Le sélectionneur Fabio Capello a retiré vendredi le brassard de capitaine de l'Angleterre au défenseur John Terry, au terme d'une semaine de violentes condamnations publiques et médiatiques sur une affaire extraconjugale révélée par les tabloïds.

À l'issue d'une brève réunion avec Terry à Wembley, Capello a expliqué avoir pris sa décision «pour le bien de l'équipe», alors que la presse britannique annonce de nouvelles révélations dans les tabloïds du week-end.

L'Italien a laissé entendre que le joueur de Chelsea devrait laisser son brassard à Rio Ferdinand, jusque-là vice-capitaine. «Quand j'ai choisi John Terry comme capitaine, j'ai aussi sélectionné un vice-capitaine et nommé un troisième choix (Steven Gerrard). Il n'y a aucune raison de revenir sur cette décision», a déclaré Capello.

Dans un bref communiqué, Terry a dit respecter «pleinement la décision de Fabio Capello».

Pièce essentielle de la sélection, le défenseur a toutefois tenté de rassurer l'Italien sur ses performances futures, expliquant qu'il «continuerait de tout donner pour l'Angleterre».

Terry, 29 ans, est accusé d'avoir entretenu une relation extra-conjugale avec un mannequin français, Vanessa Perroncel, l'ex-compagne de son équipier en sélection, Wayne Bridge.

Durant la semaine, de révélation en gros titre, l'«affaire Terry» est devenue «la crise nationale la plus grave depuis Suez», comme le relève avec ironie le Guardian vendredi.

«Chasses aux sorcières»

Le premier ministre britannique Gordon Brown a lui-même réagi après l'annonce de la décision de Capello, affirmant qu'elle appartenait au sélectionneur et qu'il pensait que «les gens respecteront ce choix».

Les appels à la déchéance de Terry se sont multipliés, le ministre des Sports, Gerry Sutcliffe expliquant que «si les allégations étaient démontrées», il devrait «être remis en cause». «Terry doit payer pour ses écarts», avait tranché le Times.

Mais les Britanniques semblaient plus partagés à en croire un sondage paru vendredi: pour 46%, Terry ne doit plus être capitaine, contre 39% à juger l'inverse. Être capitaine revêt un prestige particulier en Angleterre et s'accompagne de divers avantages de sponsoring.

Le monde du football est divisé. Exaspéré par le déchaînement médiatique, l'entraîneur de Chelsea, l'Italien Carlo Ancelotti, a confirmé Terry comme capitaine du club londonien. Mais celui de Tottenham, Harry Redknapp, juge que les footballeurs de haut niveau se doivent d'être des «modèles».

En annonçant sa décision, Capello s'est gardé d'évoquer directement l'affaire et a rendu hommage au «comportement extrêmement positif» de Terry sur le terrain. Son adjoint et entraîneur des Espoirs, Stuart Pearce, s'était auparavant insurgé contre ces «chasses aux sorcières pour lesquelles ce pays semble avoir une certaine inclination».

Perroncel, «très triste»

À en croire la presse britannique, Capello, peu habitué en Italie à voir les frasques des joueurs faire les gros titres, était enclin à la compassion. Mais il semble avoir été guidé par la peur que l'affaire perturbe l'harmonie de son vestiaire à quatre mois du Mondial 2010.

Wayne Bridge, qui n'a pas annoncé s'il comptait rester en équipe d'Angleterre, devrait retrouver les terrains samedi avec Manchester City après plusieurs semaines d'absence imputables à une blessure.

Se disant «très triste» de voir Terry déchu de son rôle, l'ex-compagne de Bridge a dit son intention «de ne pas parler publiquement» sur «des informations de presse inexactes» afin de «ne pas mettre de l'huile sur le feu».

Son représentant, le publiciste Max Clifford avait pourtant annoncé jeudi qu'il négociait en son nom un de ces «Kiss and tell deals» dont sont friands les tabloïds et que signent régulièrement de jeunes femmes ayant eu une aventure avec une célébrité.

L'épouse de Terry, partie à Dubaï avec ses deux enfants, a demandé aux médias de cesser de la poursuivre.