A croire que défense en chantier rime footballistiquement avec enchantée: la ligne arrière du FC Barcelone respire la baraka depuis quelques semaines malgré deux importants forfaits (Puyol et Abidal) et d'incessants réajustements opérés par l'entraîneur Pep Guardiola.

Qui eût cru le Barça capable de rester en lice pour un triplé en étant privé dans la dernière ligne droite de son pilier Puyol (touché au genou gauche depuis le 20 janvier) et d'Abidal, arrière gauche suppléant volontiers son capitaine et qui vivait sa meilleure saison (opéré d'une tumeur au foie le 17 mars) ?

Guardiola a dû tâtonner, ne pouvant compter sur un effectif très étoffé. A gauche, ce fut d'abord la solution Maxwell. Mais mis au supplice en 8e de finale aller de la C1 par Arsenal (2-1) et trop approximatif défensivement, le Brésilien allait céder sa place à son compatriote Adriano.

Et la recrue estivale a depuis parfaitement joué sa partition, entre un bon apport offensif, matérialisé par de nombreux centres, et la conscience de ses tâches défensives.

Dans l'axe, après l'intermède Abidal, c'est Busquets qui a reculé d'un cran. L'habituel milieu défensif possède la science du placement, un bon jeu de tête, des automatismes avec Piqué, et se dit «à l'aise» à ce nouveau poste. Son point faible: sa lenteur. Contre le Shakhtar Donetsk en quart de finale aller de la C1 (5-1), elle faillit lui jouer des tours.

Au match retour, Guardiola a du coup aligné Mascherano à sa place. «Je ne sais pas s'il avait déjà joué comme défenseur central, a dit l'entraîneur mardi soir. Je voulais des joueurs rapides derrière. Lui a beaucoup d'expérience et j'ai toujours pensé qu'un milieu axial intelligent pouvait jouer en défense centrale».

Valdés décisif

Mais la rotation n'est pas terminée: Mascherano sera suspendu samedi contre le Real Madrid. Du coup, Busquets devrait retourner en défense et laisser sa place à Keita, milieu polyvalent qui y a déjà évolué.

A moins que Guardiola n'abatte la carte Milito ? L'Argentin, arrivé en 2007 au Barça, a un peu perdu de vue le onze titulaire depuis sa grave blessure en 2008 et pas moins de 19 mois d'indisponibilité, et n'offre plus toutes les garanties de sécurité. Et comme un symbole, entré en jeu mardi pour faire souffler Piqué (70e), il a écopé d'un carton jaune dès la minute suivante...

Il y a néanmoins quelques signes de craquements dans cette défense mouvante, qui n'a pu conserver sa cage inviolée lors de huit de ses 13 derniers matches toutes compétitions confondues. Mais elle a actuellement la baraka, et surtout Valdés: le gardien, longtemps considéré comme le point faible du Barça dans une sorte de tradition maudite (à l'image des portiers de l'équipe d'Angleterre), est actuellement en état de grâce.

Mardi, il a été décisif trois fois, en remportant son face-à-face avec Douglas Costa (8e), en sortant un coup franc de Jadson qui se dirigeait vers la lucarne (45+1) et en détournant du bout des doigts un missile de Mkhitaryan (74e). Mais Cristiano Ronaldo, c'est encore un autre calibre...