L'hooliganisme a effectué un retour en force au Championnat d'Europe de football et les autorités françaises ont bien du mal à gérer cette soudaine montée de violence.

L'Angleterre et la Russie ont été menacées de disqualification de l'Euro 2016, dimanche, si leurs partisans sont impliqués dans de nouveaux incidents violents en marge du tournoi. Les escarmouches entre partisans anglais et russes ont escaladé dans les rues de Marseille trois jours avant leur affrontement de samedi, ponctué de nombreuses bagarres dans les tribunes.

L'hooliganisme qui a terni le football anglais dans les années 1970, 1980 et 1990 a été en grande partie éradiqué du championnat national, le nombre d'arrestations lors des rencontres de la Premier League chutant dramatiquement au XXIe siècle. Il y a également eu moins de problèmes avec les partisans anglais pendant la Coupe du monde de 2006, en Allemagne, et celle de 2010, en Afrique du Sud, ou encore au dernier Euro 2012, organisé par la Pologne et l'Ukraine.

L'UEFA a admis qu'il y avait eu des «problèmes de ségrégation» au Vélodrome, où la Russie et l'Angleterre se sont livré un verdict nul de 1-1. La confédération européenne a indiqué que des correctifs seront apportés, de concert avec les autorités locales.

La Russie, qui accueillera la Coupe du monde dans deux ans, a déjà été sanctionnée par l'UEFA après qu'il eut été déterminé que ses partisans avaient été à l'origine du désordre dans le stade. Des partisans anglais assis à l'une des extrémités ont été attaqués après que les agents de sécurité n'eurent pas été en mesure de garder les deux groupes séparés.

L'UEFA a par ailleurs exprimé son «profond dégoût» au sujet des bagarres impliquant des Anglais, des Russes et des partisans marseillais qui ont fait rage depuis jeudi. La Russie a été accusée de perturbations dans les estrades par ses partisans, de comportement raciste de ceux-ci et de l'utilisation de feux d'artifice. L'UEFA se penchera sur ces accusations mardi.

S'il y a de plus amples perturbations causées par les partisans des deux nations, qui se déplaceront dans le nord du pays pour leurs prochains duels, la Russie ou l'Angleterre - voire les deux - pourrait être expulsée. La Russie se dirige notamment vers Lille, qui bénéficie d'un lien ferroviaire direct avec Londres, faisant craindre à un afflux de partisans anglais dans la ville, puisqu'elle ne se trouve qu'à 30 km de Lens, où l'Angleterre doit disputer son prochain affrontement.

Par ailleurs, le gouvernement français a promis dimanche d'expulser tous les hooligans étrangers, indiquant que leurs actes de violence sont source de distraction pour la police, dont la tâche première est de protéger la France d'attaques terroristes.

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a précisé avoir ordonné aux autorités locales d'émettre des avis d'expulsion à tous les partisans étrangers «dont le comportement compromet l'ordre public».

«Leurs gestes empêchent nos policiers de se concentrer sur leur tâche principale, qui est de protéger le pays de la menace terroriste», a-t-il dit.

Par communiqué, le ministre a indiqué que 116 personnes avaient arrêtées depuis vendredi dernier dans des incidents liés à l'Euro. Pas moins de 63 d'entre eux sont toujours détenus. Trois individus ont été expulsés de France et cinq autres n'ont tout simplement pas pu y entrer.

La France accueille le tournoi de 24 nations alors que l'état d'urgence, décrété à la suite des attaques terroristes ayant fait 130 victimes à Paris, en novembre, est toujours en application.