vendeur incapable du moindre coup d'éclat lors des mercatos.

Les Reds se sont d'ailleurs astreints à un régime minceur dans le domaine des transferts au cours de l'été. Alors que 22 joueurs ont été vendus, prêtés ou libérés, seulement neuf ont été recrutés. De ce chiffre, trois sont arrivés à Anfield libres de tout contrat, sans que Liverpool ne verse le moindre sou.

Il n'est dont pas étonnant que le présent début de saison soit le pire en 18 ans. Avec des joueurs clés longtemps blessés (Dirk Kuyt) ou en méforme (Fernando Torres), le nouvel entraîneur Roy Hodgson ne possède pas la même qualité sur son banc qu'Alex Ferguson ou Roberto Mancini à Manchester United et City.

L'illustration parfaite est venue mercredi dernier alors que Liverpool a été éliminé de la Carling Cup par un club classé au 17e rang... de la quatrième division.

Le mythique club a donc touché le fond. Pour beaucoup, le départ des copropriétaires yankees serait une première poussée du pied qui permettrait de remonter à la surface.