Au pays de Pelé, l'organisation de la Coupe du monde polarise les opinions. Malgré la fierté d'accueillir le gotha du soccer mondial et l'espoir d'une victoire de la Seleção, les contestations sur les coûts du Mondial restent très importantes. C'est ce contraste qui ressort d'ailleurs des propos du milieu offensif de l'Impact, Felipe.

Q: Quelle est l'importance de cette Coupe du monde pour le peuple brésilien?

R: Pour plus de 300 millions de personnes, c'est quelque chose de merveilleux que le Brésil puisse disputer un Mondial à domicile après 60 d'attente. Surtout que l'équipe n'a pas très bien joué lors de la dernière phase finale, en Afrique du Sud. Tout le pays va devenir fou pendant un mois.

Q: Le Brésil peut-il remporter sa Coupe du monde ? Quels ont été les changements faits par Luiz Felipe Scolari depuis 2012?

R: Je pense que nous sommes très jeunes, avec une moyenne d'âge qui ne doit pas dépasser les 25 ans. Si ce n'est pas cette fois, je pense que nous avons une excellente génération pour la prochaine Coupe du monde (2018, en Russie). Le bassin de joueurs est toujours très important puisque 9 enfants sur 10 nés au Brésil pratiquent le soccer. Cela fait beaucoup de monde et nous aimons ce sport.

Q: Qui va l'emporter, alors?

R: J'espère que ce sera le Brésil, mais il y aura beaucoup de pression. Mais si tous les joueurs sont en bonne santé au moment de commencer l'épreuve et s'ils jouent à leur meilleur niveau, c'est quelque chose de possible.

Q: Quel est ton premier souvenir de la Coupe du monde?

R: Je me rappelle celle de 1998, en France, où le Brésil avait perdu en finale. J'avais 8 ans et je commençais à comprendre davantage le sport. C'était une tragédie nationale puisqu'on était censés gagner. Ronaldo était le meilleur joueur du moment, mais il n'a pas bien joué lors du dernier match. Le Mondial de 2002 reste mon meilleur souvenir, car nous avons gagné (au Japon/Corée du Sud). Et quand le Brésil gagne, cela veut dire une semaine de fête dans la rue. C'est incroyable quand tout le monde chante l'hymne national ensemble.

Q: Comment décrirais-tu le peuple brésilien?

R: Nous sourions tout le temps car nous aimons la vie. Nous sommes heureux, tout simplement. Les Brésiliens aiment s'amuser, être entourés d'enfants et de leur famille. Il y a beaucoup de familles nombreuses, dont la mienne. Il faut être heureux, sinon, on ne peut pas bien vivre. C'est notre façon d'être.

Q: Que penses-tu des manifestations qui ont dénoncé les coûts de l'organisation du Mondial, et qui ont marqué la dernière année au Brésil?

R: Je pense que les manifestations sont justes. Je suis récemment rentré au Brésil et ils ont tout changé pour la Coupe du monde. Les gens travaillent 12 heures par jour gagnent 300 $ par mois, mais avec le Mondial, le prix de la nourriture et des transports a augmenté. Avec ce salaire, le fait que le prix du bus passe de 1 à 2,50 $ a un énorme impact. C'est difficile de vivre quand on n'a pas d'argent.

Q: Donc, on ne peut pas s'attendre à ce que cette Coupe du monde profite à toute la population?

R: Exactement, car le pays a investi une somme très importante pour ce Mondial, mais il se moque des gens pauvres. Et, au Brésil, une bonne partie de la population n'a pas d'argent. Les enfants ne peuvent pas aller à l'école et les gens n'ont même pas d'hôpital où aller se faire soigner. Puis, ils voient tout cet argent investi dans les stades. Mais qu'en est-il des écoles, des hôpitaux et des gens qui vivent avec peu de moyens?