Quatre buts face à l'Italie, et l'Espagne a basculé dans la liesse dimanche soir, savourant la «triple couronne» remportée en finale de l'Euro-2012 à Kiev.

Lundi, les joueurs de la Roja seront accueillis en héros à Madrid, où ils seront reçus par le roi Juan Carlos, avant une soirée de festivités qui commencera par un parcours à bord d'un bus à toit ouvrant le long des avenues de la capitale.

De quoi réveiller les souvenirs d'un certain mois de juillet 2010, lorsque l'équipe d'Espagne avait fait un retour triomphal d'Afrique du Sud, brandissant le trophée de la Coupe du Monde.

Dans les bars de Madrid, devant les écrans géants, partout dans le pays, hurlements, pétards et embrassades ont accueilli le quatrième but signé Mata, à la 88e minute, couronnant l'Espagne, championne du monde et championne d'Europe pour la deuxième fois consécutive.

«Champions, champions», hurlait la foule au coup de sifflet final.

Puis la marée humaine, dans un concert de klaxons et de cornes de brume, a envahi Madrid pour une nuit de fête, déferlant sur les places du centre de la capitale.

Pendant que les uns, noyés sous d'immenses drapeaux espagnols rouges et jaunes, se ruaient sur la place de Cibeles, d'autres plongeaient dans les fontaines de la place de la Puerta del Sol.

Déchaînés, chantant, dansant, des dizaines de milliers de partisans de la Roja, le visage grimé en rouge et jaune, portant le maillot rouge de leurs idoles, des perruques ou des chapeaux rouges eux aussi, s'étaient massés quelques heures plus tôt à Madrid, autour du stade Santiago Bernabeu, pour suivre le match sur des écrans géants.

Le pays tout entier était pavoisé aux couleurs nationales, avec des drapeaux de toutes tailles, accrochés aux balcons, aux antennes de voitures, dans les bars, ou drapant le corps des partisans.

Et tous n'avaient qu'un seul espoir: remporter la «triple couronne», le titre de Champion d'Europe 2012, après celui de 2008, contre l'Allemagne, et après la victoire au Mondial-2010, contre les Pays-Bas.

Dès la 14e minute, et le premier but signé David Silva, ils se prennent à rêver. «Ce match, on va le gagner», crie la foule.

L'Espagne mène 1 à 0. Mais la partie n'est pas gagnée. Ils retiennent leur souffle quand l'Italie repart à l'attaque, repoussée par Casillas. Les aficionados déchaînés acclament leur gardien de but: «Iker, Iker, Iker».

Et au deuxième but de Jordi Alba, à la 41e minute, l'euphorie gagne la foule. «Champions, champions», le cri résonne déjà, autour du stade, dans les rues, aux comptoirs des bars, partout.

«Personne ne pense à la crise»

Certains pourtant ont toujours le regard anxieux en fixant les écrans.

«Je suis euphorique, mais pas encore complètement tranquille. Le match n'est pas terminé», confie Diego Garide, un commercial de 27 ans, à la mi-temps. «Le premier but a été la meilleure surprise qui pouvait nous arriver aujourd'hui».

Antonio Hurtado, 42 ans, jardinier dans un hôtel de Tenerife aux Canaries, a fait spécialement le voyage avec son fils de 9 ans.

Lui aussi reste prudent. «Je ne veux pas me sentir champion tant que je ne le suis pas. L'Italie est une bonne équipe. Mais je suis très optimiste».

Les haut-parleurs continuent à déverser leurs décibels, au rythme de «Que viva Espana».

Devant le café Marca, un bar d'aficionados du centre de Madrid, ils sont des dizaines, canette de bière en main, à sortir pour griller une cigarette à la mi-temps. «Aujourd'hui tout le pays est uni, plus personne ne pense à la crise», lance Miguel Rever, un étudiant de 23 ans.

Mais il faudra attendre la deuxième période pour que le doute s'efface. «Ça y est, la coupe est là», hurlent les fans au troisième but, signé Torres, à la 84e minute, puis au quatrième.

«L'Espagne a joué un match idéal. L'Italie n'a rien pu faire», lance David Gutierrez, un ouvrier de 23 ans.