Les Anglais, revenus la tête basse du Mondial, n'ont pas mis longtemps pour surmonter leur cauchemar sud-africain: avec six points engrangés et sept buts marqués en deux matches contre la Bulgarie et la Suisse, les hommes de Fabio Capello se sont idéalement lancés vers l'Euro-2012.

Grâce aux succès de Wembley (4-0) et de Bâle (3-1), le sélectionneur italien, maintenu à son poste après la Coupe du monde pour des raisons autant économiques que sportives, voit sa légitimité rétablie et son avenir assuré.

Ce ballon d'oxygène, le coach le doit en grande partie à Wayne Rooney.

Transparent au Mondial, l'attaquant de Manchester United est redevenu lui-même, c'est-à-dire l'atout majeur de l'équipe aux Trois Lions, dans le double rôle du créateur (trois passes décisives contre la Bulgarie) et du finisseur (un but contre la Suisse).

A cette renaissance physique et technique, il a ajouté une dimension mentale tout aussi méritoire. Mis sous pression par des révélations sur de prétendues frasques extraconjugales, publiées entre les deux rencontres par la presse dominicale, la star a répondu en ouvrant le score dès la 10e minute à Bâle. C'était là son premier but pour l'Angleterre depuis un an, et son premier dans le jeu toutes compétitions confondues depuis le mois de mars.

«Il a été fantastique», a résumé le capitaine Steven Gerrard.

Les anciens menacés

L'entente fructueuse de Rooney avec l'attaquant de Tottenham Jermaine Defoe, auteur d'un triplé à Wembley, et la domination totale du milieu de terrain anglais ont renforcé Capello dans son choix de maintenir le 4-4-2 en dépit des critiques.

Le tacticien était persuadé que le système pouvait fonctionner si les hommes se montraient à la hauteur, ce qui était loin d'être acquis car une série de forfaits avait touché toutes les lignes (Terry, Ferdinand, Lampard, Crouch).

L'un des constatations les plus encourageantes a été que le réservoir anglais, de taille limitée à cause de la présence massive d'étrangers en Premier League, offre quand même des solutions de rechange.

Le jeune gardien Joe Hart (Manchester City), le défenseur central Phil Jagielka (Everton), joueurs encore peu cotés, ont donné satisfaction, mais c'est le milieu de terrain Adam Johnson (Manchester City), sorti deux fois du banc pour marquer, qui a vraiment crevé l'écran.

Dès lors Capello aura un dilemme à trancher avant le prochain match contre le Monténégro le 12 octobre à Londres: «changer une équipe qui gagne» ou tenir à l'écart des joueurs emblématiques de leur génération, comme les deux «Blues» John Terry et Frank Lampard, les plus menacés.

Une troisième victoire contre l'étonnant coleader du groupe G permettrait aux Anglais d'envisager sereinement la suite. Mais nul ne songera à chanter victoire. Personne n'a oublié que l'Angleterre avait aussi survolé les qualifications pour le Mondial.

«Ca va nous prendre deux ans pour prouver que nous sommes de retour», a prévenu Gerrard.