Manchester United n'a pas montré la maîtrise qui lui a offert trois titres de champion d'Angleterre en 2007, 2008 et 2009, mais doit d'être en course à sa succession, dimanche lors de l'ultime journée, à un homme, l'attaquant Wayne Rooney, dont le talent arrive à maturité.

Avec 34 buts depuis l'été passé, le jeune homme n'a jamais été aussi prolifique. Sans une fin de saison gênée par des pépins physiques, il aurait inquiété le record des 42 buts inscrits par Cristiano Ronaldo lors de son extraordinaire saison 2007-2008.

Cette efficacité inédite, Rooney la doit au départ du Portugais au Real Madrid. Il l'a débarrassé d'une tutelle encombrante mais lui a surtout permis d'occuper son véritable poste sur le terrain. Pour la première fois depuis le début de sa carrière professionnelle, Rooney a évolué seul en pointe, que ce soit avec son club et sa sélection.

«Le positionner en pointe lui a donné l'envie de rester dans la surface», explique son entraîneur Alex Ferguson. «L'explication première à ses buts, c'est qu'il est au bon endroit au bon moment. C'est ce qui caractérise les grands buteurs.»



Le plus discipliné des prédateurs


Rooney participe toujours au travail défensif de son équipe, se replace systématiquement et redescend quand nécessaire chercher des ballons. Mais «il choisit les moments pour le faire avec plus de maturité», poursuit son entraîneur. Le «chien fou» s'est assagi.

Cette maturité, d'un joueur dont beaucoup oublient le jeune âge (24 ans) en raison de sa précocité, se lit également dans ses statistiques disciplinaires.

Alors qu'il n'a jamais autant joué en huit saisons professionnelles, Rooney a reçu moins de cartons jaunes (8 en 56 matches).

C'est en proportion sensiblement moins que le «gendre idéal» de la Premier League, Fernando Torres (7 en 32 matches). Et à l'inverse de Carlos Tevez et de Didier Drogba, les autres grands prédateurs d'Angleterre, il n'a jamais été exclu.

Désigné joueur de la saison en Premier League par ses pairs, par les supporteurs et par les journalistes («mon tour du chapeau», a-t-il commenté), le jeune attaquant a regretté le «manque de constance» de sa formation cette saison, qui risque de la priver du titre.

Le reproche pouvait lui être adressé par le passé. Ce n'est plus le cas. S'il réussit à surmonter la fatigue d'une saison gargantuesque, le jeune homme, qui ne cesse de progresser comme en témoigne un jeu de tête en nette amélioration, pourrait être une des stars du Mondial.

En 2006, il avait été voué aux gémonies dans son pays pour avoir été exclu en quart de finale contre le Portugal après avoir naïvement réagi à une provocation. Cette fois, il en faudra beaucoup plus pour réduire la menace à néant.